Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

quelque chose nous faisait clairement comprendre que c’est à la neuvième heure de la nuit que commença la préparation de notre Pâque, c’est-à-dire la préparation de la mort de Jésus-Christ ? Dirons-nous que cette préparation commença au moment où Jésus fut garrotté par les Juifs ? Mais on n’était alors qu’à la première partie de la nuit ? Est-ce quand le Sauveur fut conduit à la maison de Caïphe, où il rendit témoignage en présence du prince des prêtres ? Mais le coq n’avait pas encore chanté, et c’est au moment où il chantait que Pierre renia son Maître ? Est-ce quand Jésus fut traduit devant Pilate ? Nous savons par l’Écriture que cette tradition ne se fit que le matin. Il ne nous reste donc plus qu’à voir le commencement de la préparation de la Pâque ou de la mort de Jésus-Christ, dans ce cri lancé par les princes des prêtres : « Il est digne de mort. » Cette exclamation se trouve à la fois en saint Marc et en saint Matthieu[1] ; ce qu’ils racontent du reniement de saint Pierre n’est qu’une récapitulation de ce qui avait été fait auparavant. En effet rien n’empêche de conclure qu’il pouvait être la neuvième heure de la nuit, quand les Juifs, comme je l’ai dit, demandèrent la mort du Sauveur ; depuis ce moment jusqu’à celui où Pilate s’assit sur son tribunal, il s’écoula environ six heures, non pas du jour mais de la préparation à l’immolation du Sauveur ou à la véritable Pâque ; cette sixième heure, qui correspondait à la troisième heure du jour, était écoulée quand le Sauveur fut suspendu à la croix. Quelle que soit donc l’opinion qu’on embrasse, soit cette dernière, soit celle qui voit dans la troisième heure de saint Marc l’heure à laquelle les Juifs demandèrent le crucifiement de Jésus-Christ, et méritèrent ainsi d’être regardés comme les véritables auteurs du crime, plutôt que les soldats qui l’exécutèrent de leurs propres mains ; comme nous l’avons vu, ce fut plutôt le Centurion qui s’approcha du Sauveur, que les amis qu’il avait envoyés à sa rencontre[2]; il nous semble avoir résolu suffisamment cette question de l’heure de la passion, question qui soulève l’arrogance des raisonneurs orgueilleux et trouble l’ignorance des faibles.

    1. Je suis 50

CHAPITRE XIV. DES DEUX LARRONS CRUCIFIÉS AVEC JÉSUS.

51. Saint Matthieu continue : « Alors furent crucifiés avec lui deux larrons, l’un à droite, l’autre à gauche[3]. » Saint Marc et saint Luc rapportent le même fait[4]. Saint Jeanne laisse aucun doute sur ce point, quoiqu’il ne donne pas aux crucifiés le nom de voleurs ; voici ses paroles : « Et avec lui deux autres, l’un d’un côté et l’autre de l’autre, et Jésus au milieu Jean, 19, 18 Jean, 19, 18]]</ref>. » On ne pourrait voir de contradiction que si saint Jean désignait comme innocents ceux que les autres évangélistes flétrissent du nom de voleurs.

CHAPITRE XV. BLASPHÈMES VOMIS CONTRE JÉSUS EN CROIX.

52. Saint Matthieu raconte : « Les passants le blasphémaient et disaient en branlant la tête : Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix. » Saint Marc s’exprime à peu près dans les mêmes termes. Saint Matthieu continue : « En même temps les princes des prêtres, les scribes et les anciens du peuple raillaient, se disant entre eux : Il a sauvé les autres et il ne peut se sauver lui-même. S’il est le roi d’Israël, qu’il descende de la croix et nous croirons en lui. Il met sa confiance en Dieu ; s’il le veut, que Dieu le délivre maintenant, lui qui a dit : Je suis le Fils de Dieu[5]. » Saint Marc et saint Luc, sans employer les mêmes termes expriment la même idée, l’un omettant ce que l’autre rapporte[6]. Quant aux princes des prêtres qui insultèrent Jésus crucifié, nous les trouvons signalés dans ces, deux évangélistes, quoique d’une manière différente saint Marc ne parle pas des anciens ; saint Luc parle en général des princes, sans désigner les princes des prêtres en particulier ; d’un seul mot il stigmatise aussi tous les principaux de la nation, prêtres, scribes et anciens du peuple.

CHAPITRE XVI. BLASPHÈMES DES LARRONS.

53. Nous lisons en saint Matthieu : « Les larrons eux-mêmes, qui étaient crucifiés avec lui, « le couvraient d’invectives[7]. » ceci

  1. Mat. 26, 66 ; Marc, 14, 64
  2. Voir ci-des. liv. 2, ch.20
  3. Mat. 27, 38
  4. Mrc. 15, 27 ; Luc. 23, 33
  5. Mat. 27, 39-43
  6. Mrc. 15, 29-32 ; Luc. 23, 35-37
  7. Mat. 27, 44