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moi dans le sein d’une mère ? » enfantés par les sacrements : tous ont reçu les mêmes enseignements, c’est la même foi pour tous. « Tous, n’avons-nous pas été formés de la même manière ? » L’un ne renonce pas au péché autrement que l’autre, quand c’est pour servir Dieu sans partage.
18. « Et dès le sein de ma mère j’ai été leur guide. » Dès son berceau l’Église a opéré ces merveilles.
19. « Si j’ai laissé sans le vêtir, l’homme nu près d’expirer. » Si je n’ai point inspiré la confiance en la rémission des péchés, et que je n’en aie point couvert comme d’un vêtement la honteuse nudité du pécheur près de périr. Car la multitude de ses péchés le conduit au désespoir. De là cette parole : « Et dont les péchés ont été couverts[1]. »
20. « Si les épaules.dumalade ne me bénissent point. » L’espérance de l’immortalité les a couverts comme un manteau ; mais de peur que la confiance produite par le pardon des péchés ne leur fasse oublier les peines passées, et, ne les porte à désirer les biens temporels, il ajoute : « La toison de mes brebis les a réchauffés. » Les espérances du monde n’attiédiront plus leur âme, si ces réflexions les conduisent à mépriser les biens temporels, à l’exemple des brebis dépouillées de leur toison[2].
21. « Si j’ai levé le bras contre l’orphelin », qui ne rencontrant plus son père, pouvait suivre un homme ou une créature quelconque. « Fier de la puissance dont j’étais environné ; » voulant m’élever au-dessus de tous.
22. « Que mon épaule tombe séparée de mon corps. » Ainsi arrive-t-il à ceux qui se séparent de l’Église. Pendant qu’ils veulent s’imposer au peuple, ils sont eux-mêmes retranchés. L’épaule ou le bras désigne ici les actions.
23. « La crainte m’a retenu », pour ne point lever le bras contre l’orphelin. « Et je ne pourrais en soutenir le poids », si je voulais opprimer l’orphelin.
24. « Si j’ai placé dans l’or ma puissance ai-je présumé de la science ou de la sagesse de Dieu ? « Si j’ai mis ma confiance en mes pierreries », c’est-à-dire en mes œuvres.
25. « Si j’étais au comble de la joie, en voyant s’accroître mes revenus ; » comme si tout venait de moi, car celui qui se glorifie doit se glorifier dans le Seigneur[3]. « Si j’ai fait reposer le bonheur de mon âme en mes innombrables richesses ; » parce que j’étais aimé de tous. Après ces quatre membres de phrases, il faut sous-entendre : « que mon épaule tombe séparée de mon corps. »
27. « De secrètes déceptions ont affligé mon cœur. » Voici l’ordre de la phrase : « Si j’ai fait reposer le bonheur de mon âme en mes innombrables richesses, de secrètes déceptions ont aussi affligé mon cœur. » Si j’ai écouté les pensées d’une aussi coupable présomption. « Si j’ai porté la main à la bouche, pour la baiser : » si j’ai mis toute ma complaisance en mes propres actions.
29. « Si j’ai triomphé de la ruine de mon ennemi. » Ainsi les ennemis de l’Église se réjouissent de ses malheurs.
30. « Que mon oreille entende les malédictions prononcées contre moi. » Que ces malédictions me pénètrent de douleur. « Que je sois un objet de mépris parmi mon peuple:» parmi le peuple saint qu’il en soit séparé avec dérision.
31. « Si mes servantes ont souvent répété : » les flatteurs. « Qui nous rassasiera de ses chairs ? Tant j’étais bon ! » lis enviaient cette prospérité temporelle qu’ils voyaient en moi. On ne doit pas toutefois me rendre responsable de leur langage ; car ce n’était point pour le leur inspirer que je me montrais bon.
32. « L’étranger ne restait point mouillé à ma porte : » je recevais celui qui était étranger dans le monde.
33. « Si après avoir.péchévolontairement, j’ai caché mon péché. » Nos péchés sont volontaires depuis que nous avons connu la vérité[4].
34. « Ou si j’ai laissé sortir le pauvre les mains vides de ma maison : » s’il est sorti de ma maison, parce que rien n’a été déposé dans ses mains.
35. « Qui me donnera quelqu’un : pour m’entendre ? » Qui pourra me faire écouter ? « Si je n’ai pas redouté la main du Seigneur : » celle qui a écrit : « Si vous ne pardonnez pas, votre Père ne vous pardonnera pas[5]. – Si j’ai ma sentence écrite : » Voici l’ordre : « Si j’ai ma sentence écrite ;
36. « Et si je ne l’arrache point au-dessus de mes épaules, elle sera ma couronne, et je la lirai en l’élevant au-dessus de mes épaules : » j’en serai couronné et je la lirai publiquement, c’est-à-dire contre moi-même. « Je t’exposerai à tes propres yeux[6]. » Je serai confondu par le

  1. Psa. 30, 1
  2. Can. 4, 2
  3. 2Co. 10, 17
  4. Heb. 10, 25
  5. Mat. 7, 15
  6. Psa. 49, 21