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le baptême de Jean, qui était un baptême de pénitence pour la rémission des péchés [1], quoiqu’il ne fût coupable d’aucune faute. C’est donc avec raison que plusieurs de nos traducteurs n’ont pas voulu l’admettre sur ce passage du Lévitique la version suivante : à l’occasion d’un fils ou d’une fille ; mais lui ont préféré pour un fils ou pour une fille ils ont reconnu dans cette préposition, l’équivalent du texte grec : ἐφ’ υἱῷ ἢ ἐπὶ θυγατρί. Chose bien digne de remarque ! Le Seigneur voulut venir au monde dans une pauvreté si grande, qu’on ne put offrir pour lui un agneau et un petit de colombe ou une tourterelle, mais deux tourterelles ou deux petits de colombe, comme l’Évangile le rapporte[2] : c’était l’offrande ordonnée par le Lévitique lorsqu’on n’avait pas le moyen d’offrir un agneau.

XLI. (Ib. 13, 2.) Sur la lèpre de l’homme. – « S’il arrive à quelqu’un dans la peau de son corps une cicatrice de marque luisante, et s’il survient dans sa peau la tache de la couleur de la lèpre. » La seconde partie de cette phrase est une sorte d’explication de la première ; dans la crainte que ces mots : « S’il arrive à quelqu’un dans la peau de son corps une cicatrice de marque luisante », ne s’entendent d’une cicatrice ordinaire, de la place d’une plaie après la guérison, l’Écriture déclare qu’elle veut parler de la couleur, car elle ajoute : « Et s’il survient dans sa peau la tache de la couleur de la lèpre. » Quoi qu’il en soit, c’est donc la difformité provenant de la couleur, qu’elle désigne sous le nom de cicatrice. Quant à ces mots tactus leprae, ils ne signifient pas que la couleur soit sensible au toucher, mais que l’homme ou son corps sont comme touchés, atteints par la lèpre, en d’autres termes, souillés et rendus difformes. C’est en ce sens qu’on dit : il est atteint de la fièvre, ou n’en est pas atteint. Enfin l’Écriture appelle tactus, atteinte, la tache elle-même, et elle ne cesse de la désigner dans la suite sous ce nom. Aussi plusieurs de nos commentateurs rejettent tactum, toucher, pour mettre à la place maculam, tache : ce terme semble en effet mieux traduire le sens de la pensée. Mais le texte grec aurait pu, au lieu de ἁφὴν qui signifie toucher, se servir de μῶμον qui veut dire tache, et d’où dérive ἄμῶμον sans tache, immaculé ; cependant l’Écriture n’appelle ordinairement immaculé ἄμῶμον que ce qui est exempt de toute souillure, et non ce qui est seulement exempt d’un défaut qui tient à la couleur ; l’expression μῶμον désigne donc, non pas une tache de couleur, mais la marque d’un défaut quelconque. L’Écriture pouvait alors employer σπιλον pour désigner une tache qui ne tient qu’à la couleur ; l’Apôtre s’est servi de ce terme quand il dit de l’Église, « qu’elle n’a point de tache ni de ride[3]. » Cependant elle n’a employé ni μῶμον, ni σπιλον mais ἁφὴν qui signifie toucher ; ce mot est inusité en grec à propos des couleurs ; néanmoins les Septante n’ont pas craint de le conserver dans leur traduction : pourquoi les Latins ont-ils reculé devant cette hardiesse ? Le texte porte : cicatrice de marque; cela veut dire que la lèpre avait une signification, ou plutôt qu’elle marquait l’homme d’un signe qui le rendait. Facilement reconnaissable parmi les autres.
XLII. (Ib. 13, 3.) Le prêtre déclarait impur l’homme atteint de la lèpre. – Comment est-il dit : « Le prêtre le verra, et le rendra impur », quand il est question de celui qui venait demander au prêtre la guérison de sa souillure ? Mais il rendra impur est mis pour il déclarera impur, si le prêtre découvre en lui ce que l’Écriture dit être la tache de la lèpre.
XLIII. (Ib, 13, 4.) Sur les signes de la lèpre. – « S’il y a du blanc luisant sur la peau, et que cette partie de la peau ne soit pas plus enfoncée que le reste. » Ce blanc luisant qualifie tactus, sous-entendu, c’est-à-dire, la tache de cette couleur, et non le poil. L’Écrituredit plus loin « Mais si la marque posée sur la peau vient à changer[4]; » cette marque n’est rien autre chose que ce que les Latins on rendut plus haut par le mot signum (signe)[5]. Le Grec dans ces deux passages, n’a eu qu’un mot : σημασίας.
XLIV. (Ib. 13, 5, 6.) Sur le signe qu’il n’y a pas de lèpre. – « Le prêtre le séparera pendant sept jours une seconde fois, et le prêtre le verra le septième jour pour la seconde fois, et voilà que la tache est obscure et ne s’est point étendue sur la peau ; le prêtre alors le purifiera, car c’est le signe », c’est-à-dire, qu’il le déclarera pur ; car ce n’est pas la lèpre, mais c’en est seulement le signe.
XLV. (Ib. 13, 4-7.) Sur le signe de la lèpre. – « Mais si la marque de la peau a changé et s’est étendue, après que le prêtre l’a vu pour le purifier ;

  1. Mat. 3, 13, 11
  2. Luc. 2, 24
  3. Eph, 5, 27
  4. Lev. 13, 7
  5. Id. 2