Page:Arrhenius - L’évolution des mondes, 1910.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
l’évolution des mondes

ces très grandes hauteurs, et elle n’est pas limitée, comme on le croyait jadis, à un maximum de 100 kilomètres.

Il en résulte que des particules beaucoup plus fines que les météores, comme la poussière solaire, peuvent être retenues à des hauteurs encore plus grandes, sans jamais y atteindre la température de l’incandescence, par suite de leur ténuité et du refroidissement par rayonnement ou par conductibilité qui en est la conséquence. Nous attribuerons au point d’arrêt de ces poussières une hauteur moyenne de 400 kilomètres.

Les flots poussiéreux, qui sont repoussés dans l’espace par le soleil, sont tantôt électriquement neutres, tantôt chargés d’électricité positive ou négative. Ces derniers seuls peuvent avoir quelque rapport avec les aurores boréales. Les autres, arrivés au contact de l’atmosphère, tombent lentement à la surface du sol. Ils constituent ce qu’on appelle la poussière cosmique, dont la grande importance a été signalée par Nordenskiöld. Il estimait que l’accroissement annuel de la terre par cette cause atteignait au moins 10 millions de tonnes, soit cinq cents fois plus que le chiffre que nous avons indiqué plus haut (voy. p. 118). Il supposait, d’après cela, — et cette opinion a été partagée par Lockyer et plus récemment par Chamberlin —, que les planètes se forment et s’accroissent principalement de météorites.

Mais la poussière qui, du soleil, parvient à la terre, ne dépasserait pas beaucoup 200 tonnes par an, si elle n’était pas chargée d’électricité. Lors même que ce chiffre serait beaucoup plus faible que la réalité, la quantité en serait toujours très minime, en comparaison des 20 000 tonnes de météores ou d’étoiles filantes qui annuellement tombent sur la terre. Malgré cela l’importance de cette chute de poussières est très grande, par suite de son état de division extrême. Il est probable qu’elles sont en proportion beaucoup plus abondante dans les régions supérieures de l’atmosphère que celles abandonnées par les météores, bolides ou autres.

Si cette poussière, malgré sa masse totale très insignifiante,