Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/516

Cette page n’a pas encore été corrigée

son offrande au Seigneur, un agneau d’un an, sans tache, pour l’holocauste, et une brebis d’un an, sans tache, pour le péché. » Plusieurs de nos interprètes n’ont pas voulu traduire ici littéralement, dans la crainte d’introduire une locution contraire à l’usage ; ils ont dit : pro peccato au lieu de in peccatum, tandis que cette dernière expression renferme un sens qu’il fallait respecter. En effet, in peccatum, a été mis précisément parce que l’oblation présentée pour le péché, portait elle-même le nom de péché. De là ce mot de l’Apôtre relatif à Jésus-Christ : « Pour l’amour de nous, il a rendu péché Celui à qui le péché n’était point connu[1] ; » c’est-à-dire, Dieu le Père a rendu, pour l’amour de nous, Dieu le Fils victime pour le péché. De même donc que quand on offrait un agneau en holocauste, cet animal était lui-même l’holocauste, ainsi la brebis pour le péché doit être elle-même le péché; en d’autres termes la victime immolée pour le péché plus loin, le bélier offert pour le salut porte aussi le nom de salut, parce qu’il est la victime réservée à ce genre de sacrifice. La suite justifie cette explication. En effet ce que l’Écriture avait appelé péché, elle l’appelle ensuite sacrifice pour le péché, et ce qui portait le nom de salut, elle le nomme sacrifice du salut[2].
XIII. (Ib. 8, 24.) Règlements pour les Lévites. – « Le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Ceci est pour les Lévites. » D’autres ont traduit : « Voici la Loi pour les Lévites ; » mais ces paroles Ceci est pour les Lévites, s’entendent clairement en ce sens : Voici ce que j’établis pour les Lévites.
XIV. (Ib. 8, 24-26.) Suite du même sujet. – Nous lisons ensuite : « Depuis vingt-cinq ans et au-dessus, ils entreront pour s’occuper à leur ministère dans le tabernacle du témoignage ; et à partir de cinquante ans, il cessera de remplir ces fonctions et ne travaillera plus ; (et son frère servira ;) il fera la garde dans le tabernacle du témoignage ; mais il ne remplira plus ses anciennes fonctions. » Une transposition malencontreuse met ici de la confusion dans le texte ; il semblerait que la charge de veiller dans le tabernacle revient au frère qui servira à la place du lévite quinquagénaire ; tandis que l’Écriture dit formellement de celui qui se retire de ses fonctions, qu’il demeurera là « pour faire la garde dans le tabernacle du témoignage, et qu’il ne remplira plus ses anciennes fonctions ; » mais son frère, c’est-à-dire, celui qui a commencé de servir à vingt-cinq ans, et n’a pas encore atteint la cinquantaine, servira à sa place. Voici donc le sens précis du texte : « A partir de cinquante ans, il cessera de remplir ses fonctions, et ne travaillera plus, et son frère servira. » Puis revenant au lévite quinquagénaire, l’Écriture achève d’exprimer en ces termes sa pensée à son sujet : « Il fera la garde, custodire, dans le tabernacle du témoignage ; mais il ne remplira plus ses fonctions. » Devant custodire, il faut sous-entendre incipiet, il commencera à; c’est comme s’il y avait, en un mot : «custodiet. » Cette sorte de locution, qui consiste à employer l’infinitif au lieu d’un mode déterminé, est usitée même en latin.
XV. (Ib. 9, 6.) Quand devaient célébrer la Pâque ceux qui étaient obligés de la différer. – Au temps de la Pâque, plusieurs Israélites, devenus impurs au sujet de l’âme d’un homme, c’est-à-dire, pour avoir approché d’un mort, demandèrent comment ils célébreraient cette fête : car ils devaient, aux termes de la Loi, se purifier pendant sept jours de leurs impuretés. Moïse ayant consulté le Seigneur, reçut pour réponse que tout Israélite, a qui survenait un accident semblable, ou qui se trouvait engagé dans un si long voyage qu’il ne pouvait revenir, devait célébrer la Pâque le mois suivant, au quatorzième jour du cycle lunaire. Mais si l’on demande ce qui se faisait, quand l’impureté se contractait dans le second mois, je répondrai qu’à mon avis, la règle de conduite à observer dans le second mois devait être également suivie dans le troisième, ou que sans aucun doute, l’infraction à la Pâque dans une nécessité pareille ne constituait pas un péché.
XVI. (Ib. 9, 15-23.) Sur la Colonne de nuée. — [3] « Et au jour où le tabernacle fut établi, une nuée couvrit le tabernacle, la maison du témoignage ; et depuis le soir jusqu’au matin, elle était sur le tabernacle comme une espèce de feu. Ainsi en était-il toujours ; la nuée le couvrait pendant le jour, et pendant la nuit, une espèce de feu. Et lorsque la nuée s’élevait au-dessus du tabernacle, les enfants d’Israël levaient ensuite, et postea, le camp ; et partout où s’arrêtait la nuée, les enfants d’Israël établissaient leur camp. Les enfants d’Israël camperont au commandement du Seigneur, et au commandement du Seigneur ils lèveront leur camp. Tous les jours où la nué

  1. 2Co. 5, 21
  2. Lev. 6, 16-17.
  3. Lev. 9, 15