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est impure, elle souille tout ce qu’elle touche ; au lieu que, pendant le temps du flux de sang pur, il lui est seulement défendu de toucher aux choses saintes et d’entrer dans le sanctuaire. Ces mots de l’Écriture : « Aussi longtemps que dure sa séparation pour sa purification », reviennent à ce qui est dit ailleurs que l’impureté contractée par la femme à son retour de mois, dure sept jours, et qu’alors elle rend impur tout ce qu’elle touche [1]. Quant à cette séparation, dont il est parlé, elle signifie que la femme se retirait un peu du monde, pendant ces jours, afin de ne point souiller tout à son approche. Lorsque la femme mettait au monde une fille, la loi doublait les jours de son impureté et les portait au nombre de quatorze ; elle doublait également les jours où la femme devait demeurer dans le flux de sang pur, et les portait au nombre de soixante-six : ainsi, à la naissance d’un fils elle demeurait impure quarante jours ; et à la naissance d’une fille, quatre-vingts. Certains exemplaires grecs disent néanmoins : « dans son sang impur », au lieu de « dans son sang pur. »
2. De l’offrande des femmes au jour de leur purification. – « Lorsque les jours de sa purification seront accomplis, pour un fils ou pour une fille, elle donnera au prêtre, à l’entrée du tabernacle, un agneau d’un an, sans tache, pour être offert es holocauste ; et pour le péché, le petit d’une colombe ou une tourterelle. Le prêtre l’offrira devant le Seigneur, et priera pour elle, et la purifiera de son flux de sang. Telle est la loi qui concerne celle qui a mis au monde un fils ou une fille. Que si sa main ne trouve pas de quoi offrir un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux petits de colombe, l’un pour être offert en holocauste, et l’autre « pour le péché ; et le prêtre priera pour elle, et elle sera purifiée[2]. » La leçon serait donc fautive, si on lisait, comme dans quelques exemplaires : « Elle offrira un agneau d’un an, sans tache, en holocauste, ou un petit de colombe ou bien une tourterelle pour le péché : » la vraie leçon porte, comme plus haut : «et pour le péché, un petit de colombe ou une tourterelle:» car il est dit plus loin : « Si sa main ne trouve pas de quoi offrir un agneau, et elle prendra (etaccipiet) deux tourterelles : » et semble ici un mot superflu car en retranchant cette conjonction, le texte se suit sans embarras : elle prendra deux tourterelles ou deux petits de colombe », l’un pour l’holocauste, et l’autre pour le péché.3.Suite. – Mais pour quel péché ? Est-ce que l’accouchement est un péché ? Ne voit-on point ici cet héritage d’Adam, dont parle l’Apôtre ? « La condamnation, dit-il, nous est venue d’un seul péché[3] ; » et encore : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, et ainsi la mort a-t-elle passé dans tous les hommes[4]». Il est facile d’entendre ici le sens de ces paroles : « J’ai été conçu dans les iniquités, et ma mère m’a nourri en son sein dans les péchés.[5]» Pourquoi donc l’Écriture déclare-t-elle que la mère est purifiée par le sacrifice, non l’enfant qu’elle a mis monde ? Est-ce que la purification se rapportait à la mère, principe de cette transmission, en raison du flux de sang ? Elle ne pouvait néanmoins se faire sans la purification du fruit né de ce sang. Que signifie, en effet, ce qui est dit plus haut : « pour un fils ou une fille, elle offrira un agneau d’un an, sans tache, en holocauste ; et pour le péché, un petit de colombe ou une tourterelle », si ce sacrifice ne produisait aucun effet à l’égard des enfants ?
4. Suite. – Si quelqu’un voulait distribuer autrement les paroles du texte, et qu’au lieu de lire : « Elle offrira pour son fils ou pour sa fille un agneau d’un an, sans tache, en holocauste ; et pour le péché, un petit de colombe » il préférât cette leçon : « Lorsque les jours de sa purification auront été accomplis pour son fils ou pour sa fille », on devrait alors entendre ces paroles : « Elle offrira un agneau d’un an, sans tache, en holocauste, et un petit de colombe pour le péché », une fois qu’auront été accomplis les jours de sa purification pour son fils ou pour sa fille. Mais celui qui admettrait cette construction de la phrase serait convaincu d’erreur parle récit de l’Évangile ; car, au moment où l’on accomplit pour le Seigneur, né d’une vierge, cette prescription cérémonielle, plutôt pour rester fidèle à la loi que pressé par le besoin d’expier en lui quelque souillure, voici ce que nous lisons : « Comme ses parents conduisaient l’enfant Jésus, afin d’accomplir pour lui ce qui était usité selon la Loi[6]; » l’Évangile ne dit pas pour sa mère, mais pour lui; et cependant on obéissait dans cette démarche à cette même loi qui prescrit l’oblation de deux tourterelles ou de deux petits de colombe. Ainsi ce divin Sauveur, voulut recevoir

  1. Lev. 15, 19-23
  2. Id. 12, 6-8
  3. Rom. 5, 16
  4. Id. 12
  5. Psa. 50, 7
  6. Luc. 2, 27