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afin que par l’imposition de mes mains « l’Esprit-Saint soit donné ? » Et Pierre lui répondit : « Que ton argent demeure avec toi pour ta perte, parce que tu as cru que le don de Dieu pouvait s’acquérir par de l’argent ». À qui Pierre disait-il : « Que ton argent demeure avec toi tour ta perte ? » À un homme baptisé ; car Simon avait reçu le baptême, mais il n’était pas uni aux entrailles de la colombe. Écoute ; voici la preuve qu’il n’y était pas uni, fais attention aux paroles de Pierre ; il continue ainsi : « Tu n’as pas de part à cette foi, car je vois que tu es plein d’un fiel amer [1] ». La colombe n’a pas de fiel, Simon en avait ; aussi était-il séparé des entrailles de la colombe. À quoi lui servait son baptême ? Ne te glorifie donc pas du tien, comme s’il suffisait pour ton salut de l’avoir reçu cesse de te mettre en colère, dépose ton fiel, tiens à la colombe. Alors te sera utile ce qui ne te servait de rien, ce qui était même nuisible pour toi, parce que tu l’avais reçu en dehors de la colombe,
19. Ne dis point : Je ne viendrai point parce que j’ai été baptisé en dehors de la colombe. Commence à avoir la charité, commence à porter le fruit de ce que tu as reçu ; que l’on trouve ce fruit en toi, et la colombe s’introduira au dedans. C’est ce que l’on trouve dans l’Écriture. L’arche avait été construite avec du bois incorruptible[2]. Ce bois incorruptible n’est autre que les saints, que les fidèles qui appartiennent au Christ, De même, en effet, que les pierres vives dont le temple était construit étaient la figure des fidèles, ainsi le bois incorruptible de l’arche représente les hommes qui Persévèrent dans la foi. Dans l’arche il y avait donc des bois incorruptibles : cette arche, c’est l’Église ; la colombe y donne le baptême, car l’arche était portée sur les eaux, et ses bois incorruptibles y ont été plongés. Nous trouvons que d’autres bois étrangers à l’arche y ont été aussi submergés : c’étaient les arbres plantés sur toute la surface de la terre : c’était, néanmoins, partout la même eau, et non une eau différente ; car elle était venue soit du ciel, soit des abîmes des fontaines. C’est dans la même eau que furent plongés et les bois incorruptibles dont l’arche était composée, et les bois qui n’étaient pas entrés dans sa construction. La colombe fut envoyée ; d’abord elle ne trouve pas où se poser ; elle revient vient à l’arche, car tout était rempli d’eau ; elle aima mieux revenir que d’être baptisée de nouveau. Le corbeau fut envoyé avant la disparition des eaux : après avoir été se rebaptiser, il ne voulut plus revenir, et il périt dans ces eaux. Que Dieu nous préserve d’une pareille fin. Aussi bien, pourquoi ne revint-il pas ? C’est que les eaux l’en empêchèrent. Pour la colombe, ne trouvant où se poser, quoique l’eau lui criât de toutes parts : Viens, viens, plonge-toi ici, de même que ces hérétiques te crient : Viens, viens, ici on donne le baptême ; la colombe, ne trouvant pas où se reposer, revint à l’arche. Et Noé l’envoya de nouveau, de même que l’arche vous envoie pour parler à ces égarés : après cela, que fit la colombe ? Parce que les bois étrangers au corps de l’arche avaient été plongés dans l’eau, elle rapporta vers l’arche un rameau d’olivier. Ce rameau portait des feuilles et du fruit [3]. Ne te contente pas de parler, de porter des feuilles, porte aussi des fruits : tu reviendras à l’arche, tu n’y reviendras pas de toi-même, mais la colombe t’y rappellera. Gémissez en dehors, afin que ceux qui s’y trouvent soient rappelés au dedans.
20. Car si nous cherchons à savoir ce qu’était ce fruit de l’olivier, nous l’apprendrons. Le fruit de l’olivier représente la charité. Comment le prouvons-nous ? De même que l’huile ne peut être maintenue au-dessous d’aucun liquide, qu’elle se fraie un passage et remonte à leur surface, ainsi la charité ne peut être retenue prisonnière en des régions inférieures ; elle tend de toute nécessité à monter vers le ciel. C’est pourquoi l’Apôtre dit d’elle : « Il est encore une voie plus élevée qu’il me faut vous montrer ». Nous avons dit que l’huile s’élève toujours au-dessus ; or, pour ne pas appliquer à autre chose qu’à la charité ces paroles de l’Apôtre : « Il est encore une voie plus élevée « qu’il me faut vous montrer », Écoutons ce qui suit : « Quand je parlerais le langage « des hommes et des anges, si je n’ai pas la « charité, je suis devenu comme un airain sonnant et une cymbale retentissante[4] ». Va maintenant, Donat, et crie : Je suis éloquent ! Va maintenant, et crie : Je suis docte ! Combien éloquent ? Combien docte ? Aurais-tu parlé le langage des anges ? Et quand même tu l’aurais parlé, si tu n’as pas la charité, je

  1. Act. 8, 5-23
  2. Gen. 6, 14
  3. Gen. 8, 6-11
  4. 1 Cor. 12, 31 ; 13, 1