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qui voudraient laisser leurs Épouses ; mais on resserre leurs chaînes, on ne les brise jamais : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint[1] ». Mais ces chaînes sont dures. Qui l’ignore ? Les Apôtres ont déploré cette dureté en s’écriant : « Si telle est la condition de l’homme avec sa femme, il n’est pas avantageux de se marier[2] ». Si ces chaînes sont de fer, il n’est pas besoin d’y engager ses pieds. Et le Seigneur : « Tous n’entendent pas cette parole ; que celui qui peut entendre, entende[3] ». Es-tu lié à une femme ? ne cherche pas à te délier, parce que ces liens sont de fer. N’es-tu pas lié à une femme ? ne cherche pas d’Épouse[4] ; ne t’engage pas dans des entraves de fer.
16. « Afin d’accomplir sur eux le jugement prescrit ». C’est là le jugement que les saints accomplissent dans toutes les nations. Pourquoi « prescrit ? » Parce que tout cela fut prédit autrefois, et s’accomplit maintenant. On fait maintenant ce qu’on lisait jadis, et qu’on ne sait pas. Le Prophète conclut aussi : « Telle est la gloire que Dieu destine à tous les saints ». C’est ainsi que les saints agissent dans le monde entier, parmi les nations, ainsi qu’ils sont élevés en gloire, ainsi qu’ils chantent le Seigneur par leurs voix, ainsi qu’ils tressaillent dans leurs lits de repos, ainsi qu’ils tressaillent dans leur gloire, ainsi qu’ils sont élevés dans leur salut, ainsi qu’ils chantent le cantique nouveau, ainsi qu’ils chantent l’alléluia, de la voix, du cœur et par leur vie. Ainsi-soit-il.


DISCOURS SUR LE PSAUME 150

LA LOUANGE DE DIEU DANS SES SAINTS.

Les psaumes sont au nombre de cent-cinquante ; or, ce chiffre, dans l’ordre des unités, donne quinze forme de sept et de huit. Sept nous rappelle la semaine sabbatique de l’Ancien Testament, et le huitième jour est celui de la résurrection, ou du Nouveau Testament. Cinquante se compose d’une semaine de semaines, plus l’unité, et ce fut le cinquantième jour après la résurrection que descendit l’Esprit-Saint, désigné par le nombre sept. Les cent cinquante-trois poissons nous montreraient dans trois le diviseur de cinquante. En décomposant dix-sept en autant de nombres que l’on additionne ensemble on arrive à cent cinquante-trois. Or, dix-sept est composé de dix, le décalogue, et de sept, la figure du Saint-Esprit. La division en cinq livres est peu fondée. Cette parole : « Il est écrit au commencement du livre », désignerait ou le livre des Écritures, au commencement duquel nous lisons : « Ils seront deux dans une même chair », mystère du Christ et de l’Église ; ou le livre des Psaumes, dont le premier regarde le Christ. La division en trois livres de cinquante psaumes chacun, nous montre la pénitence dans le cinquantième psaume, la miséricorde et la justice dans le centième, et la louange de Dieu dans ses saints, c’est le psaume cent-cinquantième. C’est la voie du ciel, puisque Dieu nous appelle par la pénitence, nous justifie par la miséricorde, puis nous admet dans la vie éternelle pour chanter ses louanges.

Les saints en qui Dieu est glorifié, sont la justice, la puissance, et la grandeur de Dieu, en ce sens qu’ils font connaître ces divins attributs. Louer Dieu avec la flûte, c’est le louer d’une manière éclatante ; sur les instruments à cordes, par les bouses œuvres ; sur le tambour, dans la mortification de la chair ; sur les cymbales, dans les louanges des saints qui rejaillissent sur Dieu. Les trois genres de musique se retrouvent dans les saints.


1. Bien que Dieu ne m’ait point encore fait la grâce de me révéler tous les grands mystères que me paraît contenir l’ordre des psaumes ; bien que la faiblesse de mon esprit n’en ait point pénétré toute la profondeur ; néanmoins, comme ils sont renfermés dans le nombre de cent cinquante, ce nombre nous insinue quelque mystère que je voudrais vous exposer sans témérité et selon qu’il plaira à Dieu de me secourir. D’abord le nombre quinze est multiple de cent cinquante (car dans l’ordre des unités, il est le même que cent cinquante dans l’ordre des dizaines, puisque quinze multiplié par dix donne cent cinquante : le même que mille cinq cents dans l’ordre des centaines, ou quinze

  1. Mt. 19,6
  2. Id. 10
  3. Id. 11
  4. 1 Cor. 7,27