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C’est de là, qu’après sa résurrection, il s’est assis à la droite de son Père, où il était auparavant. Mais qu’arriva-t-il depuis qu’il est assis à la droite de Dieu ? Par quel moyen ses ennemis sont-ils réduits à lui servir de marchepied ? Écoutez ce qu’il nous enseigne lui-même en nous l’exposant : « On prêchera en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem[1] » : car « le Seigneur fera sortir de Sion le sceptre de votre puissance ». « Le sceptre de votre puissance », c’est-à-dire le règne de votre force ; « car vous les gouvernerez avec un sceptre de fer[2] : le Seigneur le fera sortir de Sion », car « on commencera par Jérusalem ».
11. Qu’arrivera-t-il, quand le Seigneur aura fait sortir de Sion le sceptre de votre vertu ? « Vous dominerez au milieu de vos ennemis[3] ». Tout d’abord « vous régnerez au milieu de vos ennemis », au milieu des nations frémissantes. Quand en effet les saints seront eu possession de leur gloire, et les méchants sous le coup de leur condamnation, est-ce encore au milieu de ses ennemis que régnera le Christ ? Qu’y a-t-il d’étonnant qu’il domine alors, puisque les justes régneront avec lui, et que les impies seront dans les flammes éternelles ? Commuent s’étonner qu’il règne alors ? Maintenant donc c’est au milieu de vos ennemis, maintenant dans le cours des siècles qui passent, dans la reproduction et la succession de l’humaine mortalité, pendant que le temps s’écoule comme un torrent, votre sceptre est sorti de Sion pour établir votre domination sur vos ennemis. Régnez donc, oui régnez sur les païens, sur les Juifs, sur les hérétiques, sur les faux frères. Régnez, régnez, fils de David, Seigneur de David, régnez au milieu des païens, au milieu des Juifs, au milieu des faux frères. « Régnez au milieu de vos ennemis ». Nous ne comprenons ce verset qu’en le voyant s’accomplir dès maintenant. Asseyez-vous donc à la droite de Dieu, tenez-vous caché, afin que l’on croie en vous, jusqu’à ce que le temps des nations soit accompli. Car voici ce qui est écrit : « Le ciel devait le recevoir jusqu’à ce que fût accompli le temps des nations[4] ». Vous n’êtes mort que pour ressusciter, ressuscité que pour monter au ciel, monté au ciel que pour vous asseoir à la droite de Dieu ; c’est donc pour vous asseoir à la droite de votre Père que vous êtes mort. La mort amène ainsi la résurrection, le résurrection l’ascension, et l’ascension vous fait asseoir à la droite de Dieu. Tout cela commence à la mort. Cette ineffable splendeur a pour base l’humilité. C’est donc pendant que vous siégez à la droite de votre Père, que s’accomplissent les temps des nations, et que vos ennemis sont l’escabeau de vos pieds : afin qu’un si grand ouvrage s’achève, dominez d’abord au milieu de vos ennemis. C’est pour cela en effet que « le Seigneur fera sortir de Sion le sceptre de votre puissance » ; puisque c’est pour amener votre mort, et par votre mort effacer la cédule de nos péchés[5], afin que la pénitence et la rémission des fautes soit prêchée dans toutes les nations[6] à partir de Jérusalem ; c’est pour cela que les Juifs sont tombés dans l’aveuglement. L’aveuglement des uns devient la lumière des autres. « L’aveuglement donc est tombé sur une partie d’Israël, afin que la plénitude des nations entrât, et qu’ainsi tout Israël fût sauvé[7] ». « Cet aveuglement sur une partie d’Israël » a causé votre mort ; une fois mort vous êtes ressuscité, pour laver dans votre sang les péchés des nations ; assis à la droite de votre Père, vous avez recueilli de toutes parts ceux qui souffraient et cherchaient en vous un refuge. « Donc l’aveuglement est tombé sur une partie d’Israël, jusqu’à ce que la plénitude des nations entrât, et qu’ainsi tout Israël fût sauvé », et que tous vos ennemis fussent l’escabeau de vos pieds. Voilà ce qui s’accomplit aujourd’hui, que sera-ce plus tard ?
12. « Avec vous est le commencement au jour de votre puissance[8] ». Quel est pour le Christ ce jour de sa puissance ? Quand le commencement sera-t-il avec lui ? Quel commencement, ou de quelle manière le commencement sera-t-il avec lui, puisqu’il est lui-même le commencement ? Que Dieu me soit en aide, afin qu’il n’y ait rien d’obscur ni pour moi qui explique, ni pour vous qui écoutez. Je vois ce qui est déjà fait, je le vois avec vous des yeux de la foi : les yeux du corps me montrent ce qui se fait maintenant, et les yeux de la foi me font espérer dans l’avenir. Qu’est-ce donc qui est déjà fait ? qu’est-ce qui s’accomplit maintenant ? que doit-il arriver un jour ? Le Christ a souffert, il est

  1. Lc. 24,47
  2. Ps. 2,9
  3. Id. 109,2
  4. Act. 3,21
  5. Col. 2,14
  6. Lc. 24,47
  7. Rom. 11,25
  8. Ps. 109,3