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SEIZIÈME SERMON. POUR LA DÉCOLLATION DE SAINT JEAN-BAPTISTE. II

ANALYSE. —1. Les chrétiens sont des agneaux placés au milieu des loups. —2. saint jean est jeté en prison pour avoir fait une légitime réprimande. —3. Danse voluptueuse de la fille d’Hérodiade. —4. Corrupteur de cette jeune fille, assassin de Jean, Hérode tombe sous les coups de la justice divine et meurt.


1. Notre Rédempteur et Sauveur Jésus-Christ ne s’est pas contenté de nous arracher à la mort éternelle, il a voulu aussi nous apprendre et nous commander, par les paroles du saint Évangile, la manière dont nous devons nous conduire ici-bas ; en effet, voici en quels termes il s’exprime : « Voici que je vous a envoie comme des brebis au milieu des loups [1] ». N’est-ce point pour nous le comble du bonheur que notre Dieu, le pasteur et le maître des brebis, nous ait aimés jusqu’à nous permettre d’avoir leur simplicité, si nous vivons sincèrement pour lui. Qu’il soit le pasteur du troupeau, ces autres paroles nous en donnent la certitude : « Je suis le bon pasteur, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis[2] ». C’est donc à bon droit qu’en raison de l’innocence de leur vie, il compare ses disciples à des brebis, et il donne, à non moins juste titre, le nom de loups à ceux qui, après sa mort, ont cruellement persécuté les Apôtres et les fidèles attachés à lui. Comment nous conduire au milieu des bêtes sauvages ? Notre dévoué pasteur nous le dit : « Soyez prudents comme des serpents, et simples comme des colombes [3] ». Voici donc la volonté du Sauveur à notre égard : les colombes n’ont ni malignité, ni fiel ; elles ne savent point se fâcher : soyons, comme elles, à l’abri de la ruse méchante : n’ayons pas de fiel, c’est-à-dire n’ayons pas l’amertume du péché ; oublions les injures, et ne nous mettons pas en colère ; vivons si humblement en ce monde, que nous recevions, un jour, la récompense promise par Dieu à nos efforts. Le Sauveur ajoute : « Et prudents comme des serpents[4] ». Qui ne connaît l’astuce du serpent ? S’il tombe au pouvoir d’un homme, et que cet homme veuille le tuer, il expose, aux coups de son adversaire, toutes les parties de son corps : peu lui importe de se voir blesser n’importe où, pourvu qu’il sauvegarde sa tête : c’est à quoi il veille avec toute l’adresse possible. Cette prudence du serpent doit nous servir de modèle : si donc, en temps de persécution, nous venons à tomber au pouvoir des ennemis de notre foi, exposons notre corps tout entier aux tourments, aux

  1. Mt. 10, 16
  2. Jn. 20
  3. Mt. 10, 16
  4. Ibid