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se montrer à lui ; car n’ayant pas ces pensées, il est insensé, et son injuste colère le fait mourir. Ou bien encore l’insensé ne peut voir ni entendre les anges, parce qu’il est battu par sa colère, anéanti par ses emportements. « Et l’envie fait mourir celui qui se trompe », quand il veut imiter les pécheurs.
3. « J’ai vu les insensés comme affermis par de profondes racines. » Les insensés sont ici les impies ; et la sagesse de l’homme signifie sa piété, comme la suite nous le fera voir.
4. « Et qu’ils soient écrasés à la porte des faibles », c’est-à-dire des humbles, lorsque ceux-ci seront reçus dans la chambre de l’époux et que les insensés seront laissés dehors[1].
5. « Le juste se nourrira de ce qu’il aura amassé. » Ceci peut s’appliquer aux Juifs, qui ont recueilli les prophéties, mieux reçues ensuite par les Gentils, ou bien à ceux qui nourrissent leur âme en faisant ce que d’autres prescrivent sans l’accomplir. « Pour eux, ils ne seront point délivrés de leurs péchés », quoiqu’ils enseignent ce qu’il faut éviter. « Et que leur force soit anéantie ; » quand ils se prévalent contre le faible ; qu’elle soit épuisée et qu’ils connaissent les fatigues.
6. « Car ce n’est point la terre qui produit la douleur. » Ils n’ont point à se plaindre des créatures, mais d’eux-mêmes.
7. « L’homme est né dans le travail. » On dit ici : « Il est né », en ce sens que l’homme quitte un état de repos pour une vie laborieuse. « Et « les petits du vautour s’élèvent très-haut dans « leur vol. » Le vautour, c’est le Seigneur qui, des hauteurs de la Prophétie, voit notre condition mortelle : il vient s’en revêtir et nous changer en son corps. Les petits du vautour sont.lespetits de l’époux ; leur vol est très-élevé, puisque leur conversation est dans le ciel[2]; aussi sont-ils délivrés du travail dans lequel l’homme vient au monde. Ils ont obéi à celte voix : « Venez à moi, vous tous qui travaillez[3]. » Par les petits du vautour, on peut encore entendre, en mauvaise part, les puissances de l’air, à qui la mort, c’est-à-dire le péché, sert de pâture. Parce que ces anges prévaricateurs n’ont pas été abaissés à notre condition mortelle, condamnés à nos fatigues, ils s’en prévalent à l’excès : ils s’élèvent très-haut dans leur vol.
10. « Il répand la pluie sur la terre. » Il fait miséricorde à ceux qui s’avouent coupables.
12. « Afin que leur main n’accomplisse pas ce qu’ils ont médité ; » qu’ils ne fassent pas ce qu’ils ont promis, quand ils ont menacé d’écraser le faible.
14. « Pendant le jour ils seront environnés de ténèbres ; » comme les Juifs qui n’ont pas connu le Seigneur. « Au milieu du jour ils tâtonneront comme pendant la nuit : » En voyant les miracles les uns disent.« Est-ce un prophète ? » les autres : « Il séduit le peuple [4]. » Ils n’ont point voulu ouvrir les yeux à la lumière.
15. « Qu’ils périssent dans la lutte ; » dans les tentations. — « Que le faible échappe aux mains du fort ; » à celles du démon. « Que l’espérance soit au cœur du faible ; » car ces forts cherchent ici la réalité même.
17. « Bienheureux l’homme que le Seigneur reprend. » Ici Eliphaz se trompe, il croit que Job souffre à cause de ses péchés : au contraire Job est bienheureux ; parce que s’il est condamné en cette vie, il peut se purifier.
19. « Et le septième jour le mal ne pourra t’atteindre. » Désignation mystérieuse du sabbat.
20. « Au temps de la famine, il te préservera de la mort. » Par sa parole il nourrit et rend fort contre la tentation. « Au jour du combat il te délivrera de la main de fer ; » de la puissance des chaînes.
21. « Il te dérobera aux morsures de la langue : » pour que tu ne ressentes pas les outrages, et non pour les détourner de toi.
22. « Tu te riras de l’injuste et du méchant ; » comme il est dit que la sagesse se rira de la perte des méchants[5]. « Tu n’auras plus à craindre les « bêtes cruelles », c’est-à-dire, tu ne craindras plus les Juifs, car les gentils seront dociles à ta voix. Ceci doit s’entendre de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Eliphaz se trompe ici en attribuant à Job ce qui lui est révélé ; tout doit s’appliquer au Sauveur.
23. « Parce que tu as fait alliance avec les pierres des champs. » Ces pierres des champs sont les Gentils. La Loi ne fut point promulguée parmi eux ; ils étaient comme les pierres qu’on assemble pour l’édifice. « Les animaux féroces s’apprivoiseront devant toi. » On peut appliquer ceci aux Juifs comme aux Gentils.
24. « Tu verras ensuite reposer en paix ta maison ; » c’est-à-dire l’Église.

  1. Mat. 25
  2. Phi. 3, 20
  3. Mat. 11, 28
  4. Jn. 7, 40, 12
  5. Pro. 1, 26