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parler de la demeure éternelle ou de sa propre conscience : c’est pourquoi il était assis devant sa porte.
19. « Voyez les chemins de Théman, les sentiers de Saba. » Il désigne ici ceux qui n’aiment que les biens de ce monde, sur lesquels il assure ne pas s’appuyer lui-même, ou mieux l’humanité qu’il représente.
20. « Et vous aussi, vous vous êtes impitoyablement élevés contre moi », pensant que l’homme est heureux s’il regorge des biens de ce monde. Ils l’insultaient en effet plutôt qu’ils ne compatissaient à ses maux.
21. « Mais voyez mes blessures et craignez ; » comprenez ce qu’elles signifient et craignez les châtiments à venir.
22. « Eh quoi ? que vous ai-je demandé et qu’ai-je besoin de votre force ? » car il souffre en la présence de Celui qui peut le guérir.
24. « Instruisez-moi, et je garde le silence. » Ils devaient être attentifs à ses enseignements, puisqu’ils ne pouvaient l’instruire.
25. « Mais je le vois, les paroles de l’homme véridique ont été en petit nombre sur vos lèvres. » Il appelle l’homme véridique celui qui par sa conversion est devenu un vrai modèle de pénitence, et dont ses amis imitaient peu le langage.
26. « Je n’implore point votre secours. » L’homme véritable n’implore que le secours de Dieu, et cet homme véridique aussi est celui qui avoue ses péchés : de là cette parole : « Celui qui pratique la vérité vient à la lumière[1]. – Je ne supporterai plus désormais les excès de votre langage ; » c’est la parole de Dieu qu’il veut seule accepter, c’est-elle qui doit le guider
27. « Et cependant vous vous attaquez à l’orphelin » voilà votre rôle : vous voulez m’injurier sans comprendre.ceque tout ceci signifie. Ils n’auraient pas dû insulter Job qui était en leur présence ; aussi dit-il : « Et cependant. »
28. « Maintenant, que vous me voyez, laissez-moi en repos ; » puisque vous ne pouvez m’instruire.
29.« Et recherchez désormais la justice. » Il leur avait d’abord semblé que le bon droit les faisait parler
30. « Car l’iniquité n’est point sur mes lèvres, et mon cœur n’a-t-il point médité la sagesse ? » Il n’a point accusé Dieu, dit-il, mais il a fait parler un homme qui s’accusait lui-même, comme déjà il nous l’a fait comprendre dans ses autres paroles. C’est ainsi qu’il a médité la sagesse.

CHAPITRE VII. – Nouvelles preuves de l’innocence de Job. — Grandeur de ses maux.


1. « La vie de l’homme sur la terre n’est-elle pas une épreuve ? » Il dit ici plus clairement ce qu’il représentait plus haut dans son langage. La tentation pour lui est comme l’arène du combat, où l’homme doit être vainqueur ou vaincu. « Et son existence comme celle du mercenaire à la journée », qui attend de ce monde son salaire. Par conséquent ceux qui attendent en l’autre vie la récompense de leurs vertus ne vivent plus sur la terre.
2. « Comme l’esclave qui redoute son maître et qui court à l’ombre. » Ceci rappelle la fuite d’Adam pour éviter la présence du Seigneur et le feuillage dont il se couvrit : il n’eut que l’ombre de ce feuillage, après avoir abandonné le Seigneur. « Ou comme le mercenaire qui attend le salaire de son travail. » Celui-ci diffère du précédent en ce que le premier possède les biens temporels, tandis que lui les désire.
3. « Ainsi ai-je eu des mois d’une attente stérile. » Il les a appelés stériles, parce qu’il y recherchait ou l’ombre, des biens temporels. « Et des nuits de douleurs m’ont été données. » Ce sont celles où l’on perd la lumière de la sagesse, et où on se prépare des châtiments pour l’avenir.
4. « Si je m’endors, je demande quand luira le jour ; si je veille, je cherche aussi quand viendra le soir. » C’est bien là le désir du travail qui tourmente l’homme dans le repos, et celui du repos qui le tourmente dans le travail. « Du soir au matin je suis rempli d’amertume. » Voilà où il est arrivé en se séparant de Dieu. Aussi Dieu s’avançant vers le soir, les chassa [2]. Ce qui signifie que les malheureux n’ont d’espoir de soulagement que le matin, selon ce qui est écrit : « Le matin je me présenterai devant vous[3]; » c’est-à-dire, quand après le jugement, Dieu, le véritable matin, se révélera aux justes. C’est pourquoi Notre-Seigneur est enseveli le soir et ressuscite le matin[4]. On peut donc comparer cette vie à l’étoile du matin.
5. « Mon corps est formé de la pourriture des vers : » d’un nombre infini de vers. « Et la terre s’est abreuvée de la souillure de mes plaies. » Tels sont les désirs et les soucis des méchants, quand ils racontent avec joie leurs péchés. Ils se

  1. Jn. 3, 21
  2. Gen. 3, 7-8
  3. Psa. 5, 5
  4. Jn. 19, 20