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– DEUXIÈME SECTION.— SERMONS SUR LE PROPRE DU TEMPS.[1]

CINQUIÈME SERMON : L’ANNONCIATION.

ANALYSE. —1. L’ange Gabriel salue la sainte Vierge. —2. Hésitation et réponse de Marie. —3. Marie restera vierge dans l’enfantement. —4. Assentiment de Marie. —5. Génération inénarrable du Christ. —6. Marie devenue mère de Dieu par la virginité et l’humilité. —7. Jésus-Christ prodigue ses dons à ceux qui sont humbles et doux.


1. Le Verbe éternel se faisant homme, et daignant habiter parmi les hommes, tel est le grand mystère que célèbre aujourd’hui l’Église universelle, et dont elle salue chaque année le retour par des transports de joie. Après l’avoir une première fois reçu pour sa propre rédemption, le monde fidèle en a consacré le souvenir de génération en génération, afin de perpétuer l’heureuse substitution de la vie nouvelle à la vie ancienne. Maintenant donc, lorsque le miracle depuis longtemps accompli nous est remis annuellement sous les yeux dans le texte des divines Écritures, notre dévotion s’enflamme et s’exhale en chants de triomphe et de joie. Le saint Évangile que nous lisions nous rappelait que l’archange Gabriel a été envoyé du ciel par le Seigneur pour annoncer à Marie qu’elle serait la mère du Sauveur. L’humble Vierge priait, silencieuse et cachée aux regards des mortels ; l’ange lui parla en ces termes : « Je vous salue, Marie », dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous[2] ». O annonciation miraculeuse ! ô salutation céleste, apportant la plénitude de la grâce et illuminant ce cœur virginal ! L’Ange était descendu porté sur ses ailes de feu et inondant de clartés divines la demeure et l’esprit de Marie. Député par le Juge suprême et chargé de préparer à son Maître une demeure digne de lui, l’ange, éblouissant d’une douce clarté, pénètre dans ce sanctuaire de la virginité, rigoureusement fermé aux regards de la terre : « Je vous salue, Marie », dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » ; Celui qui vous a créée vous a prédestinée ; Celui que vous devez enfanter vous a remplie de ses dons.
2. A l’aspect de l’ange, la Vierge se trouble et se demande quelle peut être cette bénédiction. Dans son silence humble et modeste, elle se rappelle le vœu qu’elle a formé, et, jusque-là, tout à fait étrangère au langage d’un homme, elle se trouble devant un tel salut, elle est saisie de stupeur devant un tel langage, et n’ose d’abord répondre au céleste envoyé. plongée dans l’étonnement, elle se demandait à elle-même d’où pouvait lui venir une telle bénédiction. Longtemps elle roula ces pensées dans son esprit, oubliant presque la présence de l’ange que lui rappelaient à peine quelques regards fugitifs attirés par l’éclat de l’envoyé céleste. Elle hésitait donc et s’obstinait dans son silence ; mais l’ambassadeur de la sainte Trinité, le messager des secrets célestes, le glorieux archange Gabriel, la contemplant de nouveau, lui dit : « Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu ; voici que vous concevrez et enfanterez un fils, et vous le nommerez Jésus. Il sera grand et sera appelé le « Fils du Très-Haut, et le Seigneur-Dieu lui donnera le siège de David son père ; il régnera

  1. Luc. 1, 28
  2. Luc. 1, 28