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là l’hostie que je lui ai offerte. « Je chanterai, je bénirai le Seigneur ». Mon cœur et mes œuvres lui témoigneront ma joie.
7. « Seigneur, exaucez la voix que j’élève jusqu’à vous »[1]. Exaucez, ô Dieu, cette voix du cœur, que mes vifs désirs élèvent jusqu’à vos oreilles. « Prenez-moi en pitié, exaucez-moi ». Ayez pitié de moi, exaucez ma prière.
8. « Mon cœur vous a dit : J’ai cherché votre face »[2]. Ce n’est point devant les hommes que j’ai prié ; mais dans le secret où vous entendez seul, mon cœur vous a dit : Je cherche une récompense, non point hors de vous, mais dans vos regards bienveillants, « C’est ce regard, ô mon Dieu, que je veux chercher ». Ce regard, je le chercherai sans cesse ; rien de vil ne saurait me plaire ; mon amour pour vous sera sans bornes, parce que rien ne m’est plus précieux.
9. « Ne détournez point de moi votre face »[3], afin que je trouve ce que je cherche. « Ne vous éloignez point de votre serviteur dans votre colère » ; de peur qu’en vous cherchant, je ne m’attache à d’autres objets. Quel châtiment plus douloureux pour celui qui vous aime, et qui cherche dans votre face l’éclat de la vérité ? « Venez à mon aide ! » Quand pourrais-je vous trouver, sans votre secours ? « Ne m’abandonnez point, ne me méprisez point, ô Dieu, mon Sauveur »[4]. Ne méprisez point un mortel qui ose rechercher un Dieu éternel : c’est vous, ô mon Dieu, qui guérissez la plaie de mon péché.
10. « Voilà que mon père et ma mère m’ont abandonné »[5]. Voilà que le royaume de ce monde, que la cité d’ici-bas, qui m’ont donné pour un temps cette vie mortelle, m’ont délaissé parce que j’aspirais à vous posséder, et que je méprisais ce qu’ils pouvaient m’offrir ; car ils ne peuvent me donner ce que je ne cherche avidement. « Mais le Seigneur m’a recueilli ». Il m’a recueilli, ce Dieu qui peut se donner à moi.
11. « Seigneur, montrez-moi les sentiers que je dois suivre »[6]. Je m’efforce d’aller à vous, je commence par la crainte la haute entreprise d’arriver à la sagesse ; enseignez.moi, Seigneur, la voie que je dois suivre, de peur que je ne m’égare, et que votre croyance ne m’abandonne. « Daignez me conduire dans la voie droite, pour confondre mes ennemis ». Dans vos étroits sentiers, faites-moi prendre le chemin droit. Car il ne suffit point d’entreprendre, puisque l’ennemi ne cessera de me harceler, jusqu’à mon arrivée.
12. « Ne me livrez pas à la rage de mes persécuteurs ». Ne souffrez pas que ceux qui m’affligent se rassasient de mes peines. « Voilà que de faux témoins s’élèvent contre moi »[7]. Des hommes se sont levés pour m’accuser faussement, afin de me détacher et de m’éloigner de vous, comme si je cherchais ma gloire parmi les hommes. « Et l’iniquité a menti contre elle-même ». Mais l’iniquité n’a pu s’applaudir que de sa fausseté ; car elle ne m’a point ébranlé, et c’est de là qu’une plus belle récompense m’a été promise dans le ciel.
13. « Je suis certain de voir les biens du Seigneur dans la terre des vivants »[8]. Et parce que le Seigneur a souffert ces persécutions avant moi, si, à mon tour, je méprise les langues de ces hommes dévoués à la mort, « car la bouche qui ment, tue l’âme »[9], je suis certain de voir les biens du Seigneur, dans la terre des vivants, où il n’y a plus de fausseté.
14. « Attends le Seigneur, agis avec force ; affermis ton âme, et attends le Seigneur »[10]. Quand donc s’accomplira cette promesse ? Au mortel d’accuser la difficulté, à l’amour d’accuser la lenteur ; écoute néanmoins la voix infaillible qui dit : « Attends le « Seigneur ». Souffre courageusement le feu qui brûle tes reins, et vaillamment celui qui brûle ton cœur, ne regarde pas comme refusé ce que tu n’as pas reçu. Contre le désespoir et la défaillance, écoute cette parole : « Attends le Seigneur ». ===DEUXIÈME

  1. Ps. 26,7
  2. Id. 8
  3. Id. 9
  4. Id.
  5. Id. 10
  6. Id. 11
  7. Ps. 26,12
  8. Id. 13
  9. Sag. 1,11
  10. Ps. 26,14