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CENT TROISIÈME TRAITÉ.

SUR CE QUI EST DIT DEPUIS CES MOTS : « SES DISCIPLES LUI DISENT : VOICI QUE MAINTENANT VOUS PARLEZ OUVERTEMENT », JUSQU’À CES AUTRES : « MAIS AYEZ CONFIANCE, MOI J’AI VAINCU LE MONDE ». (Chap. 16,29-33.)

LA FOI DES APÔTRES.

Les disciples de Jésus ne le comprenaient pas encore et croyaient néanmoins le comprendre ; ils voyaient briller en lui l’omniscience et, en conséquence, ils croyaient en lui. Cependant le Sauveur leur prédit que, eu dépit de leur foi, ils le quitteront, mais seulement pour un temps.


1. À plusieurs indices répandus dans tout l’Évangile, on reconnaît ce qu’étaient les disciples de Jésus-Christ, lorsque, leur parlant avant sa passion, il leur disait de bien grandes choses : ils étaient pourtant bien petits, mais cependant il s’adressait à eux comme il le fallait pour dire de grandes choses à des petits ; car ils n’avaient pas encore reçu le Saint-Esprit comme ils le reçurent après sa résurrection, au moment où Jésus souffla sur eux, ou bien lorsque l’Esprit-Saint descendit du ciel sur eux, et par conséquent ils goûtaient plutôt les choses humaines que les choses divines ; voilà pourquoi ils disaient ce que nous lisons dans la leçon d’aujourd’hui. L’Évangéliste, en effet, continue : « Ses disciples lui disent : Voici que maintenant vous parlez ouvertement, et vous ne dites point de paraboles. Maintenant nous savons que vous connaissez toutes choses, et il est inutile que quelqu’un vous interroge ; voilà pourquoi nous croyons que vous êtes sorti de Dieu ». Notre-Seigneur avait dit lui-même peu auparavant : « Je vous ai dit ces choses en paraboles ; l’heure vient où je ne vous parlerai pas en paraboles ». Comment donc lui disent-ils : « Voici que maintenant vous parlez ouvertement, et vous ne dites point de paraboles ? » L’heure était-elle venue où, selon sa promesse, il ne devait plus leur parler en paraboles ? Mais la suite de ses paroles montre bien que cette heure n’avait pas encore sonné. Voici, en effet, ce qu’il dit : « Je vous ai dit ces choses en paraboles, mais l’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, je vous parlerai alors ouvertement de mon Père. En ce jour, vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ; car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde. Maintenant, je laisse le monde et je vais à mon Père [1] ». Par toutes ces paroles, il promet encore cette heure où il ne parlera plus en paraboles, mais où il leur parlera ouvertement de son Père ; heure où ils demanderont en son nom, et ou il ne priera pas le Père pour eux ; car le Père les aime parce qu’ils ont eux-mêmes aimé Jésus-Christ ; parce qu’ils ont cru qu’il était sorti du Père pour venir dans le monde, et que maintenant il allait laisser le monde pour retourner à son Père. Puisqu’il leur promet encore cette heure où il doit parler sans paraboles, pourquoi les disciples disent-ils : « Voici que maintenant vous parlez ouvertement et vous ne dites point de paraboles ? » Évidemment, en voici la raison les choses que Jésus savait être des paraboles pour eux qui ne les comprenaient pas, ils les comprenaient si peu qu’ils ne voyaient pas même qu’ils ne les comprenaient point. Ils étaient encore de petits enfants, et ils ne pouvaient juger spirituellement de ce qui se disait, non par rapport au corps, mais par rapport à l’esprit.
2. Enfin, pour les avertir de leur âge, qui, selon l’homme intérieur, était encore peu avancé et bien faible, « Jésus leur répondit : Vous croyez maintenant ; voici venir l’heure, et elle est déjà venue, où vous serez dispersés

  1. Jn. 16, 25-28