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d’argile. » Ainsi j’ai besoin de votre miséricorde. « Et que vous me ferez retourner en terre », par la mort qui est la peine du péché.
10. « N’avez-vous pas épaissi ma substance comme le lait ? » C’est que Dieu témoigne sa miséricorde aux mortels, dès le moment même où il les forme de la substance informe de leurs parents.
13. « Vous contenez tous ces trésors en vous-même, et vous pouvez tout. » Telle est leur bonté, qu’ils produisent les principes vivants de la chair.
14. « Si je commets le péché, vous me protégez encore », soit pour ne point me perdre, soit pour ne point me laisser ignorer mon péché.
15. « Et si je suis juste, à peine osè-je respirer », devant les autres hommes : car vous découvrez des péchés qu’ils ne peuvent connaître. « Je suis couvert de confusion », en votre présente.
16. « Je suis pris comme le lion que l’on conduit à la mort. » C’est le péché d’orgueil que les hommes ne voient point, et qui peut se glisser même dans les actions dignes de louanges. « Et « vous avez changé de nouveau pour me tourmenter cruellement. » Après.la peine du péché qui a soumis l’homme à la mort. Il parle ici des maux que les hommes ont à souffrir ici-bas : la plupart nous arrivent subitement, et troublent le repos que donnent à la vie présente la santé et la paisible possession des biens temporels, qu’on reçoit de la bonté divine.
17. « Ranimant contre moi mon supplice. » Car c’est déjà une peine que d’être sujet à la mort, et cette peine produit les autres tribulations.
18. « Pourquoi donc m’avez-vous tiré du sein de ma mère ? » D’une condition obscure à un rang illustre ; ce rang est à lui seul la source d’une misère plus grand, quand on en est précipité. Il a déjà plus haut rappelé cette naissance.
19. « J’eusse été comme n’étant point », complètement ignoré. De là cette parole : « Il appelle ce qui n’est pas, comme ce qui est[1] », au point de vue de la réputation.
20. « Est-ce que ma vie n’est point de courte durée ? » Si je ne suis point mort, ce n’est pas que ma vie soit longue, car elle est assurément peu de chose. « Laissez-moi donc me reposer quelques instants ; » après la bonté que vous m’avez témoignée en me formant de l’argile, en me condamnant à mourir quand je me suis corrompu, en me consolant après cette condamnation même et en m’éprouvant ensuite par les afflictions. Souffrez donc que je me repose en vous.
21. « Avant d’aller dans ces lieux de tourments d’où l’on ne peut revenir. » On peut échapper à ces.autrespeines dont il a été question, si l’on revient à Dieu. Il veut donc se reposer avant d’endurer les supplices éternels, c’est-à-dire, pour ne pas les endurer. Comme si l’on disait à quelqu’un corrige-toi avant d’être puni, évidemment, s’il se corrige, il ne sera point puni.
22. « Terre sans lumière, où l’on ne peut voir la vie de l’homme. » Cette vie de l’homme est là seulement où est la vraie lumière qui éclaire tous les hommes[2]. Ici donc est la terre des vivants, et là la terre des mourants.

CHAPITRE XI. – Reproches outrageants. Paroles de Sophar le Minéen.


2. « Suffira-t-il de bien parler, pour paraître juste ? » Sophar croit que Job est plus riche en paroles qu’en œuvres. « Bienheureux l’homme né pour peu de jours. » Il répète ce que l’autre vient de dire, pour lui montrer que ce n’est qu’une maxime vaine et insensée.
3. « Puisque personne ne te contredit. » Quand il parlait, personne ne le contredisait effectivement.
5. « Et comment Dieu lui-même pourrait-il te parler ? » Dis plutôt ce qui peut attirer sur toi sa miséricorde.
6. « Il se fera sentir à toi doublement : » par ses châtiments, par ses consolations. « Et tu le verras, le Seigneur n’a fait retomber sur toi que la juste punition de ton péché. » Après son châtiment, tu recevras ses lumières.
7. « As-tu pénétré dans le sanctuaire de la divinité ? » pour oser la condamner.
8. « Le ciel se perd dans les hauteurs ; que pourras-tu faire ? » pour en découvrir les secrets. Tu ne dois donc pas condamner Celui dont tu ne peux comprendre les œuvres.
10. « Qui peut lui dire : Qu’avez-vous fait ? » En vérité, tout est bien, si c’est Dieu qui l’a fait il ne peut faire que ce qui est bien.
11. « Il connaît les œuvres des méchants : » sans rien faire de méchant. Il veut faire comprendre combien Job, qu’il croit mauvais, a été insensé d’accuser Dieu : c’est ainsi qu’il interprète ses paroles.

  1. Rom. 4, 17
  2. Jn. 1, 9