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nouvelle et plus dangereuse tentation. Offrez donc à Dieu, pour lui, vos prières par la médiation du Sauveur. Que chacun de vous conjure aujourd’hui le Seigneur de lui faire miséricorde ; car nous savons, et nous en sommes sûrs, que vos prières effacent toutes ses impiétés. Que Dieu soit avec vous !


DISCOURS SUR LE PSAUME 62

SERMON AU PEUPLE.

DÉVOUEMENT A DIEU.

Ce psaume est une prophétie, qui concerne le Messie personnifié dans ses membres. Figuré par David, le chrétien se trouve, en cette vie, comme dans un désert aride, où rien ne saurait satisfaire ses désirs ; aussi a-t-il soin de s’unir à Dieu par ses pensées, ses affections et ses espérances. Pour sa récompense, il reçoit les consolations divines en ce monde, et jouira, dans l’autre, de l’éternelle béatitude. Au souvenir de ses immortelles destinées, il redouble ses prières et ses bonnes œuvres pour obtenir les bénédictions célestes, la sagesse, la vigueur de l’âme, la possession de Dieu, et dans le sentiment de tranquillité que lui inspire sa confiance en Dieu, il oublie ses épreuves et délie ses ennemis.


1. Il en est peut-être parmi vous, qui ne connaissent pas encore suffisamment le Christ ; car celui qui a répandu son sang pour tous les hommes, choisit ses serviteurs dans tous les rangs de la société ; c’est pourquoi je veux aujourd’hui vous parler de manière à être agréable à ceux qui ont déjà la science de la religion, et à instruire ceux-là mêmes qui n’ont pas encore du Sauveur une connaissance parfaite. Les psaumes que nous chantons ont été composés et écrits sous l’inspiration de l’Esprit-Saint bien avant l’époque où Notre-Seigneur Jésus-Christ est né de la Vierge Marie. David, auteur de ces psaumes, régna sur la nation juive ; c’était, de tous les peuples de l’univers, le seul qui reconnût l’unité de Dieu, et l’adorât, dans cette conviction, comme le Créateur du ciel, de la terre, de la mer, et de tous les êtres visibles ou invisibles qu’ils renferment. Pour les autres nations, elles se prosternaient, non pas aux pieds du divin Auteur de l’univers, mais devant des créatures ou devant des idoles fabriquées de mains d’hommes ; ainsi, elles rendaient le culte suprême au soleil, à la lune, aux étoiles, à la mer, aux montagnes ou aux arbres. Ce sont autant de merveilles sorties des mains du Très-Haut, et dans la pensée de l’Eternel elles doivent nous porter à l’adorer lui-même ; mais nous ne serons jamais en droit d’en faire l’objet de notre culte et de les adorer à sa place. David régna donc sur le peuple juif ; et il fut la souche de cette famille au sein de laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ prit naissance par la Vierge Marie[1] ; car celle qui est devenue la Mère du Sauveur, descendait de la race royale de David[2]. Ce saint roi composa nos psaumes, et, dans ses admirables cantiques, il annonça le Christ, qui ne devait venir que bien plus tard en ce monde ; les Prophètes ont aussi prédit ce qui le concernait, longtemps avant que la Vierge Marie lui donnât le jour selon la chair ; ils ont prédit ce qui devait arriver de notre temps, et tes événements dont nous lisons aujourd’hui le récit ; nous en sommes les témoins oculaires ; et l’accomplissement de leurs prédictions doit nous remplir de joie. Ces saints personnages ont annoncé d’avance ce qui fait le sujet de nos espérances les plus vives ; ils ne pouvaient en contempler l’accomplissement que dans un esprit prophétique, puisqu’ils en étaient si éloignés ; pour nous, nous en lisons l’histoire, nous en entendons le narré ; nous nous en entretenons, et, dans l’univers entier, nous trouvons la preuve évidente que toutes les paroles contenues dans l’Écriture se sont littéralement vérifiées. Y en aurait-il parmi nous un seul pour ne pas se réjouir ? Tant

  1. Rom. 1,3
  2. Lc. 11,7