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à ses pieds ; les saints célèbrent ses louanges ; il est la vraie foi de ceux qui croient ; il est la solution de toutes les discussions ; il est la porte du paradis et le principe de la vie éternelle.
5. Que tout âge et toute condition prêtent l’oreille : Marie a contracté alliance dans son enfantement ; sa sainteté s’est accrue dans sa maternité ; en devenant mère, elle a doublé son intégrité, elle a couronné sa virginité. Jésus-Christ naissant a prêté secours aux veuves, il est devenu l’appui des orphelins, l’assistance des pauvres, la vue des aveugles, le bâton des boiteux et la nourriture de ceux qui ont faim. Il est enfant parmi les hommes, jeune parmi les forts, beau parmi les anges, perle céleste, héraut de la paix, olivier de l’Église, vigne des martyrs, aliment de tous les siècles. Aujourd’hui nous est manifesté dans la chair Celui qui règne avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

QUATORZIÈME SERMON. LA NAISSANCE DU JÉSUS-CHRIST. (HUITIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. L’Ange envoyé à Marie. —2. Nativité de Jésus-Christ.


1. Nous célébrons ce grand jour dans lequel le Dieu Tout-Puissant est descendu du ciel, et, par sa naissance, a brillé parmi les hommes d’une gloire toute nouvelle. Le prince des anges est descendu ; il a entendu les gémissements des malheureux, et il est venu, arracher les hommes aux ténèbres du péché. Le monde tout entier gisait la proie de l’enfer, et ses misères auraient achevé de le corrompre, si Jésus-Christ n’était promptement descendu sur la terre. La Vierge Marie nous a procuré un remède aussi grand qu’efficace, et maintenant les hommes, jusque-là courbés vers l’abîme, ont reconquis le droit de monter au ciel. Au premier jour du monde Eve avait distillé dans nos veines un venin mortel ; mais Marie, en engendrant le Christ, nous a mérité une glorieuse liberté. Quoi de plus beau que cette salutation que lui adresse l’envoyé de Dieu, l’ange Gabriel ? C’est le ciel qu’il salue sur la terre : « Je vous salue, Marie, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous[1] ». Car il convient que ce soit en ces termes que je salue la Mère de mon Dieu. J’ai été choisi et envoyé vers vous, et non pas vers Abraham, Isaac, ou Jacob. Car ceux qui étaient dans les liens du mariage n’ont pu me contempler. Un ange vierge et une femme vierge, un ange et la Mère de Dieu. À ma voix, vos oreilles se sont ouvertes, afin que le Saint-Esprit daignât vous pénétrer de sa présence ; « vous êtes bénie entre toutes les femmes », car devant vous sont saisies d’admiration toutes les nations et les puissances angéliques. Quand les Gentils apprendront qu’une vierge a conçu et est restée vierge dans son enfantement, ils se convertiront à la foi, parce que le monde n’a jamais connu un tel enfantement et n’a jamais contemplé un Dieu vivant parmi les hommes. Les Juifs sécheront d’envie, mais ils ne pourront nous, ravir le Christ Notre Seigneur ; les incrédules voudront détruire notre foi, mais ils resteront frappés d’impuissance. La libéralité divine resplendira dans toute sa magnificence.
2. C’est au milieu de ces circonstances mystérieuses que le Verbe de Dieu, porté, pour ainsi dire, sur la parole de l’ange, pénétra dans le sein de Marie, mettant le sceau à son

  1. Lc. 1, 28