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si ce n’est là où le Saint-Esprit, venant d’en haut, a rempli de ses, dons les cent vingt personnes qui s’y tenaient ensemble ? Le nombre primitif de douze se trouve décuplé. Les cent vingt hommes étant là, le Saint-Esprit descendit du ciel et remplit toute la maison, et l’on entendit comme le bruit d’un vent violent qui s’approchait, et on vit comme des langues de feu qui se partageaient. On vous a lu, tout à l’heure, les Actes des Apôtres, et vous avez entendu précisément le récit de cet événement : « Ils commencèrent à parler diverses langues, selon que l’Esprit-Saint les faisait parler ». Et tous les Juifs de nationalités différentes qui se trouvaient là, reconnaissaient leur propre langage et s’étonnaient que des hommes ignorants et sans lettres eussent appris à parler, non pas une ou deux langues, mais toutes les langues sans exception[1]. Dès lors que toutes les langues se faisaient entendre, il était évident que toutes les langues embrasseraient la foi. Mais pour les hérétiques qui aiment le Christ de tout leur cœur et refusent, en conséquence, de se mettre en rapport avec la ville où il a été mis à mort, ils honorent le Christ au point de dire qu’il s’en est tenu à deux langues, la langue latine et la langue punique, ou africaine. Le Christ ne tient-il sous sa puissance que les peuples de, deux langues ? C’est à ces deux langues toutes seules que se borne le parti de Donat ; il n’y en à pas davantage. Alertes, mes frères ; considérons, plutôt le don de l’Esprit de Dieu ; croyons à ce qui a été dit de lui avant sa venue, et reconnaissons comme accompli l’oracle prononcé dès avant lui par le Psalmiste. « Il n’est point de discours, point de langage dans lequel on n’entende cette voix ». Ne t’imagine pas que ces langues aient retenti en un seul lieu ; crois plutôt que le don du Christ s’est étendu à toutes langues, car écoute ce qui suit : « Son éclat s’est répandu dans tout l’univers, il a retenti jusqu’aux extrémités de la terre ». Pourquoi cela ? « Parce que Dieu a placé son pavillon dans le soleil[2] », c’est-à-dire à la vue de tous. Son corps, voilà son pavillon ; son pavillon, c’est l’Église ; elle a été placée dans le soleil, non pas au sein des ténèbres, mais à la lumière du jour. Mais pourquoi les hérétiques ne la reconnaissent-ils pas ? Revenez-en à la leçon àlaquelle nous nous sommes arrêtés hier, et vous remarquerez bien la cause de leur aveuglement : « Celui qui hait son frère marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres lui ont fermé les yeux ». Voyons donc ce qui suit, et nous ne serons point plongés dans les ténèbres. Comment parviendrons-nous à rester dans la lumière ? En aimant nos frères. Et comment prouverons-nous que des sentiments fraternels à l’égard de nos semblables nous animent ? En ne détruisant pas l’unité, en conservant la charité.


4. « Je vous écris, mes petits enfants, parce a que vos péchés vous sont remis à cause du « nom de Jésus-Christ ». Vous êtes donc mes petits enfants, parce qu’à votre naissance vos péchés vous sont replis. Mais au nom de qui les péchés sont-ils remis ? Serait-ce au nom d’Augustin ? Ce n’est donc pas davantage au nom de Donat. Car qu’est-ce qu’Augustin ? Qu’est-ce que Donat ? Tu le sais. Ce n’est non plus ni au nom de Paul, ni au nom de Pierre. Tandis que quelques-uns se partageaient l’Eglise et tâchaient d’établir des partis aux dépens de l’unité, notre mère, la charité, mettant au mondé des enfants, montrait son sein, déchirait, d’une certaine manière, en paroles, ses mamelles, pleurait les nouveau-nés qu’on arrachait de ses entrailles, s’efforçait de ramener à l’unité de nom ceux qui voulaient lui en substituer plusieurs, les engageait à N’oublier eux-mêmes pour n’aimer que le Christ, et leur disait par l’organe de Paul : « Paul a-t-il été crucifié pour vous ? Ou bien « Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés[3] ? » Que dit-elle par là ? Je ne veux pas que vous soyez à moi, mais je veux que vous soyez avec moi ; soyez donc avec moi ; soyons tous à Celui qui est mort et qui a été crucifié pour nous. De là ces paroles de Jean a vos péchés vous sont remis en son nom », et non pas au nom d’un homme, quel qu’il soit.


5. « Je vous écris, pères ». Pourquoi, d’abord, les a-t-il appelés enfants ? « Parce que vos péchés vous sont remis à cause de son nom », et que vous êtes régénérés pour une nouvelle vie. Vous êtes donc enfants. Mais pourquoi pères ? « Parce que vous avez connu Celui qui est dès le commencement ». Car le commencement a rapport à la qualité de père.

  1. Act. 1, 15 ; 2, 1, 12
  2. Ps. 18, 4-6
  3. 2 Cor. 1, 13