mis â mort, exposés aux bêtes, brûlés vifs ; tous, en ricanant, se déclaraient contre eux. Ce que le chef avait souffert, le corps devait l’endurer ; et dans toutes les persécutions qui ont eu lieu jusqu’à ce jour, le corps a subi les mêmes traitements que le Seigneur en croix. Partout où l’on rencontre un chrétien, on l’insulte, on le harcèle, on s’en moque, on lui donne le nom d’homme stupide, insensé, dépourvu de cœur et d’esprit. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, le Christ est dans le ciel ! Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, il a ennobli son supplice, il a imprimé sa croix sur tous les fronts ; il permet aux impies d’insulter, mais il leur interdit de nuire ; néanmoins, par les paroles qui tombent de leurs lèvres, on connaît les secrètes pensées de leurs cœurs. « Ils ont grincé des dents contre moi ».
9. « Seigneur, quand ouvrirez-vous les yeux ? Délivrez mon âme de leurs fourberies, et mon unique des lions »[1]. Notre patience se lasse de souffrir, et ces paroles : « Quand ouvrirez-vous les yeux », ont été dites de chacun de nous. C’est-à-dire, quand vous verrons-nous tirer vengeance de ceux qui nous insultent ? Quand le juge, vaincu par les importunités de cette veuve, lui fera-t-il justice ? Si notre juge diffère de nous délivrer, c’est, non par indifférence, mais par amour, non par impuissance, mais par raison, non par incapacité de nous venir en aide, mais parce qu’il veut attendre jusqu’à la fin pour nous sauver tous en même temps. Et toutefois nos désirs nous portent à lui dire : « Quand ouvrirez-vous les yeux, Seigneur ? Délivrez mon âme de leurs fourberies, et mon unique des lions » ; c’est-à-dire, délivrez mon Église des puissances qui la persécutent.
10. En effet, veux-tu savoir quelle est cette unique ? Lis ce qui suit : « Je publierai vos louanges dans une grande assemblée : je vous louerai au milieu d’un peuple chargé de mérites. Oui, dans une grande assemblée je publierai vos louanges ; oui, au milieu d’un peuple chargé de mérites, je vous louerai ! » Les louanges du Seigneur se chantent devant toute l’assemblée, mais tous ceux qui la composent ne louent pas Dieu. Toute l’assemblée entend les louanges que nous lui adressons ; mais Dieu ne trouve pas sa louange en tous ceux qui en font partie car, dans toute assemblée, c’est-à-dire, dans l’Église qui est répandue sur toute la terre, il y a de la paille et du grain ; la paille s’envole, le grain reste. « C’est pourquoi je vous louerai au milieu d’un peuple de poids ». Dieu trouve sa louange dans ce peuple que n’enlève pas le vent de la tentation. Pour la paille, elle est toujours un sujet de blasphèmes. Quand on fait attention à notre paille, que dit-on ? Voilà comment vivent les chrétiens ! Voilà ce qu’ils font ! Et en eux s’accomplissent ces paroles de l’Écriture : « Parce que vous faites blasphémer mon nom parmi les nations . » Homme pécheur et jaloux, qui n’est que paille, tu examines l’aire, et tu y aperçois difficilement le grain ; cherche et tu trouveras un peuple chargé de mérites, dont la vue te portera à louer Dieu. Ressemble à ce peuple, si tu ne lui es point pareil, tu y verras difficilement autre chose que ce que tu es toi-même « Ils ne se comparent qu’avec eux-mêmes »[2], dit l’Apôtre, et ils ne comprennent point ces paroles : « Je vous louerai au milieu d’un peuple de poids ».
11. « Que je ne sois pas un sujet d’insultes pour ceux qui m’attaquent injustement »[3], car ils m’insultent à cause de ma paille, « ceux qui me haïssent sans aucun motif », c’est-à-dire, ceux à qui je n’ai pas fait de mal, « et qui m’approuvent du regard », c’est-à-dire, ceux dont le visage affecte des sentiments étrangers à leur cœur. Et qui sont ces hommes à l’œil approbateur ? » Car, « ils me parlaient avec amitié, et pour irriter davantage mes ennemis, ils ne pensaient qu’à des tromperies. Ils ont ouvert leur bouche contre moi ». En apparence, ils approuvaient du regard, mais ils n’étaient que des lions occupés à trouver une proie pour l’enlever et la dévorer ; au-dehors, ils flattaient et parlaient dans un esprit de paix ; mais pour irriter davantage unes ennemis, ils ne pensaient qu’à des tromperies. Que disaient-ils dans un esprit de paix ? « Maître, nous savons que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit. Est-on libre de payer le tribut à César ou de ne pas le lui payer ? » Ils me parlaient comme auraient fait des amis. Quoi donc ! Ne les connaissiez-vous pas, et, par leurs regards flatteurs, pouvaient-ils vous tromper ? Il ne les connaissait que trop ; voilà pourquoi
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