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quelque gloire. « Qu’ils disent : Gloire à Dieu à jamais ». Tu es pécheur, bénis-le, afin qu’il t’appelle ; tu confesses tes fautes, bénis-le, afin qu’il te lardonne ; tu marches déjà dans la justice, bénis-le, afin qu’il te dirige ; tu persévères jusqu’à la fin, bénis-le, afin qu’il te glorifie. « Gloire donc au Seigneur, toujours gloire ». Que tel soit le refrain des justes, le refrain de ceux qui cherchent le Seigneur. Quiconque ne tient pas ce langage ne le cherche point. Voilà : « Gloire à Dieu. Qu’ils tressaillent en vous, qu’ils soient dans l’allégresse, ceux qui le cherchent, et qu’ils disent : « Gloire au Seigneur à jamais, tous ceux qui aiment votre salut » : non pas leur salut, comme s’ils pouvaient se sauver eux-mêmes ; non comme si le salut venait de l’homme et que l’on pût être sauvé par lui : « Gardez-vous », est-il dit, « de mettre votre confiance dans les princes, dans les fils des hommes, en qui le salut n’est pas[1] ». Pourquoi ? « Le salut est l’œuvre du Seigneur, et votre bénédiction est sur votre peuple[2] ». Donc « gloire à Dieu à jamais ». Quels hommes parlent ainsi ? « Ceux qui aiment votre salut ».
7. « Voilà que le Seigneur sera glorifié et toi ne le seras-tu jamais nulle part ? Quelque peu en lui, nullement en moi-même ; mais si toute ma gloire est en lui, c’est lui qui sera glorifié, et pas moi. Mais qu’es-tu donc ? « Pour moi je suis un pauvre, un indigent[3] ». Pour Dieu, il est riche, il nage dans l’abondance, il n’a besoin de rien. Voilà ma lumière ; ce qui m’éclaire, c’est que je m’écrie : « C’est vous, Seigneur, qui allumerez mon flambeau ; ô mon Dieu, vous éclairerez mes ténèbres[4]. C’est Dieu qui délie les captifs ; Dieu qui relève les blessés Dieu qui rend aveugles les sages ; Dieu qui veille sur les prosélytes[5] ». Et toi donc ? « Moi je suis pauvre et indigent e. Je suis comme l’orphelin ; et mon âme est comme une veuve dans la désolation et dans l’isolement : je cherche du secours ; et je confesse toujours mon infirmité. « Pour moi je suis pauvre et indigent ». Mes péchés m’ont été pardonnés, j’ai commencé à suivre les préceptes du Seigneur : et pourtant je suis encore pauvre et indigent. Pourquoi pauvre et indigent ? « Parce que je ressens dans mes membres une autre loi qui résiste à la loi de mon esprit[6] ». Pourquoi pauvre et indigent ? Parce que, « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice[7] ». J’ai encore faim, encore soit : Dieu diffère, mais ne refuse point de me rassasier. « Je suis pauvre et indigent : Seigneur, secourez-moi ». C’est par là qu’il a commencé : « O Dieu, soyez attentif à me secourir. Seigneur, secourez-moi ». On peut très bien dire de Lazare qu’il fut secouru : ce pauvre, cet indigent, qui fut porté dans le sein d’Abraham[8]. Il est le symbole de l’Église de Dieu, qui doit sans cesse confesser qu’elle a besoin de secours. Voilà ce qui est vrai, ce qui est pieux. « J’ai dit au Seigneur : Vous êtes mon Dieu ». Pourquoi ? « Parce que vous n’avez pas besoin de mes biens[9] ». Il n’a nul besoin de nous, mais nous avons besoin de lui, c’est pour cela qu’il est véritablement notre Seigneur. Car toi, tu n’es pas pleinement le maître de ton serviteur : tous deux vous êtes hommes, tous deux vous avez besoin de Dieu. Si tu crois que ton serviteur a besoin de toi pour lui donner du pain, toi aussi tu as besoin de ton serviteur pour t’aider dans ton travail. Vous avez l’un de l’autre un besoin réciproque. Nul d’entre vous n’est donc complètement maître, nul complètement serviteur. Écoute le vrai maître dont tu es le vrai serviteur : « J’ai dit au Seigneur « Vous êtes mon Dieu ». Pourquoi êtes-vous mon Seigneur ? « Parce que vous n’avez nul besoin de mes biens ». Qu’es-tu donc, toi ? « Moi je suis pauvre et indigent ». Voilà le pauvre, l’indigent : que Dieu le nourrisse, que Dieu le soulage, que Dieu lui vienne en aide : « Seigneur », dit le Psalmiste, « secourez-moi ».
8. « Vous êtes mon secours, mon Sauveur, ô mon Dieu ; ne tardez point ». Vous êtes mon aide, mon libérateur : j’ai besoin de secours, aidez-moi ; je suis dans l’embarras, délivrez-moi. Nul autre que vous ne peut me tirer de cet embarras. Nous sommes enlacés dans les nœuds de soins divers ; de part et d’autre nous sommes déchirés comme par des aiguillons et des épines, nous marchons dans l’étroit sentier ; nous sommes arrêtés par les buissons : disons alors à Dieu : « C’est vous mon libérateur ». Celui qui nous a montré la voie étroite[10], me l’a fait suivre. Que cette parole, mes frères, soit toujours la nôtre. Si longtemps que nous ayons vécu ainsi, quels

  1. Ps. 145,2-3
  2. Id. 3,9
  3. Id. 69,6
  4. Id. 17,29
  5. Id. 145,7
  6. Rom. 7,23
  7. Mt. 5,6
  8. Lc. 16,22
  9. Ps. 15,2
  10. Mt. 7,14