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Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur ; parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante ; et voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse ; car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, lui dont le nom est saint, et dont la miséricorde se répand d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de bon bras ; il a dissipé ceux qui s’enflaient d’orgueil dans les pensées de leur cœur ; il a renversé les grands de leurs trônes, et il a élevé les petits ; il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et renvoyé vides ceux qui étaient riches ; il a pris en sa protection Israël, son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, selon la promesse qu’il en avait donnée à nos pères, à Abraham et à sa postérité dans tous les siècles. Or Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle retourna en sa maison[1]. – Elle se trouva grosse, ayant conçu du Saint-Esprit. Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer, résolut de la quitter secrètement. Mais, comme il était dans cette pensée, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse ; car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus ; car ce sera lui qui sauvera son peuple en le délivrant de ses péchés. Or tout ceci s’est fait pour accomplir ce que le Seigneur avait dit par le prophète en ces termes : Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. Joseph s’étant donc éveillé fit ce que fange du Seigneur lui avait ordonné et prit son épouse avec lui ; et il ne l’avait point connue[2]. Cependant le temps auquel Élisabeth devait accoucher arriva, et elle mit au monde un fils. Ses parents et ses amis ayant appris que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde sur elle, l’en félicitaient. Et le huitième jour, étant venus pour circoncire l’enfant, ils le nommaient Zacharie, du nom de son père. Mais la mère prenant la parole : Non, « dit-elle, il sera appelé Jean. Ils lui répondirent : Il n’y a personne dans votre famille qui porte ce nom. En même temps ils firent signe au père pour lui demander comment il voulait qu’on le nommât. Le père s’étant fait apporter des tablettes, écrivit : Jean est son nom. Et tous demeurèrent dans l’étonnement. Car aussitôt la bouche de Zacharie s’ouvrit, sa langue se délia et il parlait en bénissant Dieu. Tous ceux qui habitaient les lieux voisins furent remplis de crainte, et le bruit de ces merveilles se répandit dans tout le pays des montagnes de Judée. Tous ceux qui les entendirent les conservèrent dans leur cœur, et ils disaient : Que penses-tu que sera cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui. Et Zacharie son père, fut rempli de l’Esprit-Saint, et prophétisa en disant : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple ; de ce qu’il nous a suscité un puissant Sauveur, dans la maison de David son serviteur ; selon la parole qu’il avait donnée, par la bouche de ses saints prophètes qui ont vécu dans les siècles passés, de nous délivrer de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous haïssent, pour exercer sa miséricorde envers nos pères et se souvenir de son alliance sainte : selon le serment par lequel il a juré à Abraham notre père de nous accorder la grâce de le servir sans crainte, étant délivrés des mains de nos ennemis et marchant devant lui dans la sainteté et la justice tous les jours de notre vie. Pour toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Très-Haut : car tu marcheras devant le Seigneur et tu prépareras ses voies ; afin d’enseigner à son peuple la science du salut, pour la rémission de ses péchés, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles le Soleil levant est venu d’en haut nous visiter ; afin d’éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et les ombres de la mort, et de diriger nos pieds dans le chemin de la paix. Cependant l’enfant croissait et se fortifiait en esprit : et il demeurait dans le désert jusqu’au jour où il devait paraître devant le peuple d’Israël. Or il arriva qu’en ce même temps, « on publia un édit de César Auguste pour faire le dénombrement des habitants de toute la terre. Ce premier dénombrement se fit par Cyrinus, gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire enregistrer chacun dans la ville dont il était. Alors Joseph partit aussi de la ville de Nazareth, qui est en Galilée, et vint en Judée, à la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il

  1. Luc. 1, 5-36
  2. Mat. 1, 18-25