Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/461

Cette page n’a pas encore été corrigée

en tant qu’homme, où se trouvèrent ébranlés ceux mêmes qui avaient cru en lui durant le jour. « Lorsque je serai passé, tu.me verras par-derrière » signifie donc : Lorsque je serai passé de ce monde.àmon Père, après cela seulement, ceux dont tu es le type croiront en moi[1]. C’est alors en effet qu’ils dirent avec un cœur plein de componction : « Que faut-il que nous fassions ? » Et les Apôtres leur ordonnèrent de faire – pénitence et de recevoir le baptême au nom de Jésus-Christ, pour qu’ils obtinssent la rémission de leurs péchés. Nous voyons l’enchaînement de ces faits au psaume cité plus haut. Après avoir dit : « Le jour et la nuit, votre main s’est appesantie sur moi » pour m’empêcher de connaître, « car s’ils avaient connu le Seigneur de la gloire, jamais ils ne l’auraient crucifié[2] », il ajoute : « Je me suis tourné vers vous dans ma désolation, tandis que l’épine me pénétrait » c’est-à-dire, tandis que mon cœur était dans la componction ; il dit ensuite : « J’ai connu mon péché, et je n’ai pas caché mon crime » ce qui eut lieu quand ils reconnurent la grandeur du forfait qu’ils avaient commis en crucifiant le Christ. Il leur fut conseillé ensuite de faire pénitence et de recevoir dans le baptême la.rémissionde leurs péchés, c’est pourquoi le Palmiste ajoute : « J’ai dit : Je m’accuserai moi-même de mon péché devant le Seigneur, et vous m’avez pardonné l’impiété de mon cœur. ». Ce que Dieu veut dire est une prophétie. – Il est évident de soi que ce discours de Dieu à Moïse est surtout une prophétie. En effet, – nous ne lisons pas que la pierre ou sa caverne, ni cette main dont Dieu devait couvrir Moïse, ni le privilège qu’il lui aurait accordé de le voir par-derrière, ni rien en un mot de tout ce qui est rapporté dans ce passage ait existé. Sans autre transition qu’une particule, l’Écriture ajoute : «Et le Seigneur dit à Moïse » ; or, c’est le même Seigneur qui vient de parler plus haut, et l’Écriture relie de cette manière aux paroles précédentes ce que Dieu dit ensuite : « Fais-toi deux tables de pierre, semblables aux premières, etc. »


CLV. (Ib., 34, 7.) Que signifie : purifier ?
– Quand on dit du Seigneur : « Il ne purifiera pas le coupable », que signifient ces paroles sinon Il ne le dira pas innocent ?
CLVI. (Ib. 34, 10.) Dieu, mécontent des Israélites, continue de ne pas les appeler son peuple.
– Quand Moïse est sur le point de graver, sur la montagne, les deux nouvelles tables de pierre, Dieu lui dit entre autres choses : « Je ferai des merveilles en présence de tout ton peuple. » Il ne daigne pas dire encore en présence de mon peuple. Car ces mots, ton peuple, n’a-t-il pas dans sa bouche, la même signification que s’ils s’adressaient à tout autre homme du même peuple, comme s’il eût dit : le peuple dont tu fais partie ; ou comme nous disons ta ville, pour signifier non pas elle où tu commandes, ni celle que tu as, bâtie, mais celle dont tu es citoyen ? Un peu plus loin en effet, il dit : Tout le peuple au milieu desquels tu es : n’est-ce pas dire en des termes différents ton peuple? S’il ne se sert pas de ces termes : au milieu duquel, il faut voir là un tour de langage qui n’est pas rare.
CLVII. (Ib, 34, 12.) Sur la défense de faire alliance avec les habitants de la terre promise.
– Que signifie cette observation faite à Moïse « Prends garde qu’il ne fasse alliance avec ceux qui demeurent dans ce pays ? » Car le grec ne porte pas : prends garde de faire, mais qu’il ne fasse. Dieu veut-il parler du peuple dont Moïse fut le conducteur ? Mais ce n’est pas lui qui le fit entrer dans cette terre, dont les habitants ne doivent pas être admis à contracter alliance avec les Israélites. Cette locution, si toutefois c’en est une, et s’il ne faut pas y voir plutôt un sens particulier, a donc de.quoinous étonner, et jusqu’ici nous ne l’avons.rencontréeni remarquée.
CLVIII. (Ib. 34, 13-15.) Sur l’idolâtrie.
– Quand Dieu ordonne à Moïse, une fois qu’il sera mis en possession du pays, d’extirper l’idolâtrie et d’empêcher le culte des dieux étrangers, il ajoute : « Car le Seigneur Dieu s’appelle jaloux, Dieu veut être aimé uniquement » en d’autres termes : Jaloux est le nom même du Seigneur Dieu, parce que Dieu veut être uniquement. Dieu pour cela n’éprouve pas le trouble, ce défaut de l’homme toujours et en toute manière il est immuable et tranquille ; mais il emploie cette expression pour montrer que la nation choisie ne peut impunément se prostituer à des dieux étrangers. Ce mot emprunte métaphoriquement sa signification à la jalousie du mari attentif à conserver la chasteté de son épouse. Ici l’avantage est pour nous, et non pour Dieu. Quel homme en effet pourrait nuire à Dieu par ce genre de fornication ? Mais c’est à lui-même qu’il nuit plutôt, en causant sa perte. Dieu en s’appelant jaloux, inspire pour ce péché

  1. Act. 2, 37
  2. 1 Cor. 2, 8