épines surabondaient parmi les hommes chez un très-petit nombre d’entre eux se montraient les fleurs de la justice ; les autres se desséchaient, comme des plantes dépourvues de sève. Un nouveau lis, le Christ, est descendu sur la terre, et il a commencé à y planter une pépinière d’anges. Du haut du ciel étaient venus à ce monde des plants nouveaux, étrangers à son sol : c’étaient des anges, et ils exécutaient de mélodieuses symphonies, et, comme les Prophètes ne se faisaient plus entendre, le genre humain était à même de contempler ces esprits célestes et de chanter avec eux : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix, sur la terre, aux « hommes de bonne volonté[1]». O louanges nouvelles exécutées par des instruments nouveaux ! O paix après le péché ! O vie après la peine de la géhenne ! O délices après les ronces ! O rose après les épines ! O cantique après le silence ! O musique des anges après les gémissements des captifs !
2. De nouvelles plantes, les anges, ont donc été apportées au paradis de l’Église, et lui ont donné un nouvel éclat par la beauté de leurs fleurs : et parce que ces jeunes pousses, emblèmes de la paix, étaient venues d’en haut, on vit bientôt germer celles du précieux martyre des innocents. O tendres tiges des petits enfants, vous êtes empourprées de votre sang ; le glaive des brigands a travaillé sur vous, et pourtant vous n’aviez pas commis le péché, et votre sang était pur ! Voilà que vient de naître le jardinier vigilant du paradis ; Adam, son négligent usufruitier, a donc le droit de se réjouir. Où est le serpent ? Il ne poussera plus désormais l’homme à fuir le regard du Seigneur. Voilà que le Christ, le Maître éternel, vient en ce monde pour s’y préparer un perpétuel exil et reconduire au ciel l’homme qui lui appartient. Le paradis a été replanté depuis que le voleur y est entré aussi le rusé adversaire du genre humain ne peut-il plus s’y cacher. La caverne ne peut plus servir d’habitation aux brigands, depuis qu’une caverne nouvelle abrite un Sauveur nouveau, dont la venue a été annoncée du haut des cieux par une étoile. Une Vierge Mère se voit en ce monde, l’Église sur le bois de la croix, le larron dans le paradis, le Seigneur dans le tombeau.
3. Lorsque, victime de ta ruse, l’homme est jadis devenu pécheur, une sentence de condamnation a été prononcée contre lui. Quelle a été cette sentence ? « Tu es poussière, et tu « retourneras en poussière[2] ». Aujourd’hui les plaintes et les larmes ont cessé. Tu n’as plus aucune accusation à porter contre l’homme, car celui qui humilie le pécheur est venu, et il demeurera avec le soleil. « Car, depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, les enfants loueront le Seigneur[3] ». « Et toi, enfant, tu seras appelé le Prophète du Très-Haut[4] ». « Afin que les jeunes gens, les vierges, les enfants et les vieillards louent le nom du Seigneur[5] », « qui a délivré son peuple de ses péchés[6] ». Il a brisé les chaînes des pécheurs, ouvert les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, ressuscité les corps morts, mis un terme aux gémissements des captifs et rempli de joie le cœur des pasteurs. Que les brebis se réjouissent de brouter les lis de la chasteté ! Que les petits agneaux soient dans la joie d’avoir effeuillé les roses d’un précoce martyre, sans avoir commis de péché, sans ressentir encore les douleurs de la mort, sans verser inutilement leur sang, puisqu’ils souffraient pour le Fils du souverain Maître.
4. Aujourd’hui, les anges font entendre ce cantique à la louange du Christ : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux[7] » ; les Mages l’adorent en suppliants ; les pasteurs et les agneaux lui donnent leur amour. Aujourd’hui les chrétiens tempérants le bénissent ; les vivants et les morts fléchissent le genou devant ce Dieu qui est assis à la droite du Père et qui effacera les péchés du monde.