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chaque jour par l’immolation de cet Agneau qui efface le péché du monde, c’est-à-dire par l’immolation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a donné à ses fidèles la possession sur la terre de ce même corps qu’il a placé lui-même dans la gloire du ciel. « Maintenant donc une oblation pure est offerte en tout lieu[1] ». A l’autel on reçoit la vie si l’on croit à la vie. Celui qui a changé l’eau en vin pour le simple agrément des convives, ne peut-il pas changer en son sang le calice de vie ? Prenez donc ce qu’il vous présente et recevez constamment le corps de la paix et de la vie. Jésus-Christ, la paix et la vie, reconnaît comme sien celui en qui règne la paix.
10. Si donc quelqu’un sent que le péché forme en lui un obstacle à ce sacrement, qu’auparavant il rende la paix à son âme. Le Sauveur l’a dit : Ce sacrement est un sacrement de paix et de vie. Le péché vient seconder la mort et entraver la vie. Si donc, par suite de la faiblesse humaine, le péché vient se glisser dans notre vie, empressons-nous de le combattre en nous remettant en paix avec Dieu. Parce que nous sommes faibles, nous nous laissons aller à des défaillances ; mais que ces défaillances ne soient point mortelles, puisque nous recevons le corps de Jésus-Christ qui est la vie. Avant de monter à l’autel nous ne saurions trop méditer ces paroles que nous redisons si souvent dans l’Oraison dominicale : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés[2] ». Votre pardon vous est accordé, montez en toute sécurité, mais voyez si vous pardonnez ; car, si vous ne pardonnez pas, voici votre sentence : « Méchant serviteur, je vous ai remis toute votre dette, parce que vous m’en avez prié ; ne deviez-vous pas, vous aussi, avoir pitié de votre compagnon[3] ? » L’Apôtre vous dit lui-même : « Celui qui mange et boit indignement, mange et boit son jugement, puisqu’il ne discerne pas le corps de Jésus-Christ[4] ». Car s’il eût discerné le corps de Jésus-Christ, jamais il n’aurait osé s’en rendre le membre indigne. Toutes les fois donc que nous nous approchons de l’autel du Seigneur, soyons en paix avec Dieu et avec nos frères, et nous serons assurés de recevoir la vie par Notre-Seigneur Jésus-Christ qui vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

TRENTE-CINQUIÈME SERMON.

SUR LA FÊTE DE PÂQUES. (QUINZIÈME SERMON.) EXPLICATION DE CES PAROLES : « COMME DES ENFANTS NOUVELLEMENT NÉS ».


1. Quoique je désire que mes paroles profitent à l’Église tout entière, toutefois c’est à vous spécialement que je les adresse, ô mes bien-aimés néophytes, qu’une nouvelle et sainte naissance vient de jeter dans une vie nouvelle. Pour vous, ma sollicitude est d’autant plus grande gale la grâce vient de vous embellir d’une innocence plus parfaite. Voilà pourquoi je ne puis mieux faire que de vous adresser cet avertissement formulé par l’Apôtre : « Comme des enfants nouvellement nés, convoitez le lait de la sagesse et de la vérité, afin que par lui vous croissiez pour le salut[5] ». Comme le rappelle cette parole de l’Écriture, les enfants dans leur âge le plus

  1. Mal. 1, 11
  2. Mt. 6, 12
  3. Id. 18, 32
  4. 1 Cor. 11, 29
  5. 1 Pi. 2, 2