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Mais nous cultivons comme on peut cultiver Dieu, tandis que nous sommes cultivés comme un champ peut l’être. Voulez-vous vous assurer que nous sommes cultivés ? Écoutez le Seigneur : « Je suis la vraie vigne, dit-il, vous êtes les sarments et mon Père le cultivateur[1]. » Si le Père est cultivateur, c’est qu’il cultive ; quel champ ? c’est nous. Un cultivateur de cette terre où tombent partout nos regards, peut bien labourer, bêcher, planter, arroser même s’il trouve de l’eau mais peut-il donner l’accroissement, diriger le germe vers l’intérieur de la terre, y fixer la racine, élever la tige, fortifier les rameaux, les charger de fruits, les embellir de feuilles ? Un cultivateur peut-il cela ? Mais le divin Cultivateur de nos âmes, Dieu le Père peut faire en nous tout cela. Pourquoi te peut-il ? Ne croyons-nous pas en Dieu le Père tout-puissant ? Retenez bien ce que nous venons de vous dire, et comme Dieu nous a fait la grâce de vous l’expliquer.


SERMON CCXIV. EXPLICATION DU SYMBOLE. III

ANALYSE. – Ce discours est évidemment un des premiers qu’ait prononcés saint Augustin lorsqu’il eut quitté la retraite studieuse où il avait demandé à son évêque de pouvoir s’enfermer pour se préparer au ministère de la parole[2]. Aussi le style et les idées présentent-ils ici une plus grande ressemblance que dans ses autres discours, avec le style et les idées de ses ouvrages philosophiques, composés vers la même époque ; cette explication du Symbole s’attache plus aussi à dilucider et à approfondir les idées dogmatiques qu’à en tirer des conclusions morales. Le lecteur ne pourra qu’être frappé de la justesse et de l’élévation de doctrine où le saint Docteur était déjà parvenu, si peu de temps après sa conversion, quatre années seulement ; car ce discours se rapporte à l’an 391.

1. Déjà ministre de l’autel dont vous allez vous approcher, nous ne pouvons vous refuser le ministère de notre parole, tel que notre faiblesse pourra le remplir à un âge si peu avancé, à l’entrée d’une carrière que nous apprenons seulement à fournir et où toutefois nous sommes, soutenus par notre affection pour vous.

« Si tu confesses de bouche, dit l’Apôtre, que Jésus est le Seigneur, et si tu crois dans ton cœur que le Seigneur l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé ; car on croit de cœur pour être justifié et en confesse de bouche pour être sauvé[3] ». C’est le Symbole qui met en vous ce que, pour être sauvés, vous devez croire et confesser. Il est vrai, ce que vous allez entendre en peu de mots pour le confier à votre mémoire et pour le confesser de bouche, ne sera pour vous ni nouveau ni inouï. Les saintes Écritures et les discours ecclésiastiques vous le présentent habituellement sous différentes formes. Pour vous le faire apprendre, toutefois, on en a fait un recueil abrégé et disposé avec ordre ; moyen d’éclairer en vous la foi, et de vous préparer à la confesser, sans vous charger la mémoire. Voici donc ce que vous devez retenir et réciter par cœur. Après ce début il faut réciter le Symbole en entier, sans y mêler aucune réflexion : « Je crois en Dieu le Père tout-puissant », et le reste. Vous savez qu’on n’a pas l’habitude d’écrire ce Symbole. On fera suivre ces mots du discours suivant.

2. Vous devez, non-seulement croire, mais encore retenir mot à mot et répéter les vérités que vous venez d’entendre en si peu de paroles. Il faut de plus les défendre contre ceux qui les combattent, contre les esclaves du démon qui attaquent perfidement la foi en s’opposant à notre salut. En croyant donc que Dieu est tout-puissant, souvenez-vous de

  1. Jn. 15, 1-5
  2. Voir lett. 21, tom. I.
  3. Rom. 10, 9-10