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dans l’intérieur et quand Pierre fut revenu près du feu. Il est vrai qu’il n’est pas dit à quel moment Pierre y rentra ; mais quel besoin y avait-il de nous marquer ce détail ? Voici le narré de saint Marc : « Il sortit en dehors de la cour et le coq chanta. Il fut aperçu de nouveau par une servante, qui se mit à dire à ceux qui étaient là : Celui-ci est aussi d’avec eux. Et Pierre protesta de nouveau. » Cette servante n’est pas la même que la première, saint Matthieu en fait la remarque. Cela se comprend d’autant mieux que dans le second reniement, Pierre fut interpellé par deux témoins ; d’abord par la servante dont parlent saint Matthieu et saint Marc, et aussi par un autre témoin mentionné par saint Luc. Voici comment ce dernier s’exprime : « Or, Pierre suivait de loin. On avait allumé du feu dans la cour, la foule prit place auprès, et Pierre se tenait parmi eux. Une servante le voyant assis près du foyer, le fixa attentivement et s’écria : Celui-ci était aussi à sa suite. Pierre le renia en disant : Femme, je ne le connais pas. Peu de temps après, un autre homme l’aperçut et lui dit : Toi aussi tu es d’avec eux. » C’est pendant cet intervalle, mentionné par saint Luc, que Pierre était sorti et qu’on avait entendu le premier chant du coq ; il était rentré aussitôt, s’était rapproché du foyer, et c’est là qu’il était, quand, comme le dit saint Jean, il énonça sa seconde protestation. Dans le premier reniement de Pierre, saint Jean ne dit pas que le coq ait chanté ni même qu’une servante ait reconnu l’Apôtre auprès du feu ; il se contente de dire : « La portière dit à Pierre : n’es-tu pas aussi l’un des disciples de cet homme ? Non, répondit-il. » Ensuite cet évangéliste nous raconte ainsi ce qu’il a cru devoir rapporter de ce qui se passa à l’égard de Jésus, dans cette même maison : « Or les serviteurs se tenaient auprès du feu et se chauffaient, parce qu’il faisait froid ; Pierre était avec eux et se chauffait aussi. » Il faut supposer qu’avant ceci Pierre était sorti et rentré ; avant sa sortie il était assis auprès du feu ; après son retour il se tenait debout.

24. On m’objectera peut-être qu’il n’était pas sorti, mais qu’il s’était levé pour sortir. Pour soutenir cette assertion, il faut admettre que ce fut en dehors de la cour que Pierre fut interrogé et répondit – pour la seconde fois. Voyons la suite du récit de saint Jean : « Or, le grand-prêtre interrogea Jésus au sujet de ses disciples et de sa doctrine ; Jésus lui répondit : J’ai parlé publiquement au monde, j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple où tous les Juifs se rassemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge ceux qui ont entendu ce que je leur ai dit : ceux-ci savent ce que j’ai dit. Il avait à peine prononcé ces paroles, que l’un des serviteurs lui donna un soufflet en disant : Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ? Jésus lui dit : Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal que, j’ai dit ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? Anne le fit donc garrotter et conduire à Caïphe. » On voit ici qu’Anne était grand-prêtre, car Caïphe n’était pas là, quand il fut dit au Sauveur : « Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ? » Saint Luc, au commencement de son Évangile, parle aussi d’Anne et de Caïphe comme étant tous deux grands-prêtres[1]. Après ces paroles, saint Jean reprend le récit du reniement de saint Pierre et nous reporte ainsi à la maison où tout ce qu’il vient de dire s’est passé, et d’où Jésus fut envoyé chez Caïphe, vers qui on le conduisait dès le début, au rapport de saint Matthieu. Après avoir fait une sorte de récapitulation, saint Jean complète ainsi le narré du troisième reniement : « Or, Simon Pierre se tenait debout et se chauffait. Ils lui dirent : N’es-tu pas aussi l’un de ses disciples ? Pierre nia et répondit : Je ne le suis pas. » Il suit de là que ce n’est pas au-dehors, mais auprès du feu qu’eut lieu cette seconde négation ; et puisqu’il était sorti, il avait donc dû rentrer. Ce n’est pas après sa sortie et au-dehors, que la servante le vit, c’est quand il était déjà levé pour sortir ; c’est alors qu’elle l’aperçut et dit à ceux qui étaient là, c’est-à-dire auprès du feu dans la cour : « Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. » Pierre qui sortait alors, entendant cette apostrophe, rentra et dit avec serment à ceux qui l’entouraient, et prenaient parti pour la servante : « Je jure que je ne connais pas cet homme. » Saint Marc, parlant de la même servante, raconte qu’elle dit à ceux qui étaient là : « Celui-ci est du nombre de ses disciples. » Ce n’est pas à Pierre qu’elle s’adressait, mais à ceux qui pendant son départ restaient, et elle le disait de manière que l’apôtre pût entendre. Pierre rentra, s’approcha du feu sans s’asseoir et réfutait les attaques par des négations. Saint Jean raconte : « Ils lui dirent : N’es-tu pas un de ses disciples ? » Au moment où cette question lui était faite, Pierre rentrait et se tenait debout, et voilà ce qui nous explique

  1. Luc. 3, 2