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la nature ; il n’en est pas de même du Soleil véritable, qui a créé celui que nous voyons ; seul il porte ces ailes de la puissance et de la protection divine dont il est dit : « Il les a reçus comme l’aigle déployant ses ailes et a protégeant son nid[1] ». Nous lisons également dans l’Évangile : « Jérusalem, Jérusalem, combien de fois j’ai voulu rassembler tes fils, comme la poule rassemble ses petits sous ses ailes[2] ». Enfin, c’est à ce soleil que le fidèle adresse cette invocation opportune et salutaire : « J’espérerai à l’ombre de vos ailes, jusqu’à ce que l’iniquité disparaisse[3] ».
5. Nous avons sous les yeux, mes frères, l’accomplissement de cette parole du psaume Hosanna[4], c’est-à-dire, Seigneur, sauvez-moi ; nous voyons ouverte devant nous la porte du salut, dont il est dit : « Voici la porte du Seigneur, c’est par elle que les justes entreront[5] » ; entrons donc par la porte de l’Église en toute sincérité et vérité, afin que cette porte de la confession et de la louange nous introduise dans le royaume des cieux, où nous jouirons du bonheur éternel. « Nous ne serons pas confondus lorsque nous parlerons dans la porte[6] », c’est-à-dire en Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit de lui-même : « Je suis la porte, celui qui entrera par moi sera sauvé[7] ». C’est par Jésus-Christ que tous les saints sont entrés et entrent chaque jour près du Père de la vie éternelle, à qui, avec le Fils et le Saint-Esprit, soient honneur et gloire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

TRENTE-QUATRIÈME SERMON.

SUR LA FÊTE DE PÂQUES, ADRESSÉ AUX NÉOPHYTES. (QUATORZIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Commencement de la discussion, déjà promise, sur les sacrements. —2. Le sacrifice de la nouvelle loi substitué aux anciennes victimes. —3. Pour parler du sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ, nos âmes ont besoin de l’attraction divine. —4. Jésus-Christ est le pain vivant et le pain de vie. —5. Croyons à la parole de Jésus-Christ nous proposant son corps à manger et son sang à boire, afin de procurer à nos âmes la vie éternelle. —6. Solution de plusieurs questions ; afin de nous montrer l’opportunité de la matière du sacrement de l’Eucharistie, l’auteur cite en comparaison et explique la matière du baptême. —7. Le pain et le vin ont été adoptés pour ce sacrement, comme signe d’union entre les fidèles. —8. Jésus-Christ, dans ce sacrement, donne réellement son corps et son sang, mais sous les espèces du pain et du vin, afin de ne pas soulever le dégoût ou la répugnance. —9. Actions de grâces dues à Jésus-Christ pour le don de son corps ; mais nous devons y joindre la foi, car le Sauveur fait preuve de toute-puissance en changeant le vin en son sang, comme il avait déjà changé l’eau en vin.—10. Avant de s’approcher de ce sacrement le pécheur doit d’abord se réconcilier avec Dieu.


1. Les instances qui nous sont faites par nos néophytes ne nous permettent pas de différer plus longtemps l’instruction que nous avons promise sur les sacrements. L’impuissance où nous sommes de traiter dignement un aussi grand sujet nous autoriserait à décliner cette importante fonction, si nous ne sentions l’écrasante responsabilité que portera devant Dieu le prêtre qui par paresse ou négligence, aura laissé ses enfants dans l’ignorance des vérités essentielles de la religion. Aussi, selon les lumières qu’il plaira à Dieu de nous donner, nous allons entreprendre l’étude de cette admirable économie des sacrements et des sacrifices. Que ceux qui ont la foi présentent à Dieu pour moi de ferventes prières, et que ceux qui doutent témoignent d’un ardent désir de connaître la vérité.
2. L’oracle du prophète Malachie nous a fait connaître, mes frères, la réprobation lancée

  1. Deut. 32, 2
  2. Mt. 23, 37
  3. Ps. 16, 8
  4. Ps. 11, 2
  5. Ps. 117, 20
  6. Id. 126, 5
  7. Jn. 10, 7