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l’on dit maintenant : « Bénissez le Seigneur, maison de Jacob », vous tous qui êtes les enfants d’Abraham. Bien que les enfants d’Abraham soient venus de la pierre[1], il est évident qu’ils sont plutôt la maison d’Israël, qu’ils appartiennent à la maison d’Israël, puisqu’ils sont la postérité d’Abraham, non point selon la chair, mais selon la foi. « Maison d’Israël, bénissez le Seigneur ». Mais prenons l’expression à la lettre en l’appliquant au peuple d’Israël ; c’est de là que vinrent les Apôtres qui embrassèrent la foi, avec des milliers de circoncis. « Maison d’Israël, bénissez le Seigneur ; maison d’Aaron, bénissez le Seigneur ; maison de Lévi, bénissez le Seigneur[2] ». Peuples, bénissez le Seigneur, c’est-à-dire, en général, « maison d’Israël » : bénissez-le, vous qui êtes les chefs, c’est-à-dire « maison d’Aaron » ; bénissez-le, vous qui êtes ses ministres, c’est-à-dire « maison de Lévi ». Qu’est-il dit des autres nations ? « Bénissez le Seigneur, vous tous qui craignez le Seigneur ».
26. Chantons donc tous d’une voix unanime les paroles suivantes : « Bénissez le Seigneur en Sion, lui qui demeure en Jérusalem[3] ». Donc Sion est dans Jérusalem. Sion signifie regard, et Jérusalem vision de la paix. Dans quelle Jérusalem dois-tu habiter ? Dans celle qui est tombée ? Non, mais dans celle qui est notre mère, qui vient du ciel et dont il est dit : « Celle qui était délaissée a plus d’enfants que celle qui a un Époux[4] ». Maintenant donc le Seigneur est en Sion, puisque nous sommes en sentinelle jusqu’à ce qu’il vienne. Dès maintenant toutefois nous sommes en Sion, tant que nous vivons d’espérance. Une fois notre course achevée, nous habiterons cette cité qui ne sera jamais en ruine, puisque le Seigneur habite en elle et s’en est constitué le gardien ; c’est l’éternelle Jérusalem, la vision de la paix ; de cette paix, mes frères, que nulle bouche ne saurait assez louer, de cette paix où nous n’aurons aucun ennemi ni dans l’Église, ni au-dehors de l’Église ni dans notre chair, ni dans notre pensée. La mort sera absorbée dans sa victoire[5], et, devenus citoyens de Jérusalem, de la cité de Dieu, nous verrons Dieu dans la joie d’une paix éternelle.


DISCOURS SUR LE PSAUME 135

LES DIVINES MISÉRICORDES.

Dieu exerce envers ceux qu’il a délivrés une miséricorde éternelle, non qu’il reste quelque misère dont il les délivre continuellement, mais la félicité, dont il les a mis en possession, sera sans fin. Bénissons le Seigneur sans attendre de lui rien de temporel, puisque les bienfaits de sa miséricorde sont sans fin. Ces dieux et ces seigneurs que surpasse le véritable Dieu sont les hommes à qui la parole de Dieu a été adressée, et les démons qui sont les dieux des nations. Les anges ne sont point appelés dieux, afin de nous détourner de leur rendre un culte. – Parmi les œuvres de Dieu, ce qui appartient à sa miséricorde, c’est notre délivrance ; les autres œuvres de la création appartiennent à sa bonté. Seul il fait les œuvres merveilleuses, comme les astres et les cieux, avec intelligence, c’est-à-dire avec son Verbe. Il affermit la terre au-dessus des eaux qui l’environnent. Ces cieux avec l’intelligence peuvent désigner les saints qui s’élèvent bien haut par la spiritualité, les astres marqueraient les différents dons chez les saints, et la terre, la foi solide. Il a détruit Pharaon, ou nos péchés, en nous faisant traverser ta mer Rouge du baptême ; pour nous encore il renverse les puissances diaboliques, Seon, roi des Amorrhéens, ou la tentation et le murmure ; Og, roi de Basan, ou la confusion des damnés ; il nous introduit dans l’héritage du Christ, qui nous donne sa chair comme une nourriture.


1. « Rendez grâces au Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est éternelle[6] ». Ce psaume est une hymne de louanges, et un même refrain termine chaque verset. Quoique l’on accumule tous les motifs de bénédictions, c’est toujours la miséricorde de Dieu qui est relevée particulièrement, et à laquelle a voulu rendre un solennel hommage en terminant chaque verset, celui qui a

  1. Mt. 3,9
  2. Ps. 134,20
  3. Ps. 134,21
  4. Isa. 54,1 ; Galat. 4,26-27
  5. 1 Cor. 15,51
  6. Ps. 135,1