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l’avez fait pour moi[1] », et en ma présence. Et ce que vous avez fait en secret, je vous le rendrai en public.
2. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez, maudits, au feu éternel, que mon Père a préparé pour le diable et pour ses anges[2] », « où il y aura des pleurs et des grincements de dents[3] », où l’on n’a des yeux que pour pleurer, où l’on désire la mort sans la recevoir, « où lever qui ronge ne meurt point, et le feu qui brûle ne s’éteint jamais[4] » ; où rien ne se prépare que des supplices, où nul maître n’est obéi de son serviteur, où le vieillard n’est pas respecté, où les jeunes gens manquent d’emploi, où il n’y a ni joie ni allégresse pour succéder au chagrin, où le travail ne se trouve point remplacé par les honneurs ou le repos ; là, des ténèbres éternelles et des tourments horribles, l’ardeur de la soif et une terre d’oubli, la violence des flammes et la douleur causée par les vers ; on n’y voit rien que des supplices, on n’y entend rien que des gémissements ; on n’y éprouve aucune consolation, on n’y rencontre que l’enfer et les abîmes de la géhenne, dont le Prophète a dit : « Dans l’enfer, qui est-ce qui chantera vos louanges[5] ? » c’est-à-dire personne. En ce lieu d’horreur, qui est-ce qui pourra chanter des cantiques au Seigneur ? Ceux qui s’y trouvent renfermés n’ont plus le pouvoir de rien faire. Il y aura là des tortures de genres différents : là se trouvent « le dragon que Dieu a formé pour se jouer de lui[6] ». Malheur à ceux parmi lesquels se trouve ce dragon dont le Sauveur a triomphé sur la croix, et qu’il a attaché, comme un passereau, à l’instrument de son supplice ! Si, en ce monde, les hommes ne peuvent supporter le joug de sa domination, comment le supporteront ceux qui se trouveront avec lui ? Alors ces maudits lui répondront : Seigneur, pourquoi nous avoir préparé de si grandes peines, des tortures si insupportables ? Et il leur dira : En voici le motif : c’est à cause de votre méchanceté, de vos ruses, de votre malignité, de votre avarice, de vos fautes, de vos injustices, de vos larcins, de vos mensonges, de vos insultes, de votre cupidité, de vos homicides et adultères, de vos colères, de vos fornications, de votre orgueil, de votre vaine gloire, de votre méchanceté pour le prochain, de cette tristesse qui engendre la mort ; c’est parce que vous n’avez pas reçu les pèlerins et que vous vous êtes réjouis du mal qui survenait à vos frères, et attristés de leur bonheur ; c’est pour vos blasphèmes et vos murmures, votre paresse et votre gourmandise, votre incontinence de parole et d’action, votre vaine gloire et vos bouffonneries, votre impudicité et votre colère.
3. Pour tous ces méfaits et autres semblables, les pécheurs et les impies iront au feu éternel ; mais en raison de toutes leurs bonnes œuvres que nous avons nominées et que nous avons omises, les justes iront dans la vie éternelle pendant les siècles des siècles[7]. Ainsi soit-il.

  1. Mat. 35, 40
  2. Id. 41
  3. Id. 8, 12
  4. Mrc. 9, 43
  5. Psa. 6, 6
  6. Id. 103, 26
  7. ibid