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•15C LES SOLILOQUES. — LIVRE PREMIER. ô Dieu ! qui n'êtes pas l'auteur du mal et qui Je permettez pnnr prévenir un plus grand mal; ô Dieu ! qui faites voir au petit nombre de ceux qui se tournent vers la vérité que le mal lui- même n'est rien; ô Dieu ! qui donnez la per- fcetion à l'univers même avec ries défauts ; ô Dieii ! dont les ouvrages n'offrent aucune dis- sonance, puisque ce qu'il y a de plus impar- fait répond à ce qu'il y a de meilleur; ô Dieu 1 qu'aime toute créature qui peut aimer, le sa- chant ou à son insu ; ô Dieu ! en qui sont tou- tes choses et qui ne souffrez rien, ni de la honte, ni de la méchanceté, ni des erreurs de quel- que créature que ce soit ; ô Dieu ! qui avez voulu que les cœurs purs connussent seuls la vérité ' ; ô Dieu ! père de la vérité, père de la sagesse , père de la véritable et souveraine vie, père de la béatitude , père du bon et du beau, f)ère de la lumière intelligible, père des aver- tissements et des inspirations qui dissipent notre assoupissement, père de Celui qui nous a enseigné à retourner vers vous 1 . Je vous invoque, ô Dieu de vérité! dans qtii, de qui et par tpii sontvraies toutes les choses qui sont vraies ; ô Dieu de sagesse ! dans qui, de qui et par qui sont sages tous les êtres doués de sagesse; ô Dieu véritable et souver.iine vie ! dans qui, de qui et par qui vivent tous les êtres qui possèdent la véritable et souveraine vie ; ô Dieu de béatitude! en qui, de qui et par (pii sont heureuses toutes !cs créatures qui jouissent de la félicité; ô Dieu, bonté et beauté! par qui, de qui et dans qui sont bonnes et belles toutes les choses qui possèdent la bonté et la beauté ; ô Dieu, lumière intelligible! dans qui. de qui et par qui sont rendues intelligibles toutes les choses qui brillent à noire esprit ; ô Dieu ! qui avez pour royaume ce monde intellectuel, que les sens ne peuvent apercevoir; ô Dieu! qui gouvernez votre royaume par des lois dont nos empires terrestres portent l'empreinte; ô Dieu ! se détourner de vous c'est tomber ; se conver- tir à vous c'est se relever; demeurer en vous c'est se conserver; à Dieu! se retirer de vous c'est moiu'ir; retourner vers vous c'est revivre; habiter en vous c'est vivre; ô Dieu! personne ne vous quitte , s'il n'est trompé ; personne ne vous cherche, s'il n'est averti; personne ne vous trouve s'il n'est purifié; ô Dieu! vous abandonner c'est périr, vous être attentif c'est vous aimer, vous voir c'est vous posséder; ô Dieu ! c'est vers vous que la foi nous éveille, ' Rëi. Uv. 1, ch. rv, n. 2 à vous que l'espérance nous élève, à vous que la charité nous unit ; ô Dieu ! par qui nous triom- phons de l'ennemi, je vous implore ; ô Dieu ! c'est à vous que nous devons de ne pas périr entièrement; c'est vous qui nous ehortez à veiller; c'est vous qui nous faites distinguer le bien du mal; c'est vous qui nous faites em- brasser le bien et fuir le mal , c'est par votre secours que nous résistons à l'advcrsitc; c'est par vous que nous savons bien conmiander et bien obéir ; c'est vous qui nous apprenez à regarder comme étrangères les choses que nous croyions autrefois nous appartenir, et comme nous appartenant celles que nous re- gardions autrefois comme étrangères; c'est vous qui empêchez en nous rattachement aux plaisirs et aux attraits des méchants; c'est vous qui ne permettez pas que les vanités du monde nous rapetissent; c'est par vous que ce qu'il y a de plus grand en nous n'est pas soumis à ce qu'il yad inférieur ; c'est par vous que la mort sera absorbée dans sa victoire ' ; c'est vous qui nousconveilisscz, c'est vous qui nous dépouil- lez de ce qui n'est pas et qui nous revêtez de ce qui est; c'est vous qui nous rendez dignes d'être exaucés ; c'est vous qui nous fortifiez ; c'est vous qui nous persuadez toute vérité ; c'est vous qui nous suggérez toute bonne pen- sée, qui ne nous ôtez pas le sens et qui ne per- mettez à personne de nous l'ôter ; c'est vous qui nous rappelez dans la voie; c'est vous qui nous conduisez jusqu'à la porte; c'est vous qui faites ouvrira ceux qui frappent '; c'est vous qui nous donnez le pain de vie; c'est par vous que nous désirons de boire à cette fontaine qui doit nous désaltérer à jamais '; c'est vous qui êtes veim convaincre le monde sur le péché, sur la justice et sur le jugement '; c'est par vous que ceux qui ne croient point n'ébranlent point notre foi ; c'est par vous que nous im- prouvons l'erreur de ceux qui pensent que les âmes ne méritent rien auprès de vous ; c'est par vous que nous ne sommes point assujélis aux éléments faibles et pauvres ^ ; ô Dieu I qui nous purifiez et nous préparez aux récom- penses éternelles , soyez-moi propice ! . Dieu ! qui êtes seul tout ce que je viens dédire, venez à mon secours; vous êtes la seule substance éternelle et véritable, où il n'y a ni discordance, ni confusion, ni changement, ni indigence, ni mort, mais souveraine con- ' 1 Cor. XV. 54. — ' Mattb. vn, 8. — ' Jean, ti, 3i. — " Ib. ïti, 8. — ' Gai. tT, 9. (