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CHAPITRE XIX


De la pensée et de l’élocution.


I. Nous nous sommes expliqué déjà sur les autres parties, et il ne nous reste plus à parler que de l’élocution et de la pensée.

II. Ce qui concerne la pensée sera placé dans les livres de la Rhétorique[1], car c’est une matière qui appartient plutôt à cet art.

III. À la pensée se rattachent tous les effets qui doivent être mis en œuvre par la parole. On y distingue le fait de démontrer, celui de réfuter et le fait de mettre en œuvre les passions, comme la pitié, la crainte, la colère et leurs analogues et, de plus, la grandeur et la petitesse[2].

IV. Il est évident qu’il faut aussi faire usage des faits, d’après les mêmes vues, lorsqu’il y a nécessité de produire des effets propres à exciter la pitié ou la terreur, des effets imposants ou vraisemblables. La seule différence, c’est que l’on doit faire paraître les uns[3] indépendamment de la mise en scène, et produire les autres[4] dans le discours du personnage qui parle et qu’ils doivent s’accomplir grâce à sa parole ; car à quoi se réduirait l’action du personnage qui parle si les faits devaient plaire par eux-mêmes, et non par l’enchaînement du discours ?

  1. Livre III.
  2. Le fait de grandir et de diminuer l’importance des faits.
  3. Les effets oratoires.
  4. Les effets dramatiques.