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Daigne le Seigneur Christ nous les accorder par sa grâce ; car il a triomphé en nous par ses souffrances, afin que nous pussions chanter dignement l’hymne de la victoire et nous écrier : « La mort a été absorbée dans sa victoire. O mort, où est ton aiguillon ? O mort, où est ta victoire ? » Parce que le Christ a emmenés avec lui ceux que tu retenais captifs, chantons tous alleluia, et, en ce beau jour de fête, tournons-nous vers le Sauveur   si bon, etc. [1]

CINQUANTE-SIXIÈME SERMON.
POUR LE JOUR DE PÂQUES. II

ANALYSE. —1. Joie qu’inspire la fête de Pâques. —2. Parallèle entre Judas, Pierre et le larron.

1. La résurrection du Seigneur a répandu l’allégresse dans le monde. Autant son éclat brille aux regards, autant ses bienfaits réchauffent le cœur : le vieil homme a disparu, l’homme nouveau a pris sa place : c’en est fini de la prévarication d’Adam ; elle a été pardonnée, grâce au Christ. Jadis, les âmes traînaient pitoyablement, derrière elles, la chaîne de l’erreur ; elles sont maintenant rachetées et vont au ciel conduites par les liens de la charité. Au milieu de ses fureurs, le diable est devenu honteux. Le Christ meurt, et, par sa mort, il délivre le monde du joug de l’erreur : il ressuscite et fait évanouir notre ennemi. Alors ont lieu des miracles et des prodiges, non pour confondre les hommes perfides, mais pour sauver ceux qui étaient perdus. Autant la synagogue juive se plaint et gémit, autant se réjouit l’Église chrétienne. Triomphons dans le Christ : dans sa miséricorde, il nous a donné un remède, celui de sa croix, et, par sa croix, il nous a apporté de glorieux trophées.

2. Judas a vendu son Seigneur, Pierre a renié son maître, le larron a confessé le Christ. Judas a désespéré, Pierre a chancelé, le larron a mérité le paradis. Dans la trahison de celui qui a vendu le sang du Christ, dans le reniement de Pierre et la confession du larron, nous trouvons la preuve de la salutaire mission du Rédempteur. Ce que le Seigneur Dieu vient de nous inspirer pour l’instruction de vos âmes doit suffire à votre charité.

  1. 1Co. 15, 51,55