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l’unité de la Trinité, car tout a été fait par le Fils, dans le Saint-Esprit. « Il s’avance sur les flots comme sur la terre. » Sur la terre, c’est-à-dire en affermissant son Église sur de fermes appuis au milieu des agitations du monde, ou bien en soumettant à sa puissance les pécheurs qui ne peuvent l’engloutir ; jamais il ne fléchit devant leurs efforts.
11. « S’il passe devant moi, je ne le verrai point. S’il est plus élevé que moi et qu’il m’étourdisse par la rapidité de sa course, je ne le connaîtrai pas. » Il faut donc qu’il compatisse à ma faiblesse et ne m’abandonne pas.
12. « S’il livre à la mort, qui pourra l’éditer ? » Il livre à la mort, quand il passe avec dédain, ou sans être connu ; et c’est bien la mort. – Pour l’âme que de ne pas connaître Dieu.
13. « Nul ne peut éviter les coups de sa colère. » Celle d’un autre peut être évitée par un plus puissant. « Il a assujetti tout ce qui est sous le ciel. » Il faut en excepter le ciel, c’est-à-dire la créature douée de raison, parce que si celle-ci s’était soumis à elle-même toutes les autres, jamais elle n’aurait pu être châtiée par les êtres qu’elle aurait soumis à sa puissance : mais comme c’est Dieu qui les lui a subordonnés, elle trouve en eux son châtiment, quand elle offense celui qui les lui a assujettis.
15. « Quand même je serais juste, il ne m’exaucera pas ; » si, en le priant je ; m’appuie sur ma sainteté. Car s’il compare mes mérites avec les saints qui sont près de lui immortels et immuables, il rejettera ma prière comme celle d’un criminel. Il est donc vrai que sa miséricorde m’est nécessaire. « J’implorerai son jugement », parce que je ne puis me croire juste moi-même, selon cette parole : « Je ne me juge point c’est le Seigneur qui est mon juge[1]. »
16. « Si je l’invoque et qu’il ne m’exauce point, je ne croirai pas qu’il ait entendu ma voix. » Lorsque je réclame son jugement, s’il ne m’exauce point, je ne croirai pas qu’il m’ait jamais exaucé, mais qu’il a prêté l’oreille à mes paroles pour des motifs secrets et non à cause de l’excellence de ma prière. Ou bien : je ne crois pas qu’il ne m’exauce point maintenant, puisqu’il m’a quelquefois exaucé. Voici encore une autre explication : S’il m’accorde ce que je demande, je croirai qu’il m’a exaucé, car si je ne le crois pas, bien que j’aie ce que j’ai demandé, je ne suis point exaucé ; ainsi la foi de celui qui prie serait le signe qu’il a été exaucé.
17. « De peur que je ne sois brisé dans la tempête : » aussi ai-je réclamé son jugement, de peur qu’il ne me brise dans la tempête. « Il a multiplié sur moi les tribulations, sans motif ; » je n’ai pu en connaître le motif. Voilà bien le langage d’un homme qui avoue que les châtiments de Dieu ne l’ont point changé, et qu’il peut être englouti par la tempête, c’est-à-dire, frappé d’un châtiment encore plus rigoureux.
18. « Il me laisse à peine respirer ; » tant est grand le nombre de mes afflictions.
19. « Parce qu’il est le Tout-Puissant, il l’emporte. » Il m’a vaincu, afin que je fasse sa volonté et non la Arienne. « Quand même je serais juste, l’impiété serait encore sur mes lèvres : » si je me croyais juste.
21. « Néanmoins la vie me sera ôtée. » Quand même j’ignorerais si j’ai agi avec impiété, on m’ôtera la vie ; on me condamnera à souffrir ce que je redoute, et à ne pas faire ce que je désire.
22. « Je n’ai dit qu’une seule chose : la colère brise le fort et le puissant. » C’est-à-dire, sis les hommes sont affligés, c’est afin que nul d’entre eux ne s’appuie sur ses propres foras, pour se croire puissant et redoutable.
23. « Car une longue mort.estle partage du méchant ; » et non une mort courte, comme celle du juste, lorsqu’il est dans la peine et tourné en dérision par les impies.
24. «La terre a été livrée aux mains de l’impie. » Les saints dans leur corps et non dans leur âme lui sont livrés, quand il les persécute, ou qu’il peut leur imposer ses volontés. On peut voir encore ici le pécheur tombant aux mains du démon dans sa nature mortelle. « Il prononce son jugement et ne le lui fait point connaître. » Le jugement du juste comme celui de l’impie n’est point connu en cette vie. Ou bien, il lui fait son jugement, il le punit en tenant pour lui cachés les décrets de sa Providence, selon cette parole : « Dans l’excès de sa colère, il l’abandonnera [2]. » Ou bien encore : il venge le juste en cachant à son persécuteur les décrets de sa justice, c’est-à-dire ceux de sa Providence, afin que l’impunité le conduise plus avant dans les pièges de son péché. « Et si ce n’est point lui, quel autre est-ce donc ? » Tout ceci peut s’entendre de Notre-Seigneur, qui fut tourné en dérision, et

  1. 1Co. 4, 3-4
  2. Psa. 9, 26