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Comme elle pleurait ainsi, elle se baissa et regardant dans le sépulcre, elle vit deux anges vêtus de blanc, assis au lieu où avait été le corps de Jésus, l’un à sa tête et l’autre aux pieds. « Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. Ayant dit cela, elle se retourna et elle vit Jésus qui se tenait là, sans qu’elle sût que ce fût lui. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, croyant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est vous qui l’avez enlevé, « dites-moi où vous l’avez mis, et je l’emporterai. « Jésus lui dit : Marie. Elle, se retournant, lui répondit : Rabboni ; c’est-à-dire Maître. Jésus lui dit : Ne me touche point, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie-Magdeleine vint donc dire aux disciples J’ai vu le Seigneur et il m’a dit ces choses[1]. » Dans ce narré de saint Jean, tout est parfaitement d’accord quant au jour et au temps ou l’on vint au sépulcre ; comme saint Luc, il nous parle aussi de deux anges. Néanmoins saint Jean nous les représente debout, tandis que saint Luc nous les montre assis ; en outre il y a dans ce récit de saint Jean bien des circonstances dont ne parlent pas les autres évangélistes, la suite des événements ne paraît pas la même ; sans un examen plus approfondi on pourrait croire qu’il y a là contradiction.

69. Ainsi donc, ne faisant qu’un seul récit des quatre Évangiles combinés, indiquons, autant que le Seigneur nous en fera la grâce, dans quel ordre a pu se succéder tout ce qui est arrivé dans les premiers moments qui ont suivi la résurrection. Tous s’accordent à dire que c’est le premier jour de la semaine et de grand matin, que l’on vint au tombeau. À ce moment s’était déjà accompli ce qui ne nous est rapporté, que par saint Matthieu, le tremblement de terre, le renversement de la pierre et la frayeur qui se saisit des gardes et les jeta à demi-morts contre terre. D’après saint Jean on vit accourir au tombeau Marie-Magdeleine, sans aucun doute la plus ardente de toutes les femmes qui avaient servi le Sauveur ; c’est pour ce motif sans doute que saint Jean ne nomme qu’elle et ne parle pas de celles qui l’accompagnaient. Elle vint donc et bientôt elle s’aperçut que le tombeau était ouvert ; sans chercher à se rendre un compte plus exact de l’état des choses, bien persuadée qu’on a enlevé le corps de Jésus, elle court l’annoncer à Pierre et à Jean. Saint Jean est en effet le disciple que Jésus aimait. Ces deux Apôtres coururent aussitôt au sépulcre ; saint Jean arriva le premier, se baissa, reconnut les linceuls, mais n’entra pas. Pierre se présenta bientôt après, pénétra dans le tombeau, vit les linceuls et à côté d’eux le suaire qui avait été placé sur la tète de Jésus. Saint Jean entra ensuite, remarqua les mêmes circonstances, et crut, comme Marie-Magdeleine, que le corps de Jésus avait été enlevé. « Car ils ne savaient pas encore, comme l’enseigne l’Écriture, qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts. Ils retournèrent ainsi dans leur demeure. Mais Marie-Magdeleine se tenait auprès du sépulcre en versant de larmes. » Elle n’avait pas quitté cet endroit qui précédait le sépulcre de pierre et dans lequel elles étaient entrées. Or, il. y avait là un, jardin, comme saint Jean nous l’atteste. C’est alors qu’elles virent un ange assis à droite sur la pierre qui avait fermé le tombeau ; c’est de cet ange que nous parlent saint Matthieu et saint Marc. « Il leur dit : Pour vous, « ne craignez rien ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié ; il n’est point ici ; il est ressuscité comme il l’a dit ; venez et voyez le lieu où le Seigneur avait été placé. Allez vite et dites à ses disciples qu’il est ressuscité, voilà qu’il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez, je vous l’assure. » Saint Marc s’exprime à peu près de la même manière. À ces paroles Marie, qui pleurait, se courba, jeta ses regards sur le tombeau et, comme le rapporte saint Jean, elle aperçut deux anges, assis et vêtus de blanc ; l’un était à la tète et l’autre au pied du sépulcre où Jésus avait été déposé. « Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répond : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. » On doit croire qu’alors les anges s’étaient levés, en sorte qu’ils apparaissaient debout, comme saint Luc nous l’atteste. Or, comme ces femmes étaient saisies de crainte et courbées vers la terre : « Pourquoi, leur dirent les anges, cherchez-vous parmi les morts, celui qui est plein de vie ; il n’est point ici, mais il est ressuscité : rappelez-vous ce qu’il vous a dit, quand il était encore en Galilée : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs et qu’il soit crucifié, mais il ressuscitera le troisième jour. Et le souvenir de ces paroles leur

  1. Jn. 20, 1-18