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se montrer inébranlable, puisque, après ma résurrection, je me suis fait voir à plusieurs. J’ai instruit les Juifs dans la personne de Pierre, et les Gentils dans celle de Paul. À quoi bon m’honorer des lèvres, si vous me reniez par votre conduite et vos œuvres[1] ? Après avoir subi tous ces reproches, ces malheureux s’entendront dire : « Allez au feu éternel et dans les ténèbres extérieures, où il y aura pleur et grincement de dents[2] ». Oh ! qu’ils sont à plaindre, ceux que n’épouvantent pas de pareilles choses, ceux qui se montrent d’autant plus orgueilleux ici-bas, qu’ils souffriront davantage en l’autre monde !

10. C’est pourquoi, mes frères, nous devons nous réjouir, bien que de telles gens se moquent de nous et disent honteusement que nous sommes des sots et des malheureux. Pour nous, ne rions pas même de leur propre folie : gémissons-en plutôt. Qu’ils se conduisent comme ils voudront ; nous, ayons soin de nous conserver purs. Aujourd’hui, ils se réjouissent de nos maux ; plus tard, nous nous réjouirons de leurs souffrances et de leurs peines. Je vous en conjure, bien-aimés frères, et je vous en avertis de plus en plus expressément ; ce qu’entendent les oreilles de votre corps, gardez-le soigneusement dans le sanctuaire de votre cœur, et mettez-le en pratique : soyons unis par les liens de la charité, célébrons avec dévotion l’anniversaire de l’avènement de notre Rédempteur ; ainsi mériterons-nous de pouvoir tranquillement solenniser le jour de sa naissance. Daigne nous accorder cette grâce celui qui vit et règne avec Dieu le Père, pendant les siècles des siècles ! Ainsi soit-il !

VINGTIÈME SERMON. SUR L’AVÈNEMENT DU SAUVEUR. II

ANALYSE. —1. Double avènement du Christ. —2. Réparation de l’homme par le Christ. —3. Préparons-nous à recevoir le Christ quand il viendra.


1. « Nous attendons le Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ[3] ». Bien-aimés frères, pour vous entretenir de la solennité qui est proche, je ne me servirai pas d’un exorde qui vienne de moi ; je n’emploierai point de paroles dictées par la sagesse humaine, mais je m’arrêterai aux paroles d’un célèbre prédicateur, m’efforçant de les faire bien comprendre à mes fidèles auditeurs et de leur montrer ce que le Docteur des nations prêche dans la foi et la vérité, ce qu’annonce cette trompette de Dieu, cette cymbale de Jésus-Christ. « Nous attendons le Sauveur, Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Or, comme l’ont entendu les oreilles catholiques sur le giron de l’Église, le Sauveur, que nous croyons être déjà venu pour restaurer le monde, reviendra encore, un jour, pour nous juger tous, et nous l’attendons : la foi en ce qui est arrivé doit, par la charité, nous affermir dans la pratique du bleu, comme l’attente de ce qui arrivera au moment de notre mort doit nous rendre vigilants et nous éloigner du mal. Nous devons croire, en effet, sans ombre de doute, que le Christ est venu, puisque « nous avons reçu sa miséricorde au milieu de son temple[4] ». D’ailleurs, « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous[5] ; il a abaissé les cieux, et il est descendu[6] ; car Celui qui est descendu

  1. Mat. 25, 41.
  2. Id. 22, 13.
  3. Phi. 3, 20.
  4. Psa. 46, 10
  5. Jn. 1, 14.
  6. Psa. 17, 10.