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des richesses naturelles, exigent le concours des indigènes. L’Européen colonisateur ne peut, en raison du climat, se livrer régulièrement à un travail manuel ; il ne peut que surveiller et diriger ; l’exécution repose entièrement sur les naturels du pays.

La première préoccupation de l’administration coloniale sera donc nécessairement celle de déterminer les naturels à collaborer, par leur travail, à la mise en valeur de leur pays. La politique suivie à l’égard de ces naturels, une bonne politique indigène, est la base de toute colonisation. Ainsi se trouve-t-il que le respect des principes d’humanité et de justice constitue le moyen le plus sûr d’assurer les intérêts matériels.

Or ce qui s’est passé avant 1905 à Madagascar, ce qui s’est passé en Indo-Chine, pendant les premières années de l’occupation, ce qui se passait hier encore en Afrique équatoriale, en Afrique occidentale, était contraire aux préceptes de la justice, de la civilisation la plus élémentaire, par conséquent en opposition absolue avec les intérêts matériels de la colonisation.

Il serait trop commode, en vérité, pour les dirigeants métropolitains, pour le gouvernement, pour le ministère des colonies, de rejeter sur des fonctionnaires locaux subalternes, la responsabilité totale des actes criminels dont ont pâti les indigènes.

Le gouvernement ne pourrait se laver les mains de ces actes, parce que quelque jour un Toqué ou un Gault[1] aurait payé pour un scandale trop bruyant. Les subalternes, boucs émissaires, ont été coupables, c’est certain ; ils méritaient d’être punis, mais leurs fautes, nous devons le reconnaître,

  1. Note Wikisource : le nom exact est celui de Fernand Gaud, fonctionnaire colonial condamné pour l’exécution sommaire d’un indigène à la dynamite (voir L’Affaire Gaud-Toqué).