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et continuant par tous les Prophètes, il leur montra que toutes les circonstances de sa passion avaient été annoncées par avance ; son dessein, en cela, était d’empêcher que la résurrection du Seigneur vînt à les ébranler davantage encore lorsqu’elle leur serait connue ; il voulait aussi préserver leur foi d’un affaiblissement plus complet, en leur faisant voir que tous ces événements avaient été prédits dès longtemps. Ce qui donc affermit particulièrement notre foi, c’est que tous les événements de la vie et de la mort du Christ ont été prédits. Les disciples ne le reconnurent qu’à la fraction du pain ; de fait, quiconque ne boit ni ne mange son jugement, reconnaît le Christ à la fraction du pain[1]. Plus tard, les onze disciples eux-mêmes s’imaginèrent voir un fantôme ; après s’être livré aux Juifs pour être crucifié, le Sauveur s’offrit à ses Apôtres pour être touché ; pour être mis à mort par ses ennemis et pour être touché par ses amis ; et c’était pour les guérir tous, ceux-là de leur impiété, ceux-ci de leur incrédulité. La lecture des Actes des Apôtres vous a fait connaître combien d’hommes, parmi les bourreaux du Christ, ont cru en lui[2]. Si ceux qui l’ont mis à mort ont ensuite cru en lui, ceux qui éprouvaient à son égard un doute de quelques instants, devaient-ils lui refuser l’hommage de leur foi ? Néanmoins (et vous devez remarquer particulièrement et vous souvenir que Dieu a voulu nous faire trouver dans les Écritures le plus solide soutien de notre foi ; car quiconque prétend aujourd’hui ; être considéré comme chrétien, respecte ces saints livres au moins dans ses paroles) ; néanmoins, après s’être offert à ses disciples pour en être touché, il aurait cru ne pas les avoir assez profondément convaincus, s’il ne leur avait encore apporté le témoignage des Écritures. En effet, nous qui devions venir plus tard, nous étions présents à sa pensée ; et puisque nous ne pouvons le toucher, nous avons du moins sous les yeux la preuve écrite de sa nouvelle vie. Ses disciples ont cru en lui parce qu’ils l’ont possédé au milieu d’eux et touché de leurs mains. Et nous, quelle sera la cause de notre foi ? Jésus est maintenant au ciel, et il n’en descendra qu’à la fin des temps, pour juger les vivants et les morts ; qu’est-ce donc qui nous portera à croire en lui, sinon lemotif qu’il a voulu mettre à leur disposition, lors même qu’ils le touchaient déjà de leurs mains ? De fait, il leur donna le sens des Écritures, leur montrant qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’en lui fût accompli ce. qui avait été écrit de lui dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et les Psaumes ; il épuisa ainsi tous les passages de l’Ancien Testament tout ce qu’ils renferment nous parle du Christ, à condition pourtant de rencontrer en nous des oreilles attentives. Le Sauveur ouvrit donc à ses disciples le sens des Écritures, afin de les leur faire comprendre, et si nous avons une prière à lui adresser, c’est qu’il veuille bien aussi éclairer notre entendement.


2. Le Seigneur leur fit voir ce qui était écrit de lui dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et les Psaumes ; mais qu’est-ce qui y était écrit ? Que leur montra-t-il ? Il va nous le dire lui-même. L’Evangéliste résume en peu de mots tous ces passages des livres saints, et nous fait ainsi brièvement connaître ce que nous devons croire et la manière dont nous devons le comprendre. Les pages et les livres qui composent nos Écritures sont en grand nombre, et tous renferment ce que le Christ a dit, en quelques mots, à ses disciples. Que leur a-t-il dit ? Ecoute : « Il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât le troisième jour ». Tu es donc déjà instruit de ce qui concerne l’époux : « Il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât ». Voilà pour l’époux. Voyons maintenant ce qu’il a dit de l’épouse ; alors, quand tu auras appris à connaître l’époux et l’épouse, tu ne viendras pas aux noces sans savoir pourquoi. Toute fête chrétienne est une cérémonie nuptiale : on y célèbre les noces de l’Eglise. Le fils d’un roi doit se marier, et ce fils de roi est roi lui-même ; tous ceux qui assistent à la solennité, sont l’épouse qu’il doit prendre. Hyménée bien différent des noces charnelles où l’on voit, d’une part les assistants, et de l’autre celle qui contracte l’union conjugale ; dans l’Eglise, en effet, ceux qui fréquentent nos solennités deviennent eux-mêmes l’épouse, à condition d’y bien assister ; car toute l’Eglise est l’épouse du Christ ; la chair du Christ en est le chef et les prémices ; l’époux et l’épouse y sont unis dans la chair. Pour appeler l’attention de ses disciples sur ce mystère de son corps, Jésus rompit le pain, et ce fut avec raison qu’à la fraction du pain les disciples ouvrirent les

  1. 1 Cor. 11, 29
  2. Act. 2, 41