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sorte. Moïse d’ailleurs, le prouve manifestement par cette réflexion : que le cri du peuple n’était pas un cri de guerre, mais un cri d’ivresse[1].
LII. (Ib. 29, 18-21.) Menaces de Dieu contre celui qui entraînera avec lui des innocents dans l’idolâtrie.
— « Y a-t-il parmi vous un homme ou une femme, une famille ou une tribu, dont le cœur se soit détourné du Seigneur votre Dieu, pour aller adorer les dieux de ces nations ? Y a-t-il parmi vous une racine et un germe de fiel et d’amertume ? Lorsque quelqu’un, ayant entendu ces paroles de malédiction, pensera dans son cœur, et dira : Qu’elles deviennent sacrées pour moi, parce que je marche dans l’égarement de mon cœur afin que le pécheur ne perde pas avec lui celui qui est sans péché ; Dieu ne voudra point pardonner à cet homme, mais la colère et le zèle du Seigneur s’allumeront contre lui, et toutes les malédictions de cette Alliance, qui sont écrites dans ce livre de la Loi, s’attacheront à lui. » Le texte porte : « Y a-t-il parmi vous ? » comme pour demander si cette chose est possible. S’il se rencontre un tel homme, Dieu lui fait entendre les plus terribles menaces, dans la crainte qu’il ne dise en entendant les malédictions de la Loi : « Qu’elles soient sacrées pour moi » c’est-à-dire, que ces malédictions se changent pour moi en bénédictions : « parce que je marche dans l’égarement de mon cœur » en d’autres termes, à Dieu ne plaise que tout cela m’arrive ; que tous ces maux au contraire se changent pour moi en bénédictions, que je sois exempté et préservé de tout mal ; « parce que je marche dans l’égarement de mon cœur » en suivant les dieux des nations et en les adorant, pour ainsi dire, impunément. Non, répond le Seigneur, il n’en sera pas ainsi. « Que le pécheur ne perde pas avec lui celui qui est sans péché ; » c’est comme s’il disait : Prenez garde que l’homme qui médite des pareilles pensées, n’entraîne quelqu’un d’entre vous à sa suite. « Dieu ne lui fera pas grâce » ni à celui qui médite ces pensées, ni à celui qu’il a persuadé, quoiqu’il en ait eu l’espérance en disant : « Que les malédictions se changent pour moi en bénédictions ; » comme s’il pouvait écarter ainsi les grands châtiments qui l’attendent. « Mais alors la colère et le zèle du Seigneur s’allumeront contre cet homme » dans le moment même où il croira que ces paroles, prononcées dans son cœur, peuvent suffire à l’en préserver. « Et toutes les malédictions de cette Alliance, qui sont écrites dans ce livre de la Loi, s’attacheront à lui. » Il ne peut se faire qu’elles tombent toutes sur un seul homme : car un homme ne peut subir tous les genres de mort édictés dans la Loi ; mais « toutes » s’entend ici dans un sens général ; il n’échappera pas à un des supplices que la Loi réserve à ses prévaricateurs. « Afin que le pécheur ne perde pas avec lui celui qui « est sans péché » Le grec porte ici : ἀναμάρτητον, ce qui ne veut pas dire : un homme absolument exempt de toute faute, mais : à l’abri du péché dont il est question. C’est ainsi que Notre-Seigneur dit dans l’Évangile : « Si je n’étais pas venu, et si je ne leur avais parlé, ils n’auraient point de péché[2] » non pas, de péché d’aucune espèce, mais ce péché d’incrédulité envers moi[3]. Dieu dit aussi à Abimélech, en lui parlant de Sara femme d’Abraham : « Je sais que tu as fait cela avec un cœur pur[4] ; » non pas que Dieu veuille dire que la pureté de cœur de ce roi fût comparable à celle des hommes dont il est dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu[5] » mais, ces mots signifiaient qu’Abimélech était exempt du péché dont Dieu parlait, parce que, quant à lui, il s’était abstenu de convoiter la femme de son prochain.
LIII. (Ib. 30, 6.) Quand Dieu commande une chose, il promet sa grâce. – « Le Seigneur purifiera ton cœur et celui de ta race, pour te faire aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, et afin que tu vives. » C’est là évidemment une promesse de la grâce : car Dieu s’engage à faire lui-même ce qu’il exige communément que fasse la créature.
LIV. (Ib. 30, 11-12 etc.) Les œuvres ne justifient pas sans la foi et la charité.
– « En effet, ce commandement que je vous fais aujourd’hui, n’est ni au-dessus de vous, ni éloigné de vous il n’est point dans le ciel, disant » en d’autres termes de sorte que vous disiez : « Qui montera au ciel et nous apportera ce commandement, afin que l’ayant entendu nous l’accomplissions ? Il n’est pas non plus au-delà de la mer, disant » en d’autres termes.desorte que vous disiez : « Qui passera au de-là de lamer, et nous l’apportera, afin que l’ayant entendu nous

  1. Exo. 32, 18
  2. Jn. 15, 22
  3. Contre Jul, I. 3, c. 10
  4. Gen. 20, 6
  5. Gen. 20, 6