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du Seigneur notre Dieu, et voyez, d’après le nombre de ses promesses, combien il nous a déjà donné. Le Christ n’était point né encore, mais il était promis dans les saintes Écritures ; il a tenu cette promesse. Il est né ; mais il n’avait point souffert encore, il n’était pas ressuscité ; il a également tenu cette promesse. Il a souffert, a été crucifié, est ressuscité. Sa passion est notre récompense, son sang le prix de notre rédemption. Il est monté aux cieux, comme il l’avait promis ; nouvelle promesse que Dieu a tenue. Il a envoyé l’Évangile dans toutes les nations, et c’est pour cela qu’il voulut avoir quatre Évangélistes, afin que ce nombre de quatre indiquât l’univers entier, par l’Orient et l’Occident, le Nord et le Midi. Pour cela encore qu’il voulut avoir, douze disciples, afin d’en envoyer trois dans chacune des quatre parties, parce que le monde entier est appelé en la sainte Trinité, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Encore une promesse qu’il a tenue. Il a donc lancé l’Évangile selon cette prédiction : « Qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent l’Évangile de paix, qui évangélisent les vrais biens ![1] Leur voix s’est répandue par toute la terre, et leurs paroles sur les confins de la terre[2] ». 2 a donc envoyé comme il l’avait promis. C’est dans toutes les contrées que l’Évangile est écrit. L’Église aussi tout d’abord souffrit persécution : c’est une promesse acquittée par Dieu qui avait promis des martyrs. Cite-nous cette promesse : « Précieuse est devant le Seigneur la mort de ses justes[3] ». Que doit-il acquitter encore ? « Tous les rois de la terre se prosterneront en sa présence[4] ». Ils ont cru aussi, ces rois qui, tout d’abord, avaient fait des martyrs par la persécution. Nous voyons donc aussi maintenant des rois qui embrassent la foi. Dieu a donc tenu à ses promesses, au point qu’ils ordonnent maintenant de briser les idoles, ces mêmes rois qui ordonnaient de mettre à mort les chrétiens. Il a fait encore disparaître les idoles, comme il l’avait promis : « Les idoles des nations ne seront point épargnées[5] ». Après l’accomplissement de tant de promesses, pourquoi, mes frères, ne point croire en lui ? Dieu est-il donc devenu un débiteur moins solvable ? Quand même il n’aurait rien accompli encore, il n’en serait pas moins débiteur solvable, lui qui a créé le ciel et la terre. Car il ne saurait devenir pauvre au point de n’avoir pas de quoi payer, ni tromper, puisqu’il est la vérité, ou bien la puissance de Dieu peut-elle être renversée avant qu’il ait le temps de s’acquitter ?

10. Il est juste, mes frères, que l’on croie en Dieu avant qu’il acquitte quoi que ce soit ; car il ne saurait ni mentir, ni tromper aucunement. Il est Dieu. Ainsi nos pères ont cru en lui. Ainsi crut en lui Abraham. C’est ainsi que la foi est louable, qu’elle est exemplaire. Il n’avait rien reçu de Dieu encore, et il crut à sa promesse ; et nous qui avons déjà tant reçu de lui, nous ne croyons pas. Abraham pouvait-il lui dire : Je croirai en vous parce que vous avez accompli telle promesse que vous m’aviez faite ? À la première injonction, il crut sans rien avoir vu s’accomplir de semblable. « Sors de la terre, lui fut-il dit, de ta parenté, et va dans la terre que je te montrerai[6] ». Et il crut à l’instant, quoique Dieu ne lui eût point donné cette terre, mais l’eût réservée à sa postérité, et que promit-il à cette postérité ? « En ta postérité seront bénies toutes les nations[7] ». Sa postérité c’est le Christ, puisque d’Abraham naquit Isaac, d’Isaac Jacob, de Jacob les douze patriarches, des douze patriarches le peuple juif, du peuple juif la vierge Marie, et de la vierge Marie Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ce même Jésus-Christ Notre-Seigneur est donc la postérité d’Abraham, et la promesse faite à Abraham, nous la voyons accomplie en nous. En « ta postérité, lui fut-il dit, seront bénies toutes les nations ». Voilà ce qu’il crut avant d’avoir rien vu. Il crut sans avoir vu ce qu’on lui promettait. C’est nous qui voyons la promesse qui lui fut faite. Et tout ce qui lui était promis devait s’accomplir. Qu’est-ce que Dieu n’a point accompli ? Il a prédit des peines pour cette vie, des peines pour ses saints, ses fidèles, qui en recueilleront le fruit par la patience[8]. Il les a prédites, et nous les voyons ; nous ployons sous les calamités. Quelles épreuves ne sont point annoncées encore ? Gardez-vous de croire, en effet, mes frères, que les malheurs qui nous accablent dans ces temps ne sont point consignés dans les saintes Écritures. Tout est consigné, et la patience recommandée aux chrétiens, et sur

  1. Rom. 10, 15
  2. Psa. 18, 4,5
  3. Id. 115, 15
  4. Psa. 71, 11
  5. Sap. 14, 1
  6. Gen. 12, 1
  7. Id. 22, 18
  8. Luc. 8, 15