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écrit : « Si tu désires la sagesse, observe les commandements, et le Seigneur te la donnera[1] » ; ce qui, chez l’homme qui n’a pas encore pratiqué l’humilité de l’obéissance, refoule toute prétention à s’élever jusqu’à la hauteur de la sagesse, à laquelle il ne saurait atteindre que par degrés. Qu’il écoute ce qui est dit ailleurs : « Ne cherche point ce qui est au-dessus de toi, n’examine point curieusement ce qui dépasse tes forces, mais que ta pensée soit toujours occupée des ordres du Seigneur[2] ». C’est ainsi que par l’obéissance aux préceptes l’homme arrive à la science des vérités les plus cachées. Après avoir dit : « Que votre pensée s’occupe des ordres du Seigneur », l’écrivain sacré ajoute semper, « toujours », parce qu’il faut observer l’obéissance pour garder la sagesse, et qu’après avoir acquis la sagesse il ne faut pas négliger l’obéissance. Ce sont donc les membres spirituels du Christ qui disent : « J’ai compris par vos commandements ». C’est en effet le langage que peut tenir le corps du Christ dans ceux qui ont observé les commandements de Dieu et acquis ainsi une sagesse supérieure. « C’est pourquoi j’ai eu en horreur toute voie d’iniquité », dit le Prophète ; et en effet, l’amour de la justice c’est la haine de tout mal ; amour qui s’accroît à mesure qu’il est enflammé par la douceur de la sagesse, et Dieu la donne à quiconque lui obéit et s’instruit par ses commandements.

VINGT-TROISIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME 118

LA VÉRITABLE LUMIÈRE.

On appelle flambeau ce qui ne s’allume qu’à la véritable lumière qui est le Christ. Cette parole qui est un flambeau, c’est la parole de l’Évangile prédite par les Prophètes, prêchée par les Apôtres. Elle a déterminé le Prophète à garder les décrets de la justice, par celte foi si persécutée, et pour laquelle il demande à Dieu la vie selon sa parole, c’est-à-dire la vie de l’âme par une pureté toujours croissante. Il veut que cette âme soit entre es mains de Dieu ; il l’offre afin qu’elle échappe aux pièges des pécheurs. Ces témoignages acquis par héritage lui viennent de Dieu notre Père, à qui nous devons rendre témoignage par la charité qui est éternelle.


1. Il faut avec la grâce de Dieu approfondir et vous exposer quelques versets de notre psaume dont le premier est celui-ci : « Votre parole est un flambeau qui guide mes pas, une lumière dans mon sentier[3] ». Le mot « flambeau » est répété dans « lumière », et « mes pas » répété « dans mon sentier ». Que signifie cette parole ou ce Verbe ? Est-ce bien ce Verbe qui, dès le commencement, était Dieu et en Dieu, ce Verbe par qui tout a été fait[4] ? Point du tout ; car ce Verbe est la lumière, et non un flambeau, et tout flambeau est créature, et non Créateur ; il ne s’allume qu’au contact de l’immuable lumière. C’est là ce qu’était Jean, dont le Verbe de Dieu a dit : « Il était une lampe ardente et brillante[5] ». Toutefois cette lampe était aussi lumière, et néanmoins, en comparaison du Verbe dont il est dit : « Le Verbe était Dieu », il n’était point la hum ère, mais seulement envoyé pour rendre témoignage à la lumière. La lumière véritable n’était point celle qui reçoit la lumière d’ailleurs, à l’imitation des hommes, mais celle qui éclaire tout homme[6]. Et cependant, si le flambeau n’était aussi lumière, le Sauveur ne dirait point aux Apôtres : « Vous êtes la lumière du monde[7] ». Mais de peur que cette parole ne leur persuadât qu’ils étaient lumière dans le même sens qu’il avait dit de lui : « Je suis la lumière du monde[8] », voilà qu’il leur dit d’eux-mêmes : « Une ville placée sur une montagne ne saurait être cachée, et on n’allume point un flambeau pour le placer sous le boisseau, mais sur un candélabre, afin qu’il éclaire tous ceux qui sont dans la maison ; ainsi que votre

  1. Sir. 1,26
  2. Id. 3,22
  3. Ps. 118,105
  4. Jn. 1,1
  5. Id. 5,35
  6. Jn. 1,1-9
  7. Id. 8,12
  8. Mt. 5,14