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nouvelle, le passé n’est plus, tout a été renouvelé et tout vient de Dieu[1] ». Qu’est-ce à dire : « Tout vient de Dieu ? » Et ce qui est ancien et ce qui est nouveau, car votre souvenir passe de génération en génération. « Et le peuple qui sera créé bénira le Seigneur. « Car il a regardé du haut de son sanctuaire[2] ». Il a regardé d’en haut, afin de venir vers les humbles ; d’élevé qu’il était, il s’est fait humble, afin d’élever les humbles.

DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME 101

DEUXIÈME PARTIE DU PSAUME.

LES CONSOLATIONS DE L’ÉGLISE.

Ceux qui ont les fers aux pieds, sont ceux que retient la crainte du Seigneur ; or, le Seigneur écoute leurs gémissements ; il délivre par sa grâce les fils des martyrs. Alors le nom du Seigneur fut annoncé en Sion ; l’homme comprit son avenir, tons les peuples bénirent le vrai Dieu ; la vie pure des hommes, la sainteté en Jérusalem a été le fruit de cette prédication. C’est par là que l’Église a répondu au Christ dans sa force, ou après la résurrection, et en rassemblant tes peuples dans l’unité. L’Église, nous dit l’hérésie, n’est plus celle de toutes les nations, cette Église a péri. Pourtant Jésus-Christ devait être avec elle jusqu’à la consommation des siècles ; et si cette Église demande aujourd’hui de connaître ses jours peu nombreux, c’est que ces jours qui doivent se prolonger jusqu’à la fin des siècles, alors que l’Évangile sera prêché à tous les peuples, ne sont rien en comparaison de l’éternité, de ces années de Dieu, sans passé, sans avenir, qui ne s’écoulent point, car elles sont elles-mêmes Celui qui est. Ces années de Dieu passent de génération en génération, c’est-à-dire qu’elles sont le partage des saints de chaque génération, en Adam d’abord, puis chez les patriarches, puis chez les nations chrétiennes, tandis que la terre doit finir ainsi que les cieux. Déjà ont péri par le déluge les cieux inférieurs ; les cieux supérieurs ou les saints périront d’une manière corporelle, pour être revêtus d’immortalité, tandis que Dieu ne passera point. Ces cieux donc habiteront avec Dieu, et ces fils de ses serviteurs, sont nos bonnes œuvres qui doivent nous préparer la véritable vie.


1. Hier, nous avons entendu un pauvre prier et gémir ; nous avons reconnu en lui celui qui étant riche[3] est devenu pauvre, ainsi que les membres qui lui sont unis et qui parlent en la personne de leur chef. Car nous sommes là aussi, nous l’avons vu, si toutefois, par sa grâce, nous sommes quelque chose. Or, les paroles de gémissements cessaient pour faire place aux paroles de consolation, mais il nous était impossible hier de vous les exposer plus longuement. Écoutons dans ce qui nous reste à traiter, non plus le pauvre qui gémit, mais le pauvre qui tressaille, et qui tressaille parce qu’il espère, et qui espère parce qu’il ne présume point de lui-même. Il avait annoncé dans les divines Écritures le bonheur dont peuvent jouir les hommes, et il ajoute : « Que ceci soit écrit pour la génération à venir, et le peuple qui croira, bénira le Seigneur, parce qu’il a regardé du haut de son sanctuaire[4] ». C’est jusque-là que se prolongea hier notre discours, voyons la suite.
2. « Des hauteurs du ciel le Seigneur a jeté les yeux sur la terre pour écouter les gémissements de ceux qui ont les fers aux pieds, et délivrer les enfants de ceux qu’on a égorgés[5] ». Nous trouvons dans un autre psaume « Que les gémissements de ceux qui ont les fers aux pieds s’élèvent jusqu’à vous[6] » ; et le psaume qui parle ainsi s’entend des martyrs. Comment les martyrs ont-ils les fers aux pieds ? Leurs membres n’étaient-ils pas chargés de chaînes, plutôt que leurs pieds entravés ? Nous lisons en effet qu’on enchaînait les saints martyrs de Dieu, et qu’on les traînait derrière des juges de province en province, nous ne lisons pas qu’ils avaient les fers aux pieds. Nous connaissons aussi les entraves de la discipline et de la crainte de Dieu,

  1. 2 Cor. 5,17-18
  2. Ps. 101,20
  3. 2 Cor. 8,9
  4. Ps. 101,19-20
  5. Id. 21
  6. Id. 78,11