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lieux qui servent à présenter les hommes comme bons ou mauvais.

II. Le point qui vient après celui-là, les faits une fois démontrés, consiste naturellement à les grandir et à les rabaisser ; car il faut nécessairement que les faits accomplis soient reconnus pour que l’on puisse arriver à parler de leur importance ; et en effet, l’accroissement des corps en suppose la préexistence. Les lieux qui servent à grandir ou à rabaisser sont déjà l’objet d’un exposé antérieur[1].

III. Après cela, une fois qu’on a fait voir clairement les faits et qu’on les a mesurés à leur valeur, il faut agiter les passions de l’auditoire. Ces passions, ce sont la pitié et la terreur, la colère, la haine, l’envie, l’émulation et la dispute[2]. On a expliqué précédemment les lieux qui s’y rapportent [3].

IV. Reste le fait de rappeler les arguments avancés dans les parties précédentes. Or il convient de le faire de la même manière que certains le conseillent pour les exordes, ce en quoi ils ont tort ; car ils prescrivent de revenir souvent à la charge pour que les choses soient bien connues.

Dans cette partie-là, il faut exposer la chose, afin de ne pas laisser ignorer à l’auditeur les détails de la question mise en cause ; tandis que, dans celle-ci, on doit récapituler les arguments qui ont établi la démonstration.

V. Au début (de la péroraison), l’orateur dira qu’il a tenu les promesses qu’il avait faites ; et pour cela, il doit rappeler ces promesses et dire comment il les a tenues. Cela s’obtient par le contre-rapprochement des

  1. L. II, ch. XIX et XXVI.
  2. ἔρις. Peut-être χάρις, la faveur. (Spengel.)
  3. L.II, ch. I - XI.