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CHAPITRE XXII

De l’emploi de la glose, de la métaphore, de l’ornement, etc.

I. La qualité principale de l’élocution, c’est d’être claire sans être plate.

II. L’élocution la plus claire est celle qui consiste en termes propres, mais qui est terre à terre. La poésie de Cléophon et de Sthénélus en est un exemple.

III. Elle est élevée et s’écarte du style vulgaire lorsqu’elle fait usage de termes étrangers[1] ; or j’appelle « termes étrangers » la glose, la métaphore, l’allongement et tout ce qui est à côté du terme propre.

IV. Maintenant, si l’on employait de telles expressions indistinctement, il y aurait énigme ou barbarisme ; énigme, si elles étaient empruntées à des métaphores, barbarisme, si elles l’étaient à des gloses.

V. En effet, une forme de l’énigme, c’est de relier entre elles des choses qui ne peuvent l’être pour énoncer des faits qui existent ; or il n’est pas possible de faire cela par l’alliance des noms, mais il est permis de le faire par métaphore. Exemple : « J’ai vu un homme qui, au moyen du feu, avait appliqué l’airain sur la peau d’un autre homme[2] ; » et autres expressions analogues. Des gloses peut résulter un barbarisme. Il faut donc les employer dans certaines conditions spéciales[3].

  1. Étrangers dans le sens de : « autres que l’expression littérale. »
  2. Énigme qui exprime l’application des ventouses. (Cp. Rhétorique, l. III, ch. III.)
  3. On voit que nous lisons κεχρῆσθαι au lieu de κεκρᾶσθαι. Le