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bien haut, et dis ce que je veux dire : « Je vous ai fiancés à cet unique époux Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure[1] ». Où est donc cette virginité ? Où redoute-t-on jusqu’à l’ombre de la corruption ? Qu’il réponde, celui qui a proféré ce nom de vierge. « Je vous ai fiancés à cet a unique époux Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure. Mais je crains que, comme Eve fut séduite par les artifices du serpent, vos esprits de même ne se corrompent et ne dégénèrent de la chasteté qui est selon Jésus-Christ ». Gardez dans vos esprits la virginité d’esprit. La virginité de la foi catholique, c’est son intégrité. Où Eve se laissa séduire à la parole du serpent, l’Église catholique doit être vierge parle don du Tout-Puissant. Que les membres du Christ enfantent dès lors par l’esprit, comme les entrailles virginales de Marie enfantèrent le Christ, et vous serez par là mères du Christ. Cette œuvre n’est point trop éloignée de vous, n’est point au-dessus de vous, n’a rien d’incompatible avec vous. Vous avez été des fils, soyez aussi des mères ; fils de la mère quand vous avez été baptisés, alors vous êtes nés membres du Christ. Amenez au bain du baptême ceux que vous pourrez amener ; et de même que vous avez été des fils en naissant, vous serez des mères du Christ, en donnant naissance à d’autres.


– DEUXIÈME SECTION.— SERMONS ÉDITÉS EN 1819.

PAR OCTAVE FRAJA FRANGIPANI. MOINE ET BIBLIOTHÉCAIRE DU MONT-CASSIN.

PREMIER SERMON. DES DIX PLAIES ET DES DIX PRÉCEPTES QUE DONNA MOISE AU PEUPLE D’ISRAËL[2].

Ce sermon fut édité par les religieux de Saint-Maur (Tom. 5, col. 41) comme un fragment d’Eugipius, et trouvé dans les manuscrits royaux et de Victorin. Le catalogue du Mont-Cassin le reproduisit plus au complet, sous ce titre : « Sermons de saint Augustin, sur les paroles du Seigneur et autres sujets » ; mais comme on l’avait édité avec peu de soin, le catalogue le corrige au n° 13, sous ce titre : « Pensées d’Eugipius, tirées de saint Augustin, sans y rien mettre néanmoins, que le fragment connu, avec peu de variantes. S’il y a quelques fautes encore, elles m’ont échappé, car de tous les catalogues du Mont-Cassin, je n’ai pu me procurer que celui-là qui reproduisait le discours tout entier. Or, il y a dans ce catalogue vingt-six sermons sur les paroles du Seigneur, et dans le même ordre qu’ils sont édités à Louvain. Ils y sont avec cinquante-huit autres, dont vingt-sept dans l’édition de Saint-Maur, et vingt-trois dans la récente : appendice de Denis ; enfin huit autres, qui gisaient soit en partie, soit totalement, dans la poussière.

ANALYSE.—1. Les faits de l’Écriture sont figurés et réalisés.— La verge de Moïse, ou vie mortelle, figure de l’Église qui dévore les peuples en les incorporant au Christ.—2. Premier précepte et première plaie ; changement de l’eau en sang, du vrai Dieu en idole.—3. Second précepte, et seconde plaie, celle des grenouilles ; prendre en vain le nom du Seigneur, ou prêcher la vanité.—4. Troisième précepte, repos du sabbat, repos spirituel, dans le calme de la conscience ; plaie opposée, mouches importunes.—5. Quatrième précepte, honorer ses parents ; plaie opposée, mouches des chiens, parce

  1. 2Co. 11, 2
  2. L’édition de Saint-Maur porte : « Des dix plaies et des dix préceptes ». Le catalogue d’Eugipius : « Exposition des dix préceptes, sans ébranler la solidité de la base littérale, d’après l’explication du décalogue au peuple ». Au psaume 77, num.27, saint Augustin y fait allusion, en expliquant sommairement les dix plaies.