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LIVRE I, CH. II, § 10.

contraire, une ligne droite n’est jamais parfaite[1]. Ainsi ce n’est ni la ligne droite infinie, puisque pour être parfaite[2] elle devrait avoir une fin et une limite. Ce n’est pas non plus aucune des lignes droites finies, qui peut être parfaite[3] ; car il y a toujours quelque chose en dehors d’elle[4], et l’on peut toujours accroître une ligne droite, quelle qu’elle soit. Si donc le premier mouvement appartient au corps qui est aussi le premier[5] dans la nature, et que le mouvement circulaire soit supérieur au mouvement en ligne droite ; si donc encore le mouvement en ligne droite est celui des corps simples, car c’est en ligne droite que le feu est porté en haut et que les corps terrestres le sont également en bas vers le centre ; il s’ensuit nécessairement que le mouvement circulaire appartient à quelqu’un des corps simples, puisque nous avons vu[6] que le mouvement des corps mixtes a lieu selon la force qui prédomine dans le mélange formé par les corps simples.

§ 10. Ainsi, d’après ces considérations, il doit être évident que, outre les composés d’ici-bas, il y a quelqu’autre substance de corps plus divine[7] et antérieure à toutes celles-là.

  1. Voir la Physique, livre VIII, ch. 14, § 1, pour la comparaison de la ligne droite et du cercle.
  2. Le texte n’est pas tout à fait aussi précis ; j’ai dû le paraphraser en partie pour le rendre tout à fait clair.
  3. Même remarque.
  4. Voir plus loin livre II, ch. 4, § 2 ; voir aussi la définition de l’infini dans la Physique, livre III, ch. 4 et surtout ch. 9, § 2, tome II, page 125 de ma traduction.
  5. C’est-à-dire supérieur au feu, à l’air, à l’eau et à la terre.
  6. Voir plus haut § 5.
  7. L’expression est assez remarquable ; mais par la manière dont elle est employée ici, elle est assez obscure. Cette substance supérieure à toutes les autres est-