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DIX-SEPTIÈME SERMON.
POUR LA FÊTE DES MACHABÉES (I).[1]

ANALYSE. —1. Les paroles de l’Évangile regardent tous les âges. —2. Exposition de la parabole de la construction de la tour, et des deux rois. —3. Le jeune homme riche qui veut se joindre au Christ. —4. Après les apôtres, beaucoup de Juifs convertis, et beaucoup de chrétiens ont renoncé à leurs biens. —5. Comment nous devons faire preuve de notre foi au Christ, même dans ce qui est de chaque jour. —6. Les promesses doivent nous exciter à faire preuve de notre foi. —7. Combat des Machabées avec les spectacles profanes. —8,9. Éloignement qu’il faut avoir pour les spectacles profanes.

1. L’Évangile, la parole vive du Seigneur, qui pénètre au vif de l’âme, qui s’adresse au plus intime du cœur, s’offre à nous tous pour notre salut, et ne revient à l’homme, qu’à la condition que l’homme revienne à lui-même. Voilà que, devant nous, se pose comme un miroir dans lequel nous devons nous considérer, et si notre visage accuse à nos regards quelque tache, il nous la faut essuyer avec grand soin, de peur qu’un second retard ne nous oblige de rougir. La foule suivait le Seigneur, comme nous l’avons entendu à la lecture de l’Évangile, et il se tourne vers ceux qui le suivaient, pour leur parler. Car s’il n’eût adressé qu’aux seuls apôtres les enseignements qu’il donna, chacun de nous eût pu dire : C’est pour eux, et non pour nous qu’il a parlé. Autres, semble-t-il, sont les enseignements adressés aux pasteurs, autres ceux qui s’adressent aux troupeaux. Le Sauveur s’est adressé à ceux qui le suivaient, donc à vous tous, et à nous tous. Et parce que nous n’étions pas encore, il ne faut pas croire qu’il n’a point parlé pour nous. Nous croyons en effet en ce même Dieu qu’ils ont vu ; nous tenons, par la foi, à celui qu’ils ont considéré des yeux ; l’important n’était pas de voir le Christ des yeux de la chair ; autrement la nation juive serait arrivée la première au salut, puisqu’il est certain que les juifs l’ont vu et néanmoins l’ont méprisé, et, de plus, après l’avoir vu et méprisé, l’ont mis à mort. Mais nous, assurément, nous ne l’avons pas vu, et néanmoins nous croyons en lui, et néanmoins notre cœur fait accueil à celui que n’ont point vu nos yeux. De là cette parole adressée à l’un des siens qui était parmi les douze : « Parce a que tu as vu, tu as cru. Bienheureux ceux qui ne voient point, et qui croient[2] ». Que Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur soit maintenant devant nous en sa chair et garde le silence, que nous en reviendra-t-il ? Mais si sa parole a été utile, il parle maintenant, quand on nous lit l’Évangile. Toutefois, comme Dieu il nous procure de grands avantages par sa présence. Où donc n’est pas Dieu, et quand serait-il éloigné ? Toi, ne t’éloigne pas de Dieu, et Dieu sera avec toi. L’important, c’est qu’il nous a fait une promesse, et que nous tenons cette promesse écrite comme une cédule. « Voilà que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles[3] ». C’est nous qu’il avait en vue, c’est à nous qu’il promettait.

2. Revenons donc à notre sujet, écoutons ses paroles, et, comme je l’ai déjà dit, considérons-nous, afin d’essuyer avec soin tout ce que nous verrons faire tache à notre beauté, qui plaît à ses yeux. Et comme nous ne saurions suffire, implorons son secours. Qu’il nous réforme celui qui nous a formés, que le Créateur nous crée de nouveau, afin que, ayant semé en nous le froment, il récolte en nous aussi un froment parfait. Voici donc ses paroles : « Quel homme, voulant bâtir une

  1. Dans le Codex, fol. 40, page 2, on lit : « Sermon de saint Augustin, évêque, pour la naissance des saints Machabées ». – Après le commentaire sur les chapitres 14, 28, de saint Luc, et 19, 16, de saint Matthieu, après avoir excité les fidèles à la persévérance, ce beau sermon contient des invectives contre les spectacles. Saint Augustin le prêcha à Balla-Regio à la prière de l’évêque. Notre ami, dit en effet Possidius, vitae cap.8, ne prêchait pas seulement dans un seul pays, mais partout, sur l’invitation qu’on lui en faisait.
  2. Jn. 20, 29
  3. Mat. 27, 20