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pareil aveu serait immédiatement suivi d’une condamnation ; – tandis que, auprès du Dieu bon, à qui l’on ne peut rien cacher, il suffit de confesser ses égarements pour en être purifié. Insiste donc, en leur faveur, auprès de celui dont tu es le représentant, afin qu’il se montre indulgent pour toutes leurs faiblesses. Qu’il guérisse leurs langueurs, qu’il délivre leur vie de la corruption, qu’il redresse ceux qui sont courbés, qu’il brise les chaînes des captifs, qu’il justifie les pécheurs[1] et chérisse les justes, qu’il daigne intercéder auprès du père de famille, qui menaçait d’arracher l’arbre stérile. Tu les as excommuniés, et, par là, tu n’as pas inutilement creusé autour d’eux un fossé profond, pour le remplir de sales mais fertiles ordures, comme tu aurais fait d’une corbeille de fumier ; ils te donneront lieu de te réjouir des résultats heureux de ton travail ; tu seras heureux d’avoir demandé leur pardon.
8. Beaucoup de sacrifices s’offrent pour eux ; une foule immense d’assistants présentent à Dieu l’offrande d’un esprit tourmenté par le chagrin : ils ne sont pas restés fidèles aux promesses de leur baptême, mais de nouvelles eaux baptismales coulent sur leurs têtes ; ce sont les larmes abondantes de leurs proches : en effet, « que ceux qui se croient fermes prennent garde de tomber[2] ». Les uns associent leur douleur aux souffrances des autres, afin de se réjouir avec ceux-ci de leur guérison. Les uns s’abaissent pour relever les autres, car ceux-ci ne se prosternent que pour se relever. Et parce que Dieu est charité, il opère en eux tous. Puisses-tu donc te sentir ému à l’égard de tous par les sentiments de la charité qui habite en toi d’une manière si admirable ; que, par ton intercession, le Seigneur prête une oreille favorable aux prières et aux gémissements de ceux qui pleurent leurs propres péchés et de ceux qui pleurent les péchés de leurs frères. Qu’il daigne accorder à tous le salut, puisque tous pleurent également les mêmes fautes. Puisse la société des membres du Christ goûter la joie après avoir ressenti la douleur ! Tous, sans doute, n’ont pas péché ; mais parce que tous sont unis dans les liens d’une mutuelle charité, ils éprouvent un chagrin égal. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l’honneur pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

TRENTE-TROISIÈME SERMON. POUR LA RÉCONCILIATION DES PÉCHEURS. 3

ANALYSE. —1. Les pécheurs sont là qui gémissent. —2. Appel à la pitié de l’évêque, dont le cœur doit se laisser émouvoir par les larmes de tous les assistants. —3. Efficacité de la pénitence et de la confession. —4. Allocution aux pénitents —5. et à l’évêque.
1. La foule des malheureux pécheurs se tient prosternée à terre. Son grand désir est qu’on prie pour elle ; aussi s’adresse-t-elle au cœur apostolique du vénérable Pontife, qui est une autre demeure habitée par la miséricorde. Cette foule, bienheureux pape, tu l’as reçue toute belle, rachetée sur le démon, digne de fixer tes espérances de pasteur ; elle t’est venue du Saint des saints, du Pasteur des pasteurs, du Rédempteur des captifs, de Celui qui retrouve les égarés et guérit les malades ; du haut de son trône céleste, il te l’a donnée, car au lieu de t’élever à de hautes considérations, tu t’abaisses au niveau des

  1. Psa. 145, 8
  2. 1Co. 10, 12