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NEUVIÈME SERMON. SUR LE PSAUME 117, v.1 : LA CONFESSION[1] :

ANALYSE. —1. Que signifie confesser à Dieu. —2. Comment et pourquoi doit-on se confesser à la bonté divine. —3. Combien différent la confession faite à un homme, à un juge, et la confession faite à Dieu. —4. Exhortation à confesser nos péchés à Dieu.

1. « Confessez au Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est éternelle ». L’exhortation que nous fait par la voix du Psalmiste cet Esprit-Saint, à qui nous répondons d’une voix unanime, et dans l’unanimité du cœur : Alléluia, ce que l’on traduit en latin par Laudate Dominum : louez le Seigneur ; cette exhortation, le ; même Esprit-Saint vous la fait aussi par notre voix. « Confessez au Seigneur[2] », vous dit-il, « parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est dans les siècles », Soit que par vos chants vous releviez ses dons, soit que vous énumériez, en gémissant, vos péchés : « Confessez au Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est éternelle ». Car, ce n’est point seulement l’énumération, mais encore la louange de Dieu que l’on nomme confession ; car si nous faisons l’une, ce n’est point sans faire l’autre aussi. D’une part, en effet, nous accusons notre iniquité avec l’espérance de ; sa miséricorde, et, d’autre part, nous chantons sa miséricorde au souvenir de nos iniquités. Confessons donc au Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est éternelle. Il est des créatures qui paraissent mauvaises à quelques-uns, parce qu’elles offusquent les yeux de l’ignorance ; mais c’est à tort, car Dieu a fait bon tout ce qu’il a fait, « parce qu’il est bon ». Pour plusieurs encore, Dieu paraît injuste, parce que la plupart de ses fidèles passent, dans cette vie du temps, par les difficultés et les angoisses. Mais croire cela, c’est se tromper. « Car Dieu châtie[3] », non point celui qu’il rejette, « mais celui qu’il reçoit au nombre « de ses enfants, parce que sa miséricorde est pour les siècles ».

2. « Confessons donc au Seigneur, parce qu’il est bon, et que sa miséricorde est dans les siècles ». Disons au Seigneur notre Dieu : « Vos œuvres sont admirables, car vous avez fait tout avec sagesse[4]. Vos jugements sont droits[5] ; c’est à cause de l’iniquité que vous avez châtié l’homme. J’ai péché avant d’être humilié ». Parlons ainsi dans notre confession, parce que, si le supplice de notre mortalité nous cause des douleurs, Dieu fait que ce supplice soit bon, « parce qu’il est bon lui-même[6] ». Et si les douleurs et les travaux de cette vie nous redressent, et il ne sera point toujours indigné « contre nous, sa colère ne sera point éternelle, parce que sa miséricorde est dans les siècles[7] ». Qu’y a-t-il d’aussi bon que notre Dieu ? Les hommes blasphèment ; loin de s’humilier de leurs crimes, ils s’en glorifient, et « Dieu fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants, et répand sa rosée sur les justes et sur les injustes[8] ». Qui est miséricordieux comme notre Dieu ? Les hommes persévèrent dans leurs crimes, dans leurs injustices, et il ne cesse de les appeler à la conversion. Quelle bonté peut égaler celle de notre bien, qui nous donne de si grandes consolations dans nos douleurs ? Quelle miséricorde est aussi grande que celle de notre Dieu, dont nous changeons la sentence à venir en nous changeant nous-mêmes ?

  1. Dans le manuscrit fol. 17, pag. 2, on lit cette inscription : « Sermon de saint Augustin, évêque ». Il traite de la confession des péchés. Possidius en parle dans son Index, chap. 9.
  2. Psa. 117, 1
  3. Heb. 12, 6
  4. Psa. 103, 24
  5. Tob. 3, 2
  6. Psa. 118, 67
  7. Id. 102, 9
  8. Mat. 5, 45