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tu le placeras en présence du prêtre Eléazar, et tu lui donneras des préceptes en présence de tout le peuple, etc. » Il y a ici une remarque à faire : Jésus, fils de Navé, possédait l’Esprit en lui-même comme le déclare l’Écriture, et cet Esprit que pouvait-il être, sinon l’Esprit Saint ? car Dieu n’aurait pas parlé ainsi de l’esprit de l’homme, dont personne n’est privé. Cependant Moïse reçoit l’ordre de lui imposer les mains : le dessein de Dieu était de s’opposer à ce qu’aucun homme, quelles que fussent en lui les richesses de la grâce, osât refuser de recevoir les sacrements qui nous consacrent à Lui.
LV. (Ib. 27, 20.) Josué associé à la gloire de Moïse. – Que signifient ces paroles que nous trouvons dans les recommandations de Dieu à Moïse à l’égard de Jésus, fils de Navé : « Tu lui donneras de ta gloire ? » Le grec porter τῆς δόξης ce qui revient à dire « de la gloire. » Or, plusieurs interprètes latins ont traduit : tu lui donneras ta gloire, et non : de ta gloire. Mais le texte eût-il dit : ta gloire, il ne s’ensuivait pas que Moïse devait en être dépouillé pour cela ; comme ces paroles : de ta gloire, ne prouvent pas que celle de Moïse dût souffrir la moindre diminution. Car voici le sens qu’il faut admettre : Tu l’associeras à ta gloire ; ces sortes de choses, pour être partagées, n’en sont point amoindries ; mais elles sont tout entières en tous et en chacun de ceux qui y ont part.
LVI. (Ib. 30, 3.) Des vœux par lesquels on s’engage à se priver d’une chose permise par la Loi. – « Tout homme qui aura fait un vœu au Seigneur, ou aura fait un serment, ou aura déterminé quelque chose en son âme, se gardera de profaner sa parole : il accomplira tout ce qui est sorti de sa bouche. » Cette loi ne concerne pas toute espèce de serment, mais celui par lequel un homme a fait vœu en son âme de s’abstenir d’une chose autorisée par la loi, mais devenu illicite pour lui par suite de son vœu.
LVII. (Ib. 30, 4-6.) Des vœux de la jeune fille encore dans la maison de ses parents. – « Mais si une femme a fait un vœu au Seigneur, ou a déterminé quelque chose dans la maison de son père, au temps de sa jeunesse, et que le père ait connu ses vœux et ce qu’elle a précisé contre son âme, et qu’était gardé le silence. : tous ses vœux demeureront, ainsi que tout ce qu’elle a précisé contre son âme. Mais si le père s’y est opposé, au jour où il a connu tous ses vœux et ce qu’elle a précisé contre son âme, tout cela sera nul : et le Seigneur la purifiera, parce que son père s’y est opposé. Comme il est parlé ici de la femme qui, encore jeune fille, demeure dans la maison de son père, la question du vœu de virginité se présente tout naturellement : tout le monde sait en effet, que, les vierges elles-mêmes sont appelées femmes dans l’Écriture ; et l’Apôtre, lui aussi, semble parler du père, quand il dit : « qu’il conserve sa vierge » et encore : « qu’il marie sa vierge[1] »» et autres expressions semblables ; Plusieurs interprètes ont pris ici « vierge » dans le sens de virginité ; mais ils n’ont pu appuyer leur opinion sur aucun passage de.l'Écriture, parce que cette locution y est tout à fait inusitée. Quant à ces expressions : « contre son âme », il ne faut pas les entendre en ce sens que les vœux formulaient quelque chose de nuisible à l’âme ; mais « contre son âme », signifie : contre la délectation animale ; et le jeûne, prescrit plus haut en ces termes : « Vous affligerez vos âmes [2] » ne signifie pas non plus autre chose.
LVIII. (Ib. 30, 6.) Sens du mot : le Seigneur la purifiera. – Dans cette phrase : « Le Seigneur la purifiera, parce que son père s’y est opposé ;» purifiera veut dire : pardonnera l’infraction du vœu. C’est ainsi que nous lisons en beaucoup d’endroits : « Le prêtre le purifiera ; » cela signifie : le considérera comme pur, le jugera pur. C’est ainsi que cette autre manière de parler : « Tu ne purifieras pas le coupable » signifie : Tu ne déclareras pas pur celui qui est impur.
LIX. (Ib. 30, 7-9.) 1. Des eaux faits par la jeune fille peu avant sort mariage, dans la maison de ses parents. « Mais si elle se marie, et que les vœux qu’elle a faits contre son âme soient sur elle, suivant tout ce qu’elle a précisé et défini de ses lèvres, et que son mari l’ait su et ne lui en ait rien dit au jour où il l’aura appris ; alors ses vœux demeureront, et tout ce qu’elle a précisé contre son âme demeurera aussi : « Que si son mari désavoue tous ses vœux et ses déterminations au jour où il les connaît, tout cela ne subsistera plus : parce que son mari l’a désavouée, et le Seigneur la purifiera. » La Loi n’a pas voulu que la femme, soumise à son père avant d’être mariée, puis à son mari après le mariage, fit des vœux à Dieu contre son âme, c’est-à-dire, promit de s’abstenir de certaines choses permises et autorisées, et que le mari n’eût rien à voir dans ces vœux,

  1. 1Co. 7, 37-38
  2. Nom. 29, 7