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ô Dieu ! qui n’êtes pas l’auteur du mal et qui le permettez pour prévenir un plus grand mal ; ô Dieu ! qui faites voir au petit nombre de ceux qui se tournent vers la vérité que le mal lui-même n’est rien ; ô Dieu ! qui donnez la perfection à l’univers même avec des défauts ; ô Dieu ! dont les ouvrages n’offrent aucune dissonance, puisque ce qu’il y a de plus imparfait répond à ce qu’il y a de meilleur ; ô Dieu ! qu’aime toute créature qui peut aimer, le sachant ou à son insu ; ô Dieu ! en qui sont toutes choses et qui ne souffrez rien, ni de la honte, ni de la méchanceté, ni des erreurs de quelque créature que ce soit ; ô Dieu ! qui avez voulu que les cœurs purs connussent seuls la vérité[1] ; ô Dieu ! père de la vérité, père de la sagesse, père de la véritable et souveraine vie, père de la béatitude, père du bon et du beau, père de la lumière intelligible, père des avertissements et des inspirations qui dissipent notre assoupissement, père de Celui qui nous a enseigné à retourner vers vous !

3. Je vous invoque, ô Dieu de vérité ! dans qui, de qui et par qui sont vraies toutes les choses qui sont vraies ; ô Dieu de sagesse ! dans qui, de qui et par qui sont sages tous les êtres doués de sagesse ; ô Dieu véritable et souveraine vie ! dans qui, de qui et par qui vivent tous les êtres qui possèdent la véritable et souveraine vie ; ô Dieu de béatitude ! en qui, de quiet par qui sont heureuses toutes les créatures qui jouissent de la félicité ; ô Dieu, bonté et beauté ! par qui, de qui et dans qui sont bonnes et belles toutes les choses qui possèdent la bonté et la beauté ; ô Dieu, lumière intelligible ! dans qui, de qui et par qui sont rendues intelligibles toutes les choses qui brillent à notre esprit ; ô Dieu ! qui avez pour royaume ce monde intellectuel, que les sens ne peuvent apercevoir ; ô Dieu ! qui gouvernez votre royaume par des lois dont nos empires terrestres portent l’empreinte ; ô Dieu ! se détourner de vous c’est tomber ; se convertir à vous c’est se relever ; demeurer en vous c’est se conserver ; ô Dieu ! se retirer de vous c’est mourir ; retourner vers vous c’est revivre ; habiter en vous c’est vivre ; ô Dieu ! personne ne vous quitte, s’il n’est trompé ; personne ne vous cherche, s’il n’est averti ; personne ne vous trouve s’il n’est purifié ; ô Dieu ! vous abandonner c’est périr, vous être attentif c’est vous aimer, vous voir c’est vous posséder ; ô Dieu ! c’est vers vous que la foi nous éveille,à vous que l’espérance nous élève, à vous que la charité nous unit ; ô Dieu ! par qui nous triomphons de l’ennemi, je vous implore ; ô Dieu ! c’est à vous que nous devons de ne pas périr entièrement ; c’est vous qui nous exhortez à veiller ; c’est vous qui nous faites distinguer le bien du mal ; c’est vous qui nous faites embrasser le bien et fuir le mal, c’est par votre secours que nous résistons à l’adversité ; c’est par vous que nous savons bien commander et bien obéir ; c’est vous qui nous apprenez à regarder comme étrangères les choses que nous croyions autrefois nous appartenir, et comme nous appartenant celles que nous regardions autrefois comme étrangères ; c’est vous qui empêchez en nous l’attachement aux plaisirs et aux attraits des méchants ; c’est vous qui ne permettez pas que les vanités du monde nous rapetissent ; c’est par vous que ce qu’il y a de plus grand en nous n’est pas soumis à ce qu’il y a d’inférieur ; c’est par vous que la mort sera absorbée dans sa victoire[2] ; c’est vous qui nous convertissez, c’est vous qui nous dépouillez de ce qui n’est pas et qui nous revêtez de ce qui est ; c’est vous qui nous rendez dignes d’être exaucés ; c’est vous qui nous fortifiez ; c’est vous qui nous persuadez toute vérité ; c’est vous qui nous suggérez toute bonne pensée, qui ne nous ôtez pas le sens et qui ne permettez à personne de nous l’ôter ; c’est vous qui nous rappelez dans la voie ; c’est vous qui nous conduisez jusqu’à la porte ; c’est vous qui faites ouvrir à ceux qui frappent[3]; c’est vous qui nous donnez le pain de vie ; c’est par vous que nous désirons de boire à cette fontaine qui doit nous désaltérer à jamais[4]; c’est vous qui êtes venu convaincre le monde sur le péché, sur la justice et sur le jugement[5]; c’est par vous que ceux quine croient point n’ébranlent point notre foi ; c’est par vous que nous improuvons l’erreur de ceux qui pensent que les âmes ne méritent rien auprès de vous ; c’est par vous que nous ne sommes point assujétis aux éléments faibles et pauvres[6] ; ô Dieu ! qui nous purifiez et nous préparez aux récompenses éternelles, soyez-moi propice !

  1. Rét. liv.1, ch. 4, n.2
  2. 1Co. 15,54.
  3. Mat. 7,8
  4. Jn. 6,35
  5. Id. 16,8
  6. Gal. 4,9